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UFC 284 Makhachev-Volkanovski: champion contre champion, ça a donné quoi dans l’histoire?

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Champion des légers, Islam Makhachev remet sa ceinture en jeu contre le roi des plumes, Alexander Volkanovski, ce week-end en Australie dans le combat principal de l’UFC 284 (en direct à partir de 2h dans la nuit de samedi à dimanche sur RMC Sport 2). L’occasion de revenir sur les six précédents où un champion UFC en a affronté un autre pour une deuxième ceinture.

Une ceinture en jeu. Mais pas que… Le choc entre Islam Makhachev, champion des légers, et Alexander Volkanovski, roi des plumes, pour le titre du premier ce week-end à Perth (Australie) en combat principal de l’UFC 284 marque une première pour l’UFC. L’histoire de l’organisation mastodonte du MMA n’avait encore jamais vu le numéro 1 de son classement toutes catégories confondues affronter son numéro 2 dans la cage, en tout cas chez les hommes (explication plus bas). Avec Volkanovski (n°1) et Makhachev (n°2), c’est désormais chose faite. Si ce classement reste subjectif, le vainqueur pourra se targuer du statut de meilleur combattant de la planète UFC, et sans doute de la planète tout court.

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Au-delà de l’anecdote, ce choc est déjà une rareté en soi. Il opposera un champion à un autre champion monté de catégorie pour tenter de s’offrir une deuxième ceinture. Pas si fréquent dans les presque trente ans écoulés depuis le premier événement UFC en novembre 1993. Si la chose est une vieille habitude dans une boxe qui compte bien plus de catégories, à l’image du champion incontesté des super-moyens Canelo Alvarez venu échouer face à Dmitry Bivol pour un titre des mi-lourds l’an dernier après avoir réussi l’exploit trois ans plus tôt contre Sergey Kovalev, Makhachev-Volkanosvki sera seulement le septième combat entre champions de l’histoire de l’UFC.

Le premier aura mis quinze ans à venir et restera le seul pendant les vingt-trois premières années d’existence de l’organisation. Mais depuis un peu plus de six ans, ce qui correspond à quelques mois près au rachat de l’UFC par le géant WME-IMG (désormais nommée Endeavor), il y en a eu cinq. Et un sixième arrive ce week-end. Un mouvement lancé derrière une superstar, Conor McGregor, et qui a offert quelques moments inoubliables. Avant le très attendu Makhachev-Volkanovski, où le premier arrive en favori pour conserver son trône, RMC Sport vous dresse la liste de ces chocs champion contre champion à l’UFC.

Georges St-Pierre-B.J. Penn (UFC 94)

Deux légendes dans la cage. Champion des welters de l’UFC en 2004 après avoir soumis Matt Hughes, B.J. Penn quitte ensuite l’organisation en raison d’une bisbille contractuelle. Après un passage au K-1, où il combat chez les moyens et les mi-lourds, "The Prodigy" revient à l’UFC en 2006 avec en premier adversaire un certain Georges St-Pierre chez les welters. Aucun des deux ne possède de ceinture et le Québécois s’impose sur décision partagée. Trois ans plus tard, fin janvier 2009, les deux se retrouvent dans l’octogone.

Entretemps, GSP est monté sur le trône des welters et Penn a pris la ceinture des légers. Ceinture noire de jiu-jitsu, l’Américain annonce la couleur: "Le jiu-jitsu a été créé pour que le petit homme puisse battre le plus grand. Il fera une erreur, je calerai une clé de bras ou un étranglement et ce sera terminé." Raté. St-Pierre le malmène pendant quatre rounds avant de voir le coin de Penn jeter l’éponge. "J’étais presque KO après le deuxième round et je ne me souviens pas des troisième et quatrième", reconnaît l’Américain après le combat.

Penn défendra deux fois la couronnes des légers avant de la perdre contre Frankie Edgar en avril 2010 à l’UFC 112 avant de connaître une fin de carrière compliquée (neuf défaites sur ses onze derniers combats). GSP, lui, défendra sa ceinture des welters encore sept fois avant de prendre sa retraite et de revenir quatre ans plus tard, en novembre 2017, pour battre Michael Bisping et devenir champion des moyens pour ajouter une deuxième ceinture UFC à son héritage sportif.

