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Boxe: Fury interdit d’entrée aux Etats-Unis pour ses liens avec le chef du cartel Kinahan

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Officiellement retraité des rings depuis fin avril, Tyson Fury a déjà titillé l’idée d’un retour. Mais le "Gypsy King" ne pourra pas, pour l’instant en tout cas, combattre aux Etats-Unis : l’accès du territoire américain vient de lui être refusé en raison de sa présence sur une liste de personnes qui ont travaillé dans la boxe avec l’Irlandais Daniel Kinahan, chef d’un gros cartel dans le viseur de la justice US et longtemps impliqué dans le noble art.

Il y a deux mois, après sa victoire par TKO sur Dillian Whyte à Wembley pour conserver ses ceintures WBC-The ring des lourds, le "néo-retraité" (ça pourrait ne pas durer longtemps) Tyson Fury avait une nouvelle fois évoqué l’idée d’un combat exhibition contre Francis Ngannou, champion des lourds de l’UFC, avec déjà un lieu en tête: "Nous pourrions le faire à Las Vegas". Logique. Mais a priori, le "Gypsy King" et le "Predator" devront trouver une autre scène pour leur danse commune. La faute aux liens passés entre Fury et le chef de cartel irlandais Daniel Kinahan.

Selon la journaliste Nicola Tallant du Sunday World, spécialiste du clan Kinahan et auteure du livre Clash of the Clans qui revient entre autres sur les liens entre le chef mafieux et la boxe, le combattant britannique s’est vu refuser l’entrée aux Etats-Unis vendredi dernier en raison de ses rapports passés avec Kinahan, qui se retrouve depuis quelques semaines dans le viseur de la justice américaine avec une forte récompense (5 millions de dollars, 4,75 M d'euros) offerte pour toute information permettant son arrestation et/ou le démantèlement du cartel de l'homme installé depuis plusieurs années à Dubaï.

Alors qu’il tentait d’embarquer pour un vol vers les Etats-Unis depuis la Grande-Bretagne, Fury aurait été empêché de monter dans l’avion par l’immigration américaine en raison de sa présence sur une liste de 600 noms interdits de séjour sur le sol US en raison de leurs liens avec Kinahan. Le mois dernier, les autorités irlandaises avaient donné l’information sur l’existence de cette liste en évoquant la présence sur cette dernière de nombreuses personnes du monde de la boxe non-impliquées dans des activités criminelles mais qui avaient travaillé avec ce chef de cartel qui a œuvré de nombreuses années dans les coulisses du noble art.

"Tester les eaux"

Fin avril, Matthew Macklin, ancien champion d’Europe des moyens (et challenger mondial) devenu consultant pour Sky Sports, avait été le premier à subir les conséquences de cette "liste" en se voyant refuser d’embarquer dans un vol pour les Etats-Unis depuis Londres alors qu’il devait partir couvrir le championnat unifié WBC-WBO des super-plumes entre Shakur Stevenson et Oscar Valdez à Las Vegas. Macklin avait co-fondé en 2012 la salle MGM, devenue ensuite la société de management MTK Global, avec son ami Kinahan avant de quitter en 2017 cette société – qui a fermé ses portes malgré ses nombreux clients une fois les sanctions américaines contre le clan Kinahan connues, beaucoup d’autres entités de la boxe refusant alors de travailler avec eux – tout comme l’avait officiellement fait le chef de cartel (qui restait toutefois impliqué dans l’ombre).

Branché sur le sujet Kinahan par plusieurs journalistes avant son combat contre Whyte, le "Gypsy King" n’avait pas caché son énervement et répété qu’il n’avait eu "aucun business" avec le chef de cartel. Ce dernier, qui lui a fait rejoindre MTK peu après leur rencontre, a pourtant bien été un temps son conseiller/manager (il a même été invité au mariage du chef de cartel qui a grandement contribué à sa sortie de dépression il y a quelques années) et Bob Arum, patron de Top Rank et co-promoteur de Fury pour la partie US, avait expliqué avoir payé Kinahan au moins un million de dollars à chaque fois pour quatre combats du poids lourd (Tom Schwarz, Otto Wallin et deux fois Deontay Wilder).

Nicola Tallant en a même rajouté une couche dans les détails ce dimanche en expliquant que Fury et d’autres anciens boxeurs de MTK avaient réservé des vols aux Etats-Unis pour "tester les eaux" et savoir s’ils appartenaient à cette fameuse liste d’interdits de territoire américain en raison de leurs liens avec Kinahan. Malgré des photos de lui postées sur les réseaux sociaux ces derniers jours où il semble être à Miami, la très sérieuse et bien informée journaliste du Sunday World confirme que Fury n’a plus posé les pieds aux Etats-Unis depuis les sanctions des autorités américaines contre le chef de cartel.

S’il sort de sa retraite pour unifier la catégorie des lourds contre le vainqueur du deuxième combat entre Oleksandr Usyk et Anthony Joshua, le boxeur britannique n’aura peut-être pas besoin d’y aller: le choc pourrait se faire en Grande-Bretagne ou au Moyen-Orient, qui sait mettre un gros chèque pour accueillir un tel événement, et son coach Sugar Hill Steward basé à Detroit avec sa salle Kronk pourra venir à lui pour l’entraîner. Idem pour une exhibition contre Ngannou. Mais si la situation persiste, le charismatique "Gypsy King" pourrait en subir les conséquences pour son avenir: le catch professionnel à la WWE, où il est déjà venu faire le show dans le passé, deviendrait par exemple un horizon bouché.

https://twitter.com/LexaB Alexandre Herbinet Journaliste RMC Sport