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D'une rupture des croisés à un quart de finale à Roland-Garros: comment Loïs Boisson s'est reconstruite en douze mois pour revenir plus forte

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Dévastée par une rupture des ligaments croisés d'un genou il y a tout juste un an, la Française Loïs Boisson va disputer ce mercredi un quart de finale à Roland-Garros, contre la Russe Mirra Andreeva. Après des mois de reconstruction, et de travail acharné.

Elle a fait chavirer de bonheur le court Philippe-Chatrier lors de son huitième de finale victorieux face à la troisième joueuse mondiale Jessica Pegula. Loïs Boisson (22 ans) a explosé à la face du monde en ce Roland-Garros 2025. Une éclosion aux yeux du grand public qui prend certainement sa source il y a un peu plus de douze mois.

En 2024, la Dijonnaise était promise à une première participation au tableau final du Grand Chelem parisien via une wildcard (invitation du tournoi). Elle était alors sur une série impressionnante: 23 matchs gagnés sur 24 sur terre battue (dont 15 d’affilée et 3 titres consécutifs). Mais le destin en a voulu autrement.

Le 13 mai 2024, fauchée en plein vol

L’élan est brisé le 13 mai 2024. Premier tour du Trophée Clarins dans le bois de Boulogne, juste avant Roland-Garros: rupture des ligaments croisés au troisième set de sa rencontre face à Fiona Ferro. Loïs Boisson sort du court en béquilles, abattue. Le rêve de la Porte d’Auteuil est repoussé.

"Elle était dans une forme vraiment étincelante. Cela a été une période très difficile pour Loïs. Je me souviens qu’elle ne voulait même pas regarder Roland-Garros à la télévision, tellement c’était un crève-cœur", confie son agent Jonathan Dasnières de Veigy.

Après la case opération, commence alors le long chemin de la rééducation loin des terrains. Son préparateur physique Sébastien Durand raconte le processus scrupuleusement respecté par sa joueuse: "Après l'opération, qu'est-ce qui se passe? Qu'est-ce qu'on met en place? J'apparente ça un peu à 'je veux aller au sommet de l'Everest' et je ne vais pas me dire 'ok, je vais à l'Everest'. Non, je vais au camp de base 1. Puis quand je me suis adapté au camp de base 1, je vais au camp de base 2. Et donc, c'est ça. On a essayé de lui faire voir qu'il fallait valider des étapes les unes après les autres et qu'il ne fallait pas penser à trop long terme. Et comme elle est extrêmement disciplinée et rigoureuse pour faire tout ce qui était protocole, qu'elle était à l'écoute des kinés, des médecins et que tout était rigoureusement fait, elle a alors validé toutes les étapes les unes après les autres dans un schéma quasi parfait. Il n'y a eu aucun accroc dans sa réathlétisation, dans sa récupération. Donc, ça a été neuf mois complexes, mais qu'elle a très bien su gérer."

En grosse travailleuse, la Dijonnaise n’hésite pas à s’infliger plus de charge de travail que nécessaire: "Je ne suis pas surpris vu tout le travail méticuleux qu’elle a effectué, au millimètre, et même aller plus loin que le protocole de récupération pour essayer d’être de retour le plus rapidement possible. Il n’y a pas de secret, si elle est là aujourd’hui, c'est qu'elle a fait tous les efforts, et même plus que nécessaire", se remémore Jonathan Dasnières de Veigy

Le retour sur les courts, en mission Roland

Pendant cette longue période sans compétition, Lois Boisson reçoit également le soutien fédéral. "On l’accompagne depuis un moment financièrement pour se structurer. On l’a aidée sur sa rééducation, elle est souvent venue au CNE pour faire sa rééducation avec le staff médical. Quand elle a besoin de venir s’entrainer, elle vient s’entrainer. Après elle travaille avec son entraineur Florian Reynet depuis près de deux ans et cela fonctionne très bien. Elle est très bien dans ce système-là et on va essayer de l’accompagner au mieux pour continuer à progresser et à aller le plus loin possible", explique Pauline Parmentier, responsable des 15 ans et plus du secteur féminin à la Fédération.

Pour son retour à la mi-février, Lois Boisson choisit Manchester et le dur. Après deux tournois, elle bascule logiquement sur terre battue, participe à six tournois avec un titre à Saint-Gaudens. "Lors de sa reprise, même si c’était sur dur, elle jouait déjà très bien. Elle se sentait forte. C’est à la fois étonnant que cela se passe si tôt, et à la fois non car on sait de quoi elle est capable", explique Pauline Parmentier. Une montée en régime qui l’amènera à Roland-Garros en confiance, jusqu’à ce quart de finale face à Mirra Andreeva.

Anthony Rech