Eddie Alvarez-Conor McGregor (UFC 205)

Sans doute la plus belle performance de Conor McGregor dans une cage de l’UFC. Son summum sportif. Champion des plumes depuis sa victoire expéditive (treize secondes) sur Jose Aldo en décembre 2015, l’Irlandais veut tout de suite monter chez les légers conquérir une nouvelle ceinture. L’UFC ne refuse rien à sa nouvelle superstar et un choc contre Rafael dos Anjos est monté. Mais une blessure du Brésilien l'oblige à se tourner vers un combat chez les welters contre Nate Diaz, qui le bat avant de voir McGregor prendre sa revanche quelques mois plus tard. Mais l’Irlandais n’a pas oublié son envie de double ceinture en simultané, un exploit alors encore jamais réalisé dans l’histoire.

Pour sa première au mythique Madison Square Garden en novembre 2016, l’Etat de New York ayant mis très longtemps à légaliser le MMA en compétition, l’UFC s’assure un carton plein en plaçant sa poule aux œufs d’or en tête d’affiche contre le champion des légers Eddie Alvarez. McGregor monte de catégorie mais son état physique quand il "cuttait" pour les plumes laisse imaginer qu’il sera à l’aise chez les légers. "Le seul poids qui importe est celui de mon chèque, et il est super-lourd", s’amuse McGregor avant le premier combat contre Diaz. Même état d’esprit face à la Alvarez. Qui va vivre une sale soirée. Mis deux fois à terre au premier round, l’Américain subit la foudre d’un McGregor ultra précis et efficace et se fait mettre un TKO au deuxième.

Conscient du côté historique du moment, "The Notorious" s’agace quand il se rend compte qu’on lui remet seulement le titre des légers. Quelqu’un doit partir en coulisses lui trouver une deuxième ceinture pour qu’il puisse laisser une image devenu iconique, assis sur le bord de la cage avec ses deux ors sur les épaules. Seul dans son monde de popularité, inédit en MMA, McGregor ne défendra aucun de ses deux titres. Il partira prendre un chèque encore plus "super-lourd" en affrontant Floyd Mayweather dans un ring de boxe l’année suivante. Depuis sa démonstration contre Alvarez, il n’est remonté que quatre fois dans l’octogone pour une seule victoire, début 2020 face à Donald Cerrone, contre trois défaites (Khabib Nurmagomedov en 2018, pay-per-view le plus vendu de l’histoire de l’UFC, et deux fois contre Dustinb Poirier en 2021). Son grand retour dans la cage sera pour cette année face à Michael Chandler après avoir coaché avec l’Américain dans l’émission The Ultimate Fighter.

Stipe Miocic-Daniel Cormier (UFC 226)

Le "petit " qui montait n’en était pas un… Ancien lutteur de très haut niveau, médaillé de bronze mondial et quatrième aux Jeux Olympiques, Daniel Cormier prend la voie du MMA professionnel en 2009. Chez les poids lourds. Une catégorie où il remporte les titres des organisations XMMA et KOTC et surtout le Grand Prix du Strikeforce en 2012. Ses débuts à l’UFC, en 2013, se font aussi dans cette division avec une victoire sur l’ancien champion Frank Mir. Mais "DC" va vite descendre chez les mi-lourds. Un choix de circonstance: le champion des lourds se nomme alors Cain Velasquez, son partenaire d’entraînement chez AKA et un grand ami à lui. Pas question de l’affronter pour gagner le titre.

Alors il passe à l’étage inférieur. Où il va développer une grosse rivalité avec Jon Jones avant de remporter le titre vacant en mai 2015. Il le perd deux ans plus tard dans son deuxième combat contre Jones mais un contrôle positif au turinabol (stéroïde anabolisant) transforme le résultat en "no contest" et lui permet de récupérer la ceinture. Entretemps, la couronne des lourds a changé de tête, passant de Velasquez à Fabricio Werdum puis Stipe Miocic. Parfait pour permettre à Cormier de monter en quête du statut de double champion en juillet 2018. Si Miocic possède une plus grande allonge, l’ancien lourd arrive plus gros que lui à la pesée ! Et ultra confiant en ses moyens. "Je m’entraîne comme chez les mi-lourds, pointe Cormier. Les lourds ne s’entraînent pas comme ça."

