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Tennis: "Il faut changer un peu ses repères et ses habitudes", comment Loïs Boisson se prépare pour Wimbledon

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Loïs Boisson va jouer son premier match sur gazon mardi, lors des qualifications pour Wimbledon. La Française de 22 ans, demi-finaliste à Roland-Garros, va découvrir cette surface. Avec son jeu de terrienne, elle a dû s’adapter. Et gérer également les attentes autour d’elle. Sébastien Durand, son préparateur physique, revient sur ces dernières semaines de repos et de préparation pour le Grand Chelem londonien.

Sébastien Durand, comment sentez-vous Loïs Boisson à quelques heures du début de compétition? Dans quel état d’esprit est-elle?

Honnêtement, je n'étais pas avec elle aujourd'hui. Mais de ce que je sais, comme je suis en contact tous les jours avec elle, c’est que tout s'est bien passé au niveau de sa préparation. On a gardé un peu nos habitudes d'entraînement et en même temps, on a dû adapter certaines choses par rapport aux besoins spécifiques du gazon. Mais globalement, tout s'est bien passé. Elle a repris l’entrainement, depuis une dizaine de jour. Demain, ça va être une découverte. Elle est prête et on verra bien ce qui se passe.

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Quels ont été les besoins spécifiques pour s’adapter au gazon?

Sur les aspects physiques, on est sur des déplacements qui sont très particuliers du fait du gazon. Ce sont vraiment des appuis qui sont un peu différents. Ce sont des groupes musculaires qui travaillent un peu différemment. C'est parvenir à mettre en place toutes ses habitudes de mouvements, de déplacements, de réactivité, de changement de direction. Et puis après, c'est aussi spécifiquement par rapport à son jeu, le choix des coups, lesquels et à quel moment. C'est une stratégie, une tactique de jeu un peu particulière qui change. Il faut changer un peu ses repères et ses habitudes. Ça prend un peu de temps. Autant quand on a plusieurs années d'expérience et qu'on a joué plusieurs fois à Wimbledon, on sait à quoi s'attendre sur le gazon. Autant quand c'est la première fois, il y a des adaptations à faire. On a pu voir la semaine dernière qu'au fur et à mesure, chacun des entraînements était vraiment un plus et qu'elle parvenait à bien s'adapter et à avoir les bons repères. Donc c'est positif. Maintenant, encore une fois, rien ne remplace un match sur gazon. On verra bien demain aussi comment ça va se passer et comment elle sera capable de s'adapter à ces nouvelles conditions.

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Elle était dans quel état physique après Roland-Garros? Est-ce qu'il y a eu un petit moment où elle a dû couper un peu pour recharger les batteries?

Oui, bien sûr. De toute façon, avec tout ce qu’il s'est passé, d'un point de vue physique, avoir été en demi-finale d'un tournoi du Grand Chelem, c'était quelque chose de nouveau pour elle. Tout ça a fait qu'il y avait besoin de récupérer physiquement. Et puis aussi, évidemment, l'aspect mental avec les sollicitations. Il fallait absolument qu'elle récupère. Et nous, toute l'équipe, on s'est vraiment dit que peu importe le temps qu'on prendra, on ne s'est pas donné un nombre de jours, on s'est dit qu'on prendrait le temps qu'il faut. Et moi, je ne voulais pas recommencer sur les aspects de prépa physique pour la préparer au mieux au gazon, tant qu'elle n'était pas prête à 100% à pouvoir remettre la marche en avant. Donc on a pris le temps qu'il fallait. Mentalement aussi, qu'elle se sente prête à repartir. Je pense que ça, c'est déterminant. Il ne faut pas se précipiter, il faut que tout ça se soit fait tranquillement, sereinement et puis qu'on construise des choses solides. C'est ça qui est le plus important.

Le fait qu'elle n'ait pas eu la wild-card, comment ça a été pris? Vous vous y attendiez? Est-ce qu'il y a eu une petite déception?

De toute façon, on ne peut rien changer. Elle n'a pas la wild-card, c'est comme ça. Elle aura des matchs sur le gazon. De toute façon, on ne peut rien y changer. On continue d'avancer, de mettre le process en avant. Et puis voilà, c'est tout.

Il y a énormément d'attentes autour d'elle. Comment gère-t-elle maintenant ce nouveau statut?

Je pense qu'à la fois, nous, on essaye de l'aider du mieux qu'on peut pour essayer de la guider et surtout de lui faire gagner du temps sur certaines choses. Et c'est là où elle est extrêmement forte, quelque part, parce qu'elle écoute, elle nous fait confiance. Et donc, il y a un moment donné, il faut faire des choix, il faut aussi qu'elle intègre ce nouvel élément dans sa vie, tout simplement. Elle marche dans un centre commercial, il y a des gens maintenant qui s'arrêtent pour lui demander un autographe et une photo et qui la félicitent. C'est toujours bienveillant, c'est toujours sympa, mais c'est quelque chose de nouveau qu'elle doit gérer. Et puis, elle, pour l'instant, elle montre en tout cas de la sérénité, elle intègre ça tranquillement. Ce qu'elle montre, c'est vraiment bien, c'est qu'elle privilégie vraiment son entraînement, et les autres choses. Mais pour l'instant, en tout cas, elle a l'air de bien digérer tout ça, d'accepter, de laisser venir, de gérer ça aussi au mieux. Et nous, on est là pour l'accompagner du mieux qu'on peut.

Propos recueillis par Léna Marjak