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"Ne pas tout remettre en question": comment Nils Allègre veut bâtir sur son hiver encourageant pour préparer la saison prochaine et les JO 2026

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Français le plus régulier sur les épreuves de vitesse cette saison, mais privé d'un podium, Nils Allègre a dressé le bilan de son hiver au micro de BFM DICI. En se projetant déjà sur la suite, avec une saison 2025-2026 marquée par des Jeux olympiques.

Nils, vous avez terminé la saison de Coupe du monde 10e du classement général de la descente, et 12e en super-G, à chaque fois premier Français. Est-ce que vous êtes satisfait ?

Ça a été une saison régulière dans le top 10, je suis satisfait de ça. Mais j'ai échoué à monter sur le podium, ma meilleure place c'est 4e. C'est le petit regret de l'hiver. Ça n'a pas été une saison simple dans notre groupe, on va y revenir je pense. Donc je suis quand même satisfait de cette régularité.

Qu'est-ce qui a manqué pour aller jouer plus haut ?

En termes de centièmes, pas grand-chose, un centième sur l'étape de Val Gardena, où je termine 4e justement. C'est difficile à quantifier en termes d'actions. Sinon c'est un ensemble de choses. On a eu une dynamique de groupe un peu compliquée, on a eu de grosses blessures dans le groupe. Ça pèse à la fin, on arrive fatigués sur des étapes, avec un peu moins de fraîcheur et d'engagement. C'est ce qui a manqué sur certaines courses.

Ces chutes, justement, ont rythmé ces deux dernières saisons, avec beaucoup de têtes d'affiches gravement blessées. Pourquoi ?

C'est dur de répondre. On fait un sport par nature engagé, on va à plus de 150km/h donc ça fait partie du sport. Mais c'est vrai que depuis deux saisons on assiste à des chutes impressionnantes, avec des têtes d'affiches qui sont touchées. C'est peut-être pour ça qu'on en parle plus. D'une manière générale, je pense qu'on arrive de plus en plus vite. La technique des skieurs évolue, le matériel évolue. On a de plus en plus de contraintes et de moins en moins de droit à l'erreur, je pense que c'est pour ça qu'on a des accidents un peu plus graves qu'avant.

Est-ce qu'il faut changer des choses ? Le calendrier ? La préparation des pistes pour ralentir les skieurs ?

On a déjà changé le calendrier, parce que l'an dernier on avait beaucoup de doublons, avec deux descentes sur une même étape. Ils ont complétement arrêté ça pour qu'on ait moins de fatigue. Je ne pense pas qu'il faille enlever des courses, on est là pour courir et pas seulement faire quatre courses dans l'année. On a huit ou neuf descentes, autant de Super G, à ça il faut rajouter les entraînements officiels, donc deux runs à chaque étape. C'est dense. On voyage beaucoup aussi. Cette année on a été deux fois aux États-Unis, donc deux fois il y a le décalage horaire à gérer. Je pense que c'est une question d'arriver à nous ralentir, mais de la bonne manière. Ils rajoutent des virages mais on va tout aussi vite en courbe. Il y a plusieurs méthodes pour nous ralentir, notamment le fartage. Le fluor est désormais interdit, donc on glisse un poil moins. On peut évoluer aussi sur les combinaisons pour qu'on soit moins rapides. Mais surtout travailler sur les pistes pour qu'on arrive moins vite et plus en sécurité.

Cette année vous avez couru aux Mondiaux. Vous le disiez, vous avez pu manquer de fraîcheur. Vous avez terminé 10e en descente, 17e en Super-G. Est-ce que vous espériez mieux ?

Oui forcément. Mon début de saison était bon, j'ai eu un mois de janvier plus compliqué. Mais je sentais que je revenais plus en forme sur les Mondiaux. Je loupe complétement mon Super-G et c'est la vraie déception, parce que c'est la discipline où j'ai les plus grandes chances de faire de beaux coups. Après, je fais une descente honnête. Les quatre premiers étaient au-dessus du lot, mais je pouvais jouer à partir de cette 5e place. Ce n'est pas une mauvaise course, je ne peux pas être frustré, mais il en manquait un peu. Ça vient d'après moi d'un manque de fraîcheur et d'un état de forme pas au top par rapport au début de saison.

L'an prochain il y aura des Jeux olympiques, est-ce qu'avec les Mondiaux vous avez pris des repères dans la façon de préparer ces grands événements ?

C'est toujours une balance à trouver, ce qu'on change et ce que l'on garde. J'ai eu de bons résultats depuis deux saisons, donc il ne faut pas tout remettre en question. On va changer des choses, c'est sûr, notamment sur mon matériel. Avec Salomon, on travaille très fort pour progresser notamment sur les conditions un peu plus glacées, où parfois on a un petit manque. Ça va être aussi gérer la saison pour avoir le pique de forme sur les JO. Ça n'est pas évident à gérer parce qu'on a un calendrier de Coupe du monde dense. Et être performant pendant les Jeux, ça va se travailler dès cet été.

En 2030 les Jeux seront en France, vous aurez 36 ans, est-ce que vous y pensez ?

Lorsque que la candidature des Alpes françaises a été validée, ça a fait tilt. Je me suis dit que c'est peut-être une compétition sur laquelle je pourrai arrêter ma carrière. J'aurai 36 ans et c'est l'objectif d'aller jusque-là en étant performant, de viser quelque chose de gros. C'est la première fois que j'ai un objectif à long terme, d'habitude c'est plutôt saison après saison. Ça peut être un objectif vraiment sympa.

Propos recueillis par BFM DICI