Le champion de la catégorie inférieure mettra moins d’un round à transformer son rêve de double ceinture en réalité en mettant Miocic KO dans la dernière minute de la première reprise. Défié par le catcheur et ancien champion des lourds de l’UFC Brock Lesnar dans la cage après le combat, il ne l’affrontera jamais mais défendra son titre contre Derrick Lewis avant de le perdre à l’été 2019 dans la revanche contre Miocic. Qui lui infligera une autre défaite un an plus tard dans leur troisième combat, le dernier de la carrière de Cormier.

Cris Cyborg-Amanda Nunes (UFC 232)

Makhachev-Volkanovski est le premier combat de l’histoire de l’UFC entre les numéros 1 et 2 toutes catégories confondues. Mais si la version féminine de ce classement avait existé avant janvier 2020, il y en aurait déjà eu un. En décembre 2018, à l’heure de s’affronter, les Brésiliennes Cris Cyborg et Amanda Nunes sont les deux seules femmes présentes dans ce classement alors mixte, respectivement aux onzième et quatorzième rangs. Ce sont donc bien les deux meilleures combattantes de la planète qui se retrouvent dans la cage.

Amanda Nunes est championne des coqs depuis plus de deux ans, couronne remportée contre Miesha Tate à l’UFC 200 et déjà défendue trois fois, dont une face à l’ancienne reine Ronda Rousey (48 secondes pour la mettre KO) et une deuxième victoire contre la future championne des mouches Valentina Shevchenko. Championne des plumes depuis 2017, une catégorie créée pour elle, sa compatriote Cris Cyborg n’a plus perdu depuis… son premier combat pro en 2005. Plus de treize années d’invincibilité auxquelles Nunes compte mettre fin. "Quand je vais battre Cyborg, je deviendrai la plus grande combattante de tous les temps", avance la championne de la catégorie inférieure. Mission accomplie. Les deux partent vite à la guerre et Nunes, plus précise, plus tranchante, choque le monde en faisant parler ses poings pour infliger un spectaculaire TKO à sa compatriote en moins d’une minute.

L’invincible est tombée et la meilleure combattante au monde s’appelle Nunes. Qui deviendra ensuite la seule double championne tous sexes confondus défendre victorieusement ses deux ceintures, qu’elle possède toujours aujourd’hui après avoir récupéré celle des coqs abandonnée un temps à Julianna Pena. Cyborg fera encore un combat à l’UFC avant de partir pour le Bellator, où elle remporte dès son premier combat la ceinture des plumes (elle est toujours la championne aujourd’hui) pour devenir la première combattante de l’histoire tous sexes confondus couronnées dans quatre organisations majeures de MMA (IFC, Strikeforce, Invicta et Bellator). Si Shevchenko aurait des arguments dans le débat, Nunes et Cyborg sont sans doute les deux plus grandes combattantes de l’histoire du MMA.

Henry Cejudo-T.J. Dillashaw (UFC Fight Night 143)

Un cas à part dans la liste des combats champion contre champion. Cette fois, c’est celui de la catégorie supérieure qui descendait défier le roi de l’étage inférieur. Après avoir pris la ceinture des coqs à Cody Garbrandt fin 2017 (et avoir encore battu son ancien partenaire d’entraînement dans une revanche), T.J. Dillashaw vient défier le champion des mouches, Henry Cejudo, en janvier 2019. Selon ce dernier, le combat devait d’abord se faire pour le titre des coqs. Mais l’ancien médaillé d’or olympique de lutte (2008) avait préféré opter pour une défense de sa couronne. A l’époque, la rumeur évoque une UFC proche de se débarrasser de la catégorie des mouches. Alors Dillashaw promet de "tuer cette division en prenant une deuxième ceinture".

