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Vendée Globe 2024: creux de 8m, rafales à 60km/h... Comment le surprenant Sébastien Simon et les autres skippers se préparent à leur première grosse tempête

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Après 23 jours, la tête de course du Vendée Globe va connaître sa première grosse tempête mercredi dans les mers du sud. En pole position pour affronter des rafales à 60km/h et des creux de huit mètres, Charlie Dalin n’arrive pas à décrocher Sébastien Simon. Le skipper sablais réalise un très beau début de tour du monde après bien des déceptions.

"Il fait grand soleil, c'est vraiment très agréable. Mais c'est vrai qu'on va prendre une dépression qui va être très solide et malheureusement, il n'y a pas trop d'échappatoire." Sébastien Simon a bien fait de profiter de la journée car les 48 heures à venir ne seront pas de tout repos. Les vents et la houle annoncés ont de quoi calmer les ardeurs des leaders qui terminent le premier tiers de ce Vendée Globe. "Ça ne va pas être un moment agréable, clairement", poursuit le Sablais qui navigue à moins de 1000 km à l’est des Kerguelen. "On attend des vents qui peuvent atteindre 50 nœuds en rafales avec des creux de 8 à 9 mètres. S'il faut ralentir, je ralentirai. Mais c'est sûr que ce n'est pas avec beaucoup d'enthousiasme que j'attends ce moment."

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Début des hostilités vers 11h ce mercredi matin

En attendant de passer dans cette machine à laver, le skipper du Groupe Dubreuil a fait le tour de son bateau pour voir si certaines pièces méritaient d’être changées et effectué toutes les révisions nécessaires. "A priori, tout a l'air bon". Il a également profité du calme avant la tempête pour dormir, manger et faire un peu de ménage. À partir de 11h ce mercredi matin, il ne sera plus trop possible de bouger dans le bateau. "Je pense que ça va durer 48 heures en tout. En fait, la partie que je redoute presque le plus, c'est celle du début de la dépression, où on est en avant du front. Ça risque de solliciter pas mal le bateau."

Thomas Ruyant: "Sébastien Simon a bien caché son jeu"

À la fin de l’été, flânant sur les quais des Sables d’Olonne à quelques centaines de mètres de son domicile, Sébastien Simon avait redit son plaisir d’être au départ de son deuxième Vendée Globe. Malgré la perte de son sponsor Arkéa il y a trois ans, un grave accident en course il y a un an l’obligeant à porter un corset pendant trois mois, Sébastien Simon n’a pas lâché et se projetait déjà sur l’édition suivante.

"J'ai absolument envie de couper la ligne d'arrivée. Mais j'ai aussi le regard tourné vers 2028 évidemment, avec peut-être un objectif sportif plus ambitieux." Difficile désormais de ne pas se dire comme Thomas Ruyant, "il a bien caché son jeu". Le skipper de 34 ans s’en amuse quand on lui rapporte ces propos. "Je n'ai rien caché du tout. Le projet a démarré il y a peu de temps, seulement un an et demi. On a une équipe qui n'avait pas beaucoup d'expérience. Avec tout ce que j'ai vécu juste avant, je préférais rester assez humble sur la situation et clairvoyant. Je n'ai pas eu des victoires de Transat, je n'ai pas eu des podiums depuis un certain temps. Je sais de quoi je suis capable quand je suis dans de bonnes conditions."

"Au Cap Horn on verra ce qu’on pourra jouer"

Et ne lui parlez pas de revanche. Même s’il n’a rien oublié, Sébastien Simon sait surtout où il veut aller. "J'ai juste la déception du Vendée Globe précédent, ce qui s'est passé avec mes anciens partenaires. Je sais ce que je vaux en tant qu'être humain. Je pense que la situation a été profondément injuste pour moi. Aujourd'hui, je suis là grâce au groupe Dubreuil et j'essaie tout simplement de me faire plaisir. Je veux montrer que je suis capable de faire un Vendée Globe et que j'ai ma place ici."

Ce mercredi quand il entrera dans la dépression, Sébastien Simon se souviendra évidemment de cette journée du 4 décembre 2020 où après avoir heurté un Ofni, le marin avait dû jeter l’éponge alors qu’il était en 4e position. Quatre ans après jour pour jour, le skipper dit "ne pas arrêter d'y penser". Pourtant sa course a déjà effacé une grande partie des déceptions passées. "Ce n'est pas dû à la chance, je n'y crois pas du tout. C'est plutôt dû au travail, à l'acharnement, à la motivation, à l'envie, au plaisir. Mon objectif est d'aller jusqu'au Cap Horn avec un bateau dans le meilleur état possible. Après on verra ce qu'on sera en mesure de pouvoir jouer. Aujourd'hui, c'est encore un peu tôt pour le dire, mais c'est vrai que le scénario est assez idéal." En attendant le Horn, Sébastien Simon devra sûrement faire le dos rond quelques heures, ensuite il pourra faire son alliée de cette dépression qui pourrait emmener la tête de course jusqu’au sud de l’Australie vitesse grand V.

Pierre-Yves Leroux