Méribel : pourquoi Pinturault a franchi un cap cet hiver

Alors, toujours un bon filon, la « pépite » ? Juger l’évolution des performances d’Alexis Pinturault d’un hiver sur l’autre vire d’abord à une histoire de chiffres. La saison dernière, le skieur « polytalent » avait signé huit podiums et trois victoires en Coupe du monde, plus le bronze olympique en géant. Cet hiver ? Six podiums et deux succès (le géant de Kranjska Gora, le super-combiné de Kitzbühel), plus le bronze planétaire en géant, avant le géant ce samedi et le slalom dimanche à Méribel. Une fois le rideau tiré sur le cirque blanc, le Français affichera un bilan équivalent à celui de l’an passé. Ou à peine moins rutilant. Baisse de régime ? Manque de progression ? Au contraire.
A 23 ans, « la bête » – surnommé ainsi pour ses capacités de travail exceptionnelles – a gardé le rythme malgré un hiver où il a dû s’adapter à un nouveau matériel. Passé de Salomon à Head, Pinturault aura mis quelques semaines à dompter ses nouvelles spatules. « Il fallait se réadapter, trouver les bons réglages, et ça ne se fait pas en jour, rappelle Gilles Brenier, directeur de l’équipe de France masculine. Alexis a beaucoup travaillé et beaucoup appris cette année. Il a encore mûri dans la tête, pris de l’expérience. La saison prochaine, avec un an de vécu sur son matériel, il pourra mieux se préparer à toutes les situations et progresser encore. Cette année était un peu charnière. Il a rempli la caisse à outils, comme on dit, et il a beaucoup plus de réponses qu’avant. »
« Il va arriver comme une bombe l’année prochaine »
Champion olympique de descente à Nagano en 1998 et membre de la Dream Team RMC Sport, Jean Luc-Crétier porte lui aussi un œil bienveillant sur l’évolution de « Pintu » : « Il a encore passé un cap. On lui met une pression terrible mais il ne manque pas grand-chose pour qu’il soit dans les trois premiers à chacune de ses courses. » Vice-champion du monde de super-G en 2013, Gauthier De Tessières appuie : « Il a eu une super évolution cette saison, surtout dans ses attitudes techniques dans les épreuves de vitesse. Il a changé de matériel mais a su se régler. » Et l’intéressé de confirmer : « Si on regarde mes résultats, on peut dire que je suis grosso modo au même niveau. Au début, j’avais des problèmes durant les courses. Il a fallu les résoudre et ça allait de mieux en mieux au fur et à mesure. Malgré ces problèmes, il y avait quand même une régularité qui s’installait, notamment en géant. Ça a été plus en dents de scie en slalom mais quand je suis à l’arrivée, c’est quand même assez bon. Tout cela évolue dans le bon sens. »
Au point de rêver du général l’hiver prochain, un classement plus remporté par un Français depuis Luc Alphand en 1997 ? Avec un Marcel Hirscher en route pour son quatrième gros globe consécutif, un record, la chose s’apparente à un immense défi. Mais réalisable. Surtout pour quelqu'un qui va finir au troisième rang de ce classement cet hiver. « Il n’est pas encore au niveau de Marcel mais il est vraiment juste en-dessous, estime De Tessières. Laissez-lui encore un été et un automne de préparation, de petits réglages bien fins, et il va arriver comme une bombe l’année prochaine. » « Il a les qualités pour, explique Brenier. Il faut continuer à travailler mais ce sera encore plus d’actualité pour lui la saison prochaine. » La pépite reste d’or.