Tennis: Gerard Piqué réclame près de 45 millions d’euros à la fédération internationale

Le partenariat était censé durer un quart de siècle, mais il a tenu moins de cinq ans. En début d’année, la Fédération internationale de tennis (ITF) a décidé de mettre fin à sa collaboration avec Kosmos, le groupe d’investissement présidé par Gerard Piqué, qui s’était vu confier en 2018 l’organisation de la Coupe Davis. L’ancien défenseur du Barça et ses équipes ont proposé une refonte de la compétition, avec un nouveau format, qui suscite de nombreuses critiques dans le monde de la balle jaune. L’ITF a choisi de reprendre la main, en envisageant un retour au format traditionnel de la Coupe Davis dans les années à venir.
Un désaveu pour Kosmos et Gerard Piqué, qui estime pourtant avoir permis à la compétition de se refaire une santé. A tous les niveaux. "Ce que nous avons fait avec la Coupe Davis est un succès retentissant, assure l’ex-international espagnol dans un entretien accordé à Marca. Nous sommes arrivés avec une compétition qui était en déclin, au plus bas. Sur le plan sportif et économique, et surtout en termes d'audience, nous avons redressé le tournoi. Nous avons quadruplé les revenus en un an. Nous sommes passés de trois à quinze sponsors."
"Le montant que nous payions était hors marché"
Piqué estime que la pandémie mondiale a bouleversé ses plans pour la Coupe Davis mais que la Fédération internationale n’en a pas vraiment tenu compte: "En 2020, le Covid arrive et change tout, dans tous les sports. Nous avions un accord avec l'ITF. Nous leur avons versé une somme très importante: 40 millions par an (…) En 2020, il n'y a pas eu de Coupe Davis, et pendant une partie de 2021, elle s'est jouée à huis clos.... Le montant fixe que nous payions était hors marché. Après la résiliation par l'ITF, il y a maintenant un litige entre nous dans lequel nous réclamons jusqu'à 50 millions de dollars (45 millions d’euros, ndlr). Nous ne pouvons pas en dire plus en raison des restrictions de confidentialité."
"Je suis très fier de tout ce que nous avons fait, a poursuivi le champion du monde 2010. Nous avons bouleversé la concurrence et puis il y a eu le Covid, ce qui était impossible à prévoir. Beaucoup de ligues et de fédérations se sont adaptées à cette situation et l'ITF a décidé qu'elle ne voulait pas renégocier ces conditions. Du jour au lendemain, l'accord a été résilié et nous avons dû nous adapter en tant qu'entreprise. Nous avons investi plus de 100 millions dans la Coupe Davis en quatre ans, ce qui est énorme. Et nous voulions investir davantage."
"Ce qui s’est passé est très injuste"
Quelques mois après la fin du partenariat, Gerard Piqué n’a en tout cas pas digéré. Le dirigeant catalan dénonce l’ingratitude de la fédération dans ce dossier. "L'ITF a bénéficié de notre accord, assure l’ancien footballeur de 36 ans. Elle a signé des contrats d'une valeur de 70 millions d'euros. La Coupe Billie Jean King a été organisée en Andalousie grâce à nous. Ce que nous leur avons donné par rapport à ce que nous avons reçu, c’est absurde. Tout ce qui s'est passé est très injuste. Je pense que la Coupe Davis durera deux ou trois ans avec les contrats que nous avons conclus à l'époque, mais je lui vois un avenir compliqué. Dans quatre ou cinq ans, je pense que la Coupe Davis n'appartiendra plus à l'ITF. Elle appartiendra soit à l'ATP, soit à une tierce partie qui l'achètera, parce que l'argent ne suffira pas à la gérer. Le président David Haggerty a promis de distribuer aux fédérations une somme d'argent qu'il sera impossible de donner parce que la compétition ne la génère pas."
Malgré cette aventure mouvementée, Gerard Piqué peut-il investir à nouveau dans le tennis à l’avenir? "Je pourrais revenir si une opportunité se présente, car le tennis est un sport que j'aime, explique-t-il. Et c'est le troisième sport le plus populaire au monde après le football et le basket-ball. Mais s'il ne se modernise pas, il risque d'en faire les frais à l'avenir. La moyenne d'âge des supporters est de plus de 40 ans et il est difficile de se passionner pour des matchs dont on ne sait pas quand ils se terminent. Dans les tournois du Grand Chelem, ils peuvent durer six heures. C'est très épique, mais ce n'est pas facile pour les jeunes qui suivent ce sport".