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UFC 280: Manon Fiorot, dernière marche avant la ceinture?

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Numéro 6 du classement des challengers chez les mouches, Manon Fiorot défie ce samedi soir à Abu Dhabi la numéro 1, Katlyn Chookagian, sur la carte principale du très attendu UFC 280. En cas de victoire, la prochaine étape pour la Niçoise pourrait être une chance pour le titre. Avec l’occasion de marquer à jamais l’histoire du MMA français.

L’ambition est claire. Annoncée. "Mon but est de finir le combat pour avoir ma chance pour le titre!" Ces derniers jours, devant les médias, Manon Fiorot n’a pas hésité une seconde quand on lui a demandé son niveau d’appétit avant son combat contre Katlyn Chookagian ce samedi à Abu Dhabi en ouverture de la carte principale de l’UFC 280. Numéro 1 du classement des challengers chez les mouches, l’Américaine est une porte d’entrée vers un combat contre la championne Valentina Shevchenko.

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Pour son cinquième combat à l’UFC, la Niçoise sait ce qu’elle doit faire. Et où cela peut la mener. "Après ma victoire sur Jennifer Maia en mars, j’ai demandé Katlyn car je sais qu’elle ne perd que contre des top combattantes et pour être prête pour Valentina, il faut d’abord passer par une victoire sur elle." Mais il reste une question. En cas de victoire, Shevchenko sera-t-elle à coup sûr le prochain défi pour "The Beast" (son surnom)? Dans la tête de Fiorot, qui pourrait devenir à trente-deux ans la première représentante française (hommes et femmes confondus) à conquérir un titre incontesté à l’UFC, c’est le scénario espéré.

Il y a quelques mois, elle penchait plutôt vers un combat supplémentaire entretemps, histoire d’accumuler encore de l’expérience – peut-être en étant placée en combat principal d’une soirée Fight Night, moins importante que les événements numérotés de l’UFC – et d’être 100% prête au moment de défier celle que beaucoup considèrent comme la meilleure combattante féminine de la planète toutes catégories confondues. Mais la réflexion a évolué. Pas question de louper le train s’il passe devant elle.

"Je me dis qu’il peut y avoir une blessure ou quelque chose comme ça, expliquait-elle il y a quelques semaines dans le podcast RMC Fighter Club. Donc si on me donne la possibilité d’affronter Valentina après ce combat, je le ferai. Je n’ai pas envie de perdre de temps. On ne sait jamais ce qui peut se passer dans une carrière et je n’aurai peut-être plus jamais cette occasion. Je vais la demander mais c’est la championne et elle a annoncé qu’elle voulait peut-être remonter dans la catégorie supérieure donc je ne l’aurai peut-être pas tout de suite mais c’est ce que je vais réclamer si je gagne."

Problème? Shevchenko ne sera peut-être pas disponible tout de suite. Après sept défenses victorieuses de sa ceinture conquise en décembre 2018, "Bullet" pourrait s’offrir un nouveau défi XXL: monter de catégorie pour affronter Amanda Nunes, championne des coqs (et des plumes) qui l’a déjà battue deux fois en 2016 et 2017, la deuxième sur une décision partagée que beaucoup auraient fait tourner en sa faveur, et tenter de rafler une deuxième ceinture.

De quoi bloquer Fiorot en salle d’attente? "On ne fera pas un trou d’un an, répond Aldric Cassata, coach, co-manager et compagnon de la combattante française. S’il faut attendre un an pour Valentina, on ne le fera pas car Manon est quelqu’un qui a besoin de rester active et d’avoir des objectifs. Et puis c’est trop facile. Valentina est hyper intelligente dans ses choix, elle prend ses adversaires au bon moment, elle décide des dates, et on ne laissera pas faire ça. Si c’est le cas, on ira chercher Lauren Murphy ou une autre fille du haut du classement pour que Manon reste active. Maintenant, si on nous donne six mois de trou et Valentina derrière, on prend Valentina direct."

L’Américaine Murphy, qui avait expliqué après sa victoire sur Miesha Tate en juillet vouloir prendre la combattante victorieuse du choc entre Chookagian et Fiorot, serait alors une possibilité. Tout comme la Mexicaine Alexa Grasso, cinquième du classement des challengers qui vient de battre Viviane Araujo, ou la Brésilienne Taila Santos, numéro 2 du même classement et dernière adversaire en date de Shevchenko (à qui elle a posé de gros problèmes). "Quoi qu’il arrive, je veux combattre, tranche la Niçoise. S’il faut faire Murphy avant Valentina, je le fais. Avec peut-être une ceinture intérimaire en attendant. Tout va dépendre de Valentina, nous on ne peut rien faire." Fiorot a depuis longtemps pour ambition de détrôner Shevchenko. Elle avoue même qu’elle aurait été déçue si Santos avait battu cette dernière avant qu’elle n’en ait la possibilité.

Mais la performance de la Brésilienne a aussi gonflé ses certitudes. "Je commence à penser à Valentina car je sens que c’est de plus en plus proche. Son dernier combat m’a donné encore plus envie car il a montré les failles qu’on avait déjà remarquées avec Aldric. Santos était la première fille plus physique qu’elle. Valentina n’est pas une grosse poids mouche. Quand je l’ai croisée à l’UFC Performance Institute, à Las Vegas, je me suis rendue compte de la différence de gabarit entre elle et moi. Il va y avoir une différence physique comme on a vu avec Santos, qui ressemble plus à mon gabarit. Mais Santos n’est pas aussi technique que moi, j’aurai ça en plus, et j’ai une meilleure durabilité sur cinq rounds donc je pense que j’ai encore plus de chances de la battre."

Comme on ne doit pas mettre la charrue avant les bœufs, surtout dans un sport où un coup mal placé (ou bien selon le point de vue) peut tout changer en une seconde, il faudra d’abord franchir l’obstacle Chookagian. En essayant d’y mettre la manière pour convaincre l’UFC que la meilleure option est de la confronter à Shevchenko derrière. "Valentina a déjà pris Chookagian et l’a terminée donc quoi qu’il arrive, il faut que je la finisse", sourit Fiorot. Et de compléter: "Je frappe beaucoup plus fort, je me suis entraînée très dur, et mon but est de la mettre TKO au deuxième round".

"On a identifié beaucoup de failles chez Chookagian et pour moi, si Manon ne la finit pas, c’est une contreperformance, appuie Cassata. Au niveau du rythme, il y a une différence hyper significative. Elle a naturellement un débit plus important. Si Manon impose son rythme, à un moment, en face, elle ne sera pas capable de tenir." La travailleuse infatigable du Boxing Squad a toutes les armes pour passer cette étape. Ensuite, il sera temps de regarder le trône droit dans les yeux. Avec le rêve fou – ou pas tant que ça quand on sait combien l’UFC a adoré la réussite populaire de sa première à Paris – d’avoir sa chance chez elle, devant son public. "Je combattrai Valentina peu importe où. Mais si ça peut être à Nice…"

https://twitter.com/LexaB Alexandre Herbinet Journaliste RMC Sport