L’ambition de l’Américain est immense: il annonce vouloir battre Cejudo puis aller chercher le titre des plumes, alors détenu par Max Holloway, pour devenir le premier combattant de l’histoire de l’UFC à prendre des ceintures dans trois catégories différentes. "Il va sentir ce qu’est un vrai poids mouche", lui répond Cejudo comme une prédiction. Qui va s’avérer exacte. Le champion n’aura besoin que de trente-deux secondes pour mettre deux fois le challenger au tapis et conserver sa ceinture sur TKO. "J’espère en avoir assez fait pour sauver cette division", lance-t-il après sa victoire. Ce sera le cas.

Positif à l’EPO après ce combat, Dillashaw perdra son titre des coqs et sera suspendu, ce qui le privera de cage pendant plus de deux ans. Il aura une nouvelle chance pour la couronne des coqs en octobre dernier à l’UFC 280, mis TKO au deuxième round par Aljamain Sterling dans un combat abordé après de gros soucis physiques pendant son camp d’entraînement, avant d’annoncer sa retraite ces dernières semaines. Et c’est finalement Cejudo qui atteindra le statut de double champion en simultané : l’Américain remporte le titre vacant des coqs – suite à la suspension de Cejudo – face à Marlon Moraes lors de son combat suivant avant de le défendre contre Dominick Cruz et de prendre sa retraite dans la foulée. Comme Nunes, celui qui évoque depuis longtemps déjà un retour dans l’octogone (qui pourrait avoir lieu cette année) aura donc défendu victorieusement chaque ceinture au moins une fois. Mais quand il défend celle des coqs, celle des mouches a déjà été abandonnée. Seule la Brésilienne aura donc réussi à le faire en gardant les deux.

Jan Blachowicz-Israel Adesanya (UFC 259)

Le dernier combat champion contre champion à l’UFC avant Makhachev-Volkanovski. Israel Adesanya prend la ceinture incontestée des moyens de l’UFC en octobre 2019, quand il bat Robert Whittaker chez lui en Australie. Entre ses combats avant le couronnement et ses défenses de titre, "The Last Stylebender" va nettoyer sa catégorie: Marvin Vettori, Derek Brunson, Kelvin Gastelum, Whittaker, Yoel Romero et Paulo Costa et Whittaker sont tombés un par un. Au point de voir beaucoup rêver de le voir monter en mi-lourds pour un choc XXL contre le roi Jon Jones, une perspective alimentée par les deux hommes qui s’échangent des mots doux par micros interposés.

Mais Jones finit par lâcher son titre en 2020 pour préparer sa montée chez les lourds, où il affrontera Ciryl Gane pour la ceinture le 4 mars prochain à Las Vegas. Le Polonais Jan Blachowicz en profite pour monter sur le trône vacant des mi-lourds après sa victoire sur Dominick Reyes en septembre 2020. Et sa première défense se fera contre… Adesanya. Pour devenir double champion, ce dernier ne va même pas tenter de prendre du muscle et donc du poids. Il effectue la pesée habillé et reste à plus de deux kilos de la limite de la catégorie. Mais la différence de gabarit va lui jouer des tours. Plus gros, plus fort, Blachowicz va envoyer Adesanya au sol et le contrôler dans chacun des trois derniers rounds. Au bout des cinq reprises, sa victoire sur décision unanime ne fait aucun doute. Les juges ne voient pas la chose différemment et le Polonais conserve son titre.

"Le gabarit a été un gros facteur dans le combat", reconnaît Adesanya. De retour dans sa catégorie, le champion des moyens défend trois fois sa couronne (encore Vettori et Whittaker, puis Jared Cannonier) avant de tomber face à son vieil ennemi du kickboxing Alex Pereira. Qu’il retrouvera le 8 avril à l’UFC 287 pour une revanche explosive. Blachowicz perdra sa couronne au combat suivant, contre l’expérimenté Glover Teixeira. Il aurait pu profiter de la blessure de Jiri Prochazka – qui avait détrôné le Brésilien entretemps – pour la retrouver en décembre dernier à l’UFC 282 mais son combat contre Magomed Ankalaev se conclut sur un nul et sans nouveau champion. La ceinture finira par revenir à Jamahal Hill après sa victoire sur Teixeira en janvier à l’UFC 283.

https://twitter.com/LexaB Alexandre Herbinet Journaliste RMC Sport