Ski Alpin (Mondiaux): à la découverte du Roc de fer, juge de paix de la descente femme

De là-haut, à 2150 mètres d’altitude, le panorama à 360° vous coupe le souffle. Les 3 Vallées au plus près (dont celle des Belleville, qui abrite Les Menuires et Val Thorens juste derrière le départ) et tous les autres sommets de Savoie, mais aussi, ceux de la Haute-Savoie voisine, avec le Mont Blanc en majesté.
De là-haut, à 2150 mètres d’altitude, tout commence en fait "tranquillement". Marie Marchand Arvier, la vice-championne du Monde 2009 de Super-G la connait par cœur ou presque : "Je ne suis pas objective, prévient-elle d’avance. J’ai réussi de belles performances (3e en 2013, ndlr) ici et c’est même le théâtre de ma dernière course de Coupe du Monde (en mars 2015, ndlr)". Vous ajoutez à cela sa carte de "responsable communication" des Mondiaux 2023, et vous obtenez le meilleur regard possible sur cette descente de 2,5 km de long sur 32% de pente de moyenne et un dénivelé total de 690 mètres.
"L'une des plus belles du circuit"
Elle raconte : "La piste du Roc de fer, c’est une belle piste de descente parce qu’elle comporte tout ce qui fait un joli tracé : une entame avec d’abord du plat, quelques vallonnements qui servent de bonne mise en jambes. C’est assez agréable. Ensuite, il ne faut pas s’endormir. Car nous avons des contraintes avec des changements de virage très forts où on se fait plaisir." Mais comment se concrétise-t-il ce plaisir au fil des sauts sur la bosse des Anglais, la négociation du passage du Tunnel ou de Cherferie ou encore l’engagement dans le Goulet et la traverse ? "Alors, moi, à partir du moment où je dépasse les 100 km/h, je me fais plaisir, sourit-elle. On se sent comme sur le fil du rasoir."
Sur un peu moins de 90 secondes de descente (l’Italienne Sofia Goggia a dominé le dernier entraînement de vendredi en 1’28’’31) cette piste "complète, l’une des plus belles du circuit", va sacrer un gros cœur mais aussi une technicienne en accord complet avec son matériel. "Sur la première partie, on peut déjà perdre la course, c’est 30 secondes de plat où on a intérêt à avoir le bon réglage avec son matériel et du bon relâchement pour emmagasiner de la vitesse, revèle Marie Marchand Arvier. Ensuite, il y a la partie technique, le goulet, des grands virages où il faut avoir le bon timing des trajectoires. Enfin, il y a le mur d’arrivée où on arrive un peu à l’aveugle. Il faudra aller très vite sur les plats mais aussi de tailler des courbes suffisamment efficacement pour conserver cette vitesse."
Les Françaises outsiders
Ce mur d’arrivée, avec une pente à 55 degrés, est la plus importante du circuit où les skieuses sont comme happées par la foule rassemblée 200m plus bas. "L’impression, c’est qu’on arrive d’une partie technique, très exigeante et qu’on plonge dans l’inconnu, indique MMA. Cela veut dire qu’on ne voit pas et qu’il faut donc savoir où on va pour ensuite passer les 3 à 4 courbes du mur, dans la bonne direction avec un engagement juste." Le tout pour fondre sur la foulée, où 10.000 personnes sont attendues ce samedi au cœur de Méribel. "J’ai pu le ressentir lors des finales de 2015, quand on aperçoit les spectateurs en vas, cela nous renvoie une belle énergie positive qui nous transcende le jour J."
Les Françaises seront outsiders dans cette épreuve, même si la n°1 du groupe vitesse, Romane Miradoli (7 fois dans les 10 et seul podium de la saison à St Moritz) semble en manque de repères (24e à 1’91 de Goggia, vendredi au dernier entraînement). "La gestion du stress de courir à la maison, c’est à nous de le gérer. J’ai envie de jouer, de me faire plaisir et de livrer le meilleur ski possible. J’ai de bonnes intentions et je vais skier libérer", annonce-t-elle. Le meilleur atout tricolore se nomme Laura Gauché, 5e de l’ultime session de course vendredi sous un soleil éblouissant et des conditions idéales, qui seront aussi présentes samedi à partir de 11 heures.