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"On va voir ce que la suite lui réserve": l'agent de Loïs Boisson demande de la patience après son échec à Wimbledon

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Loïs Boisson a été éliminée dès le premier tour des qualifications de Wimbledon ce mardi. Après la défaite de sa protégée, l'agent Jonathan Dasnières de Veigy a appelé à la patience pour la joueuse de 22 ans qui découvrait le gazon londonien et doit faire face à une notoriété nouvelle.

Jonathan, comment était Loïs après le match? Est-ce qu'il y avait beaucoup de déception?

Oui, bien sûr, forcément de la déception. Après chaque défaite, peu importe le tournoi, que ce soit en demi-finale de Roland-Garros ou ici, c'est toujours la même déception. Petit tournoi, gros tournoi, premier tour, finale. Donc elle est toujours très déçue.

Est-ce que ça a été atténué par le fait que c'est un premier match sur herbe et qu'elle a des repères à trouver sur cette surface-là?

Bien sûr. C'était une première expérience pour elle. Elle est en phase d'apprentissage. Il y a beaucoup de choses qui sont nouvelles pour elle. Tout est nouveau pour elle. Donc voilà, je pense qu'il faut qu'on lui laisse un petit peu de temps. Elle n'a pas eu l'occasion de faire un match officiel. Elle n'avait jamais vu un court sur herbe avant la semaine dernière. C'était son premier match sur cette surface. Donc évidemment, beaucoup, beaucoup de nouveautés. Et puis, elle a quand même réussi à faire un match plus que correct contre une fille qui joue très bien sur cette surface, qui a battu une fille top 20 la semaine dernière. Redoutable sur ce genre de surface. Donc, j'ai envie de dire, c'est presque, presque positif.

Et quels ont été ses premiers mots?

On n'a pas échangé beaucoup de mots pour l'instant. Mais c'est normal, on a l’habitude. On va lui laisser un petit peu de temps pour digérer la défaite. Et puis, on aura le temps d'analyser par la suite. Surtout avec son équipe technique, son entraîneur, son opérateur physique. Mais oui, à chaud, c'est toujours un peu difficile dans tous les cas. Mais voilà, quand ce sera le temps de bien discuter, d'analyser, on posera un petit peu tout.

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Est-ce qu'on se dit qu'on n'a pas eu de chance aussi sur le tirage, quand on voit justement ses premiers adversaires? Si jamais elle passait, elle aurait eu à jouer une autre Canadienne encore plus connue?

Oui, après, de toute façon, nous, on est à l'intérieur du monde du tennis. On sait que d'un tournoi sur l'autre, tout le monde joue très bien, que le niveau est très homogène. Donc pour nous, ce n'est pas du tout une surprise. Peut-être que pour le grand public, ça en est une. Quand on se dit, oh là là, demi-finale, premier tour des qualifications, mais quand la fille qu'elle joue bat une top 20, quand la fille au deuxième tour des qualifs, potentiellement, est une vainqueure de Grand Chelem, on se rend compte que finalement, d'un tournoi sur l'autre, tout peut arriver, tout est possible. Et donc c'est pour ça que, en général, c'est plutôt sur du moyen, long terme qu'on peut être à même de prendre le recul nécessaire et de juger une saison, une constance, une régularité. Loïs, elle découvre encore, elle n'avait joué qu'un tournoi de WTA avant Roland-Garros. Il ne va y avoir que des premières fois tout au long de l'année ici, que ce soit sur la tournée nord-américaine, la tournée asiatique. Je pense qu'il faudra déjà voir à la fin de la saison comment elle a bien géré la deuxième partie de saison. Puis ensuite, elle est au tout début de sa carrière, il lui reste, on espère tous, 10, 12, 15 ans de carrière. Donc elle n'est vraiment qu'au tout début.

Comment elle a géré l'après-Roland, les jours qui ont suivi? Est-ce qu'elle a pu bien couper? Est-ce que quand elle est revenue sur le gazon, elle avait les batteries bien rechargées?

Oui, je pense qu'elle a fait une super préparation dans le sens où elle a vraiment eu le temps de digérer tout ce qui s'est passé émotionnellement, nerveusement, physiquement pendant la quinzaine à Paris. Évidemment, elle avait fait cette demande de wildcard qui lui aurait donné plus de temps pour placer un petit tournoi de préparation. Malheureusement, les organisateurs en ont décidé autrement. Du coup, comme elle avait vraiment besoin de ce temps de digestion et de se préparer, de couper et de se re-préparer et de faire les choses vraiment dans l'ordre. Malheureusement, avec la réponse négative des organisateurs, elle s'est retrouvée à jouer les qualifications directement. Et quand bien même, avec la bonne préparation qu'elle a faite, elle se retrouve presque à être en position de gagner. En étant très proche, on se voit souvent dans les détails. Quatre partout au troisième, elle a une occasion qu'elle ne saisit pas. Donc voilà, ça peut tourner dans un sens comme dans l'autre. Ce n'est pas allé dans son sens aujourd'hui. Mais voilà, on va voir ce que la suite lui réserve.

