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Route du Rhum : comment les skippers gèrent leur sommeil

Loïck Peyron

Loïck Peyron - AFP

Seuls sur leur bateau, les skippers de la Route du Rhum doivent gérer leur course sans négliger un facteur-clé : le sommeil. Mais dans des conditions extrêmes et avec un confort sommaire, s’endormir est loin d’être une chose aisée.

Déjà obligés de lutter avec les éléments et les facéties de leur bateau, les marins engagés sur la Route du Rhum doivent aussi composer avec un ennemi invisible : le sommeil. Un facteur-clé dans une traversée en solitaire et qui peut décider du sort de la course. Partis dimanche de Saint-Malo, les skippers ont d’abord très peu fermé l’œil tant les conditions météorologiques ont été exécrables et les ont obligés à rester éveillés lors des deux premiers jours. Depuis, le calme est revenu et Loïck Peyron et ses poursuivants ont pu « dormir ». Un bien grand mot, puisque sur une période de 24 heures, la durée moyenne du sommeil des skippers est de 3 à 4 heures, en général par le biais de micro-siestes d’une quinzaine de minutes.

Les conditions d’endormissement sont également bien loin de celles de la maison. Pas de nid douillet et d’oreiller en plumes. Sur la Route du Rhum, on dort sur un lit de camp sommaire ou une bannette, entouré d’écrans radars, de ses outils de navigation et du téléphone. Et forcément, lorsque le skipper dort, sa « F1 des mers » continue à avancer et il faut donc faire confiance à une technologie qui n’est pas infaillible. « La difficulté en solitaire, c’est ça, souligne Yann Guichard, le skipper de Spindrift 2 (Ultime). Dès qu’on doit se reposer, c’est le pilote automatique qui barre et il ne faut pas qu’il fasse d’erreurs. » 

Bien trouver « les portes du sommeil »

Lorsque la météo laisse un petit créneau aux marins pour s’assoupir, encore faut-il que ces derniers arrivent à trouver le sommeil rapidement. Le moment choisi pour maximiser le temps de repos est très précis et porte un nom : « les portes du sommeil ». A ce moment, l’organisme est vulnérable et l’endormissement plus facile. « Ce n’est pas le tout de savoir quand il faut dormir, il faut aussi savoir s’endormir, explique Bertrand de la Giclais, médecin du sommeil. Quand on est dans un bateau qui fait un bruit comme si on était à l’intérieur d’une machine à laver le linge et qu’il va à 25 nœuds (46km/h, ndlr), il faut quand même essayer de fermer l’œil pour essayer de récupérer et retrouver la forme et la lucidité. »

Pour se préparer à gérer au mieux ce manque de sommeil, plusieurs méthodes sont employées. Il est d’abord conseillé aux skippers de réduire leur alimentation pour éviter tout assoupissement imprévu. S’entraîner à dormir par petites bribes quelques semaines avant la course n’est en revanche pas conseillé, puisque les marins prendraient le départ avec un déficit de sommeil et des batteries déjà vidées. « Il faut bien apprendre à se reposer, résume Loïck Peyron (Maxi Solo Banque Populaire VII). C’est ça le plus difficile. Ce n’est pas simple de fermer les yeux, de faire confiance au pilote automatique en se disant que ça peut chavirer en quelques secondes. Mais à part ça, ce n’est que du bonheur. » Un bonheur simple… comme une bonne nuit.