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UFC 285: "Je suis très énervé contre moi-même", la réaction de Gane après sa défaite express contre Jones

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Battu par Jon Jones sur soumission en deux minutes la nuit dernière à Las Vegas, Ciryl Gane n'a pas conquis la couronne des lourds de l'UFC. Fidèle à sa nature, "Bon Gamin" n'a pas caché sa colère envers lui-même en conférence de presse avant de promettre de repartir au boulot pour revenir plus fort.

Le sourire est toujours là, les moments de rigolade aussi. Battu sur soumission en deux minutes par Jon Jones la nuit dernière à Las Vegas pour la ceinture incontestée des lourds de l'UFC, Ciryl Gane a vu s'envoler son rêve de marquer l'histoire du sport français avec un premier sacre dans la plus grande organisation de MMA pour un représentant tricolore. Mais sa bonne humeur l'accompagnait toujours en conférence de presse à l'heure de revenir sur le combat. La joie de vivre, toujours, il n'est pas un "Bon Gamin" pour rien, mais sans s'épargner pour analyser cette défaite sur une guillotine face à la légende "Bones", qui n'avait plus gagné un combat aussi vite depuis... août 2010, quand il n'avait pas encore commencé son long règne chez les mi-lourds.

"Je ne m'imaginais pas du tout perdre comme ça"

"Ce n'est absolument pas ce que j'avais prévu, lâche Gane, et c'est la raison pour laquelle je suis très énervé contre moi-même. Je ne m'imaginais pas du tout perdre comme ça. Je suis très déçu, très énervé contre moi, et on va prendre le temps de réfléchir à tout ça, mettre tout ça à plat, savoir ce qui n'a pas été. A chaud, je dirais que c'était moi. Je n'ai pas l'impression que j'étais ailleurs. J'avais l'impression d'être concentré, c'est la raison pour laquelle j'ai été surpris et que je suis resté sur les fesses à la fin. Je me suis dit : 'Merde, OK il a un bon jeu au sol mais comment ça se fait que je me suis fait avoir ?' C'était un peu ce ressenti-là. Maintenant, c'est passé et il faut retourner à la salle."

Il y aura le temps de débriefer mais quelques erreurs techniques paraissent visibles sur la séquence qui mènent à la soumission sur guillotine. L'intéressé ne se cache pas. "Je ne sais plus quelle action il y a eu mais ça a dérapé, raconte le Vendéen. Il a su prendre mon côté et il m'a tout de suite amené au sol de cette manière-là. Il a su saisir une opportunité. Il a voulu prendre mon dos, j'ai défendu mon dos, j'ai refait face et ensuite j'ai fait des erreurs sur la guillotine." Déjà battu par Francis Ngannou en janvier 2022 pour sa première chance pour le titre incontesté, un revers sur décision unanime où il avait également montré des lacunes en défense de lutte et au sol, Gane bute une nouvelle fois sur la dernière marche. Et ça pique encore plus cette fois avec une première défaite avant la limite en carrière.

"Cette défaite-là fait vraiment mal"

"C'est une vraie défaite, lance-t-il. Ma première vraie défaite. Celle contre Francis Ngannou n'était pas très grosse. Celle-là fait vraiment mal. Mais c'est déjà dans le passé et je dois aller de l'avant, vers le futur, et je vais retourner direct à la salle." S'il veut retrouver les sommets, le surdoué à la trajectoire météorite dans le MMA va devoir se faire mal. Avant Jones, il avait reconnu ne s'entraîner que lorsqu'un combat était signé. Ce ne sera plus le cas. "C'est encore tout chaud mais ce que j'en retire, c'est que je vais revenir direct à la salle et travailler mon sol. Il a un très bon niveau de lutte et au sol, oui, mais on a travaillé très dur et je n'ai pas eu de bons réflexes. Donc on va travailler sur ça. (...) Comment se remettre ? C'est la salle. Ne pas oublier mais surtout accepter et aller de l'avant. C'est comme ça qu'on va pouvoir changer le futur."

Et maintenant ?

Un futur qui s'annonce pour l'instant flou, et c'est normal. Alors que Jon Jones a déjà rendez-vous avec Stipe Miocic en juillet, "un super combat" dixit Gane qui a "hâte de le voir", et que d'autres challengers toquent à la porte comme le futur vainqueur du combat entre Curtis Blaydes et Sergei Pavlovich prévu en avril, le Français ne retrouvera pas tout de suite une chance pour le titre même si tout peut bouger vite dans sa catégorie. "Je n'ai aucune idée de ça et je ne pense même pas à ça, balaie-il. Je pense plutôt à m'entraîner." Son rebond pourrait avoir lieu lors du prochain UFC Paris, dans les tuyaux pour les mois à venir après la réussite du premier en septembre dernier.

Regrette-t-il de n'avoir eu qu'un mois et demi pour préparer la légende Jon Jones et le rendez-vous d'une vie avec une annonce de combat mi-janvier ? "On a accepté ce combat avec peu de temps, oui, mais on a travaillé très dur. On a passé beaucoup de temps avec mon équipe et mes sparring-partners et c'est pour ça que je suis très énervé. J'ai passé tout ce temps mais je n'ai pas eu les bons réflexes pendant ce combat. Est-ce que ça aurait été différent si j'avais eu plus de temps ? On ne pourra jamais savoir. Mais je ne suis pas sûr. Sincèrement, on a très bien travaillé, on a passé beaucoup de temps à la salle avec l'équipe. Ca aurait probablement été mieux, oui, c'est toujours mieux, mais je suis vraiment le seul responsable." Ciryl Gane n'a pas conquis son Graal. Mais avec son état d'esprit, il a de quoi se reconstruire et repartir en conquête. Place au travail. Avec dans le viseur ce sol qui lui a joué tant de mauvais tours chaque fois que la ceinture l'attendait.

Alexandre Herbinet