Ski alpin: qui est Cyprien Sarrazin, ovni du ski français et vainqueur de la mythique descente de Bormio

Le ski alpin français termine 2023 sur une bonne note. Et il le doit à un homme, présenté comme un ovni au sein du groupe tricolore: Cyprien Sarrazin. Alors que la France était à la recherche d’une première victoire en Coupe du monde cette saison, le salut est venu du skieur du Devoluy (Hautes Alpes), vainqueur ce jeudi de la mythique descente de Bormio (Italie).
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Quatrième Français à remporter une descente de Coupe du Monde au XXI Siècle après Antoine Dénériaz, Pierre-Emmanuel Dalcin et Adrien Théaux, premier Tricolore à s’imposer dans la discipline depuis Adien Théaux en décembre 2015 et successeur de Luc Alphand, dernier skieur à avoir hissé le drapeau bleu-blanc-rouge sur la plus haute marche du podium à Bormio (1996), Sarrazin a dépoussiéré plusieurs références. Mais il vient surtout d’écrire la plus belle page de sa carrière.
Seulement dix départs en descente
"J'ai enfin fait une manche parfaite, je me suis vraiment senti très bien, a savouré le héros du jour au micro d'Eurosport. Quand j'ai passé la ligne, je me suis dit que j'avais fait le boulot!" À 29 ans, il n’était tout simplement jamais monté sur un podium dans cette spécialité. Même si sa quatrième place sur la descente de Val Gardena (Italie) mi-décembre était un premier avant-goût, Sarrazin avait jusqu’ici une victoire sur le slalom parallèle d’Alta Badia en 2016 et une de 2e place du géant dans la même station en 2019 comme "seules" références.
"C'est un énorme glisseur avec une base technique géniale. Les très bons, les Kilde, Odermatt... Quand Sarrazin descend, ils s'arrêtent et ils le regardent. Tout le monde tremble", analysait récemment Gauthier de Tessières, vice-champion du monde de super-G, auprès d’Eurosport.
"Cyprien Sarrazin, c'est un diamant brut, il faut juste bien le coacher et ils sont en train de très bien le coacher."
Si Sarrazin n’était jusqu’ici jamais monté sur un podium en descente, c’est en partie parce qu’il prenait ce jeudi le 10e départ de sa carrière dans cette discipline en Coupe du monde. À l'image d'Alexis Pinturault, il a opéré un virage des épreuves techniques vers les épreuves de vitesse l'hiver dernier, après avoir effectué quelques entraînements de vitesse lors de la saison 2021-2022 à Bormio, Wengen et Kvitfjell.
Malgré un attachement pour la vitesse, il n'avait jamais eu l'occasion d'en faire au plus haut niveau. L’impair fut réparé dès l'hiver 2022, avec une première descente à Beaver Creek puis une exceptionnelle sixième place à Kitzbühel début 2023. "Y'en a beaucoup qui me disent ‘pourquoi tu n'y es pas mis plus tôt?’ Plus tôt, je n'y pensais pas, j'ai eu des blessures, j'ai été performant en géant, donc j'ai eu encore plus envie de performer encore", confiait-il auprès de RMC Sport il y a quelques semaines.
"Plus tôt, ça aurait été trop tôt"
La carrière du héros du jour a notamment été perturbée par une violente chute en janvier 2018. Après être lourdement tombé à l'entraînement d’un slalom géant en Allemagne. Sarrazin avait perdu connaissance. L’IRM cérébrale réalisée à la clinique de Garmisch avait révélé un traumatisme crânien, avec des pétéchies (micro saignements) intracérébrales. Comme le veut le protocole dans cette situation, Sarrazin était alors resté plusieurs jours dans une unité de soins intensifs afin que son état soit surveillé.
Malgré d'autres pépins physique - le dernier en date étant une blessure au dos qui l'a privé des Mondiaux en février 2023 - Sarrazin a donc parfaitement réussi sa mue vers les épreuves de vitesse.
"Ça s'est fait naturellement, plus tôt ça aurait été trop tôt, ajoutait-il au début de la saison au micro de RMC Sport. Tout ce que j'ai fait avant m'a servi. J'ai grandi, j'ai mûri, je me suis mis en Coupe du monde à la vitesse l'an passé, je n'avais jamais eu la possibilité d'aller faire des Coupes du monde, même si j'en faisais depuis toujours par ailleurs. (...) Dans mes gènes, j'ai toujours eu les gènes de la vitesse. Que ce soit en ski ou en VTT, j'ai toujours eu le goût pour l'adrénaline, la vitesse et de l'instinct." Ce jeudi, toutes ces qualités lui ont permis de dompter l’une des plus terrifiantes pentes du circuit.