Qu'est-ce qui a changé pour vous, pour le staff et toutes les sollicitations? Est-ce que c'est un peu redescendu? Ça a changé quoi, Roland-Garros?

Pour elle, pas grand-chose, je pense. Alors évidemment, elle se fait reconnaître dans la rue, etc. Ce genre de choses, c'est évident, elle n'a jamais trop été habituée à ça, jusqu'à maintenant. Après, nous, on essaie de la protéger, et notamment moi en particulier, de tout ce genre de sollicitations. Donc elle, elle n'est pas au contact de beaucoup de choses directement, si ce n'est l'enthousiasme des gens qui la suivent et qui la reconnaissent et qui veulent une photo ou un autographe. Mais pour l'instant, elle est assez préservée de ça. Et puis oui, effectivement, beaucoup de sollicitations, mais qu'on gère très calmement, très humblement, un peu dans le même esprit que sur le côté tennistique, en ayant une vision un peu plus moyen-long terme, et non pas en se précipitant à justement l'exposer trop vite à des choses où on considère qu'il faut que ça soit en-dehors du tennis comme sur le tennis, à prendre de bonnes décisions, de manière très calme, et en discutant ensemble sur la vision et la stratégie qu'on veut avoir sur les prochains mois, les prochaines années, pour qu'elle atteigne ses objectifs qui sont très élevés. Donc le but, c'est vraiment de prioriser le tennis avant tout et de la laisser vraiment se développer, et petit à petit, de rajouter des petites choses à pointe à droite à gauche, mais vraiment lui laisser le temps à tous les niveaux.

Vous évoquiez une phase d'apprentissage qui avait démarré activement à Roland-Garros et qui se poursuit maintenant. C'est quoi les prochaines étapes pour elle?

Ce sera la tournée nord-américaine, normalement, sur dur. Elle va avoir un petit peu de temps pour redigérer un petit peu et enchaîner ensuite une préparation assez intense sur le ciment nord-américain. Donc ça, ce sera les premières échéances. Et puis ensuite, il y aura une fin de saison aussi. Mais étape par étape, pour l'instant, on va se repréparer. Elle va se repréparer avec son équipe et puis avoir des gros objectifs pour la deuxième partie de saison avec des événements qu'elle va découvrir aussi, avec des premières expériences en WTA 500, des premières expériences en WTA 1000, qui sont des gros et de beaux tournois à jouer. Et puis évidemment, l'US Open qui sera fin août, notre retournée du Grand Chelem, qu'elle va découvrir aussi.

On a vu qu'au-delà des sollicitations médiatiques, il y a aussi les marques et les sponsors qui doivent beaucoup plus s'intéresser à elle. Il y a eu pas mal de sponsors qui sont entrés en contact avec vous?

Oui, bien sûr, bien sûr, on discute. Mais de la même manière que sur le reste, on ne se précipite pas, on prend le temps de bien sélectionner très attentivement, de discuter, d'avoir une vision à long terme aussi. Des gens qui veulent être avec Loïs sur une vision assez longue et qui veulent l'accompagner sur plusieurs années, on ne va pas être à la pêche, à répondre favorablement à tout et n'importe quoi, parce qu'à chaque fois, évidemment, ça demande du temps, ça prend de l'énergie, ça fait qu'elle se détourne forcément un tout petit peu de ses objectifs. Et donc voilà, on essaie de vraiment, pour l'instant, le faire de manière très douce et très en temps voulu s'il y a des nouveaux partenaires qui s'associent à elle.

Pour l'instant, il n'y en a pas eu entre Roland et vous?

Non, non, non, pour l'instant, voilà, on discute, on discute. Très bien. Mais vous savez, entre Roland-Garros, la période est tellement courte que dans tous les cas, la priorité était vraiment de se préparer le mieux possible pour l'herbe. Et puis, on aura un peu plus de temps après, où il nous donne, pour bien se poser et discuter de la suite. Mais on ne fera pas n'importe quoi pour accepter n'importe quoi. Ce n'est pas le cas pour l'instant.

Et côté staff, il y a une ambition aussi de s'étoffer un peu. Est-ce que là déjà, il y a du monde qui est rentré dans l'équipe ou pas encore?

Pour l'instant, rien n'a changé. Les habitudes ont été exactement les mêmes. Tout a été depuis le début de la saison, depuis même plusieurs années. Toute l'équipe technique est exactement la même. Il n'y a pas eu une volonté de changer quoi que ce soit, parce qu'elle a gagné quatre matchs ou cinq à Wimbledon, à Roland-Garros pardon. Et donc, non, non, c'est la continuité. Vraiment, c'est de travailler dans la continuité. Et pour l'instant, de faire les mêmes choses.

Propos recueillis par Léna Marjak