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"J’avais besoin d’une pause": Violette Dorange se confie sur son "Vendée Blues" et son nouveau défi avec Samantha Davies

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Un peu plus de sept mois après son arrivée aux Sables d’Olonne à la 25e place du Vendée Globe, Violette Dorange, star des réseaux pendant son tour du monde, prépare de nouvelles échéances. Depuis ce jeudi après-midi, la jeune navigatrice est en mer au large de Lorient pour les 48h du Défi Azimut en compagnie de Samantha Davies qu’elle accompagnera dans un mois et demi lors de la Transat Café l’Or (ex-transat Jacques Vabre) au départ du Havre. L’après Vendée, les réseaux, les objectifs sportifs... les deux femmes ont pris le temps d’échanger avant d’embarquer.

Dans un duo marin les gestes se doivent d’être coordonnés. À terre les deux femmes semblent aussi sur la même longueur d’onde à les voir coiffer leurs cheveux longs de façon synchronisée avant de répondre aux questions face caméra. La petite chorégraphie improvisée les amuse. Les sourires, Violette Dorange en avait moins à distribuer au printemps dernier. "Après le Vendée, il y a eu énormément d'opportunités dans tous les sens. J'avais peur d'en rater, donc j'ai dit oui à plein de choses et au final, le temps n'étant pas élastique, je n'avais plus le temps d'aller faire la préparation physique, préparer le bateau… Et du coup, je culpabilisais de ne pas avoir assez de temps pour mon projet de navigatrice. Surtout j'avais besoin d'une pause, que ça s'arrête pendant un petit moment, que je puisse remettre de l'équilibre dans tout ça, retrouver les priorités. J'ai pris trois semaines de vacances, ça m'a fait énormément de bien."

"Le Vendée blues"

Après la course en solitaire autour du globe, Violette Dorange a rejoint le projet Mécénat-chirurgie cardiaque et sa navigatrice Samantha Davies. La jeune skippeuse s’associe pour la saison de course au large à la Britannique qui connaît bien les lendemains parfois compliqués d’après-tour du monde pour avoir participé à quatre reprises au Vendée Globe. "C’est très sollicitant quand même. On a des 'Vendée blues' parce qu'on a passé quatre ans de notre vie à viser le Vendée Globe. Même sur les week-ends, les vacances, avec nos familles, nos amis, il y a toujours le 'Vendée' qui est là, qui nous guide un peu sur ce qu'on fait. Et puis quand il n'y a plus ça derrière, c'est un petit vide. On doit basculer sur un autre projet, on a envie d'aller voir la famille, faire plein de choses qu'on n'a pas fait depuis quatre ans. Et on se retrouve avec des listes immenses, des choses biens et d’autres moins drôles comme les comptes, les impôts… (rires) Donc l’année après le Vendée ça chamboule un peu la vie qui était très guidée avant."

"L’impression d’avoir vécu une année en quelques semaines"

Pour Violette Dorange, gérer sa nouvelle notoriété est aussi un défi, elle dont le prénom est parfois plus entré dans la tête des fans que le nom des trois marins sur le podium. "C’est sûr que c’est complètement fou. J’ai énormément de respect pour Charlie (Dalin), pour tous ceux qui ont fait une course incroyable. Je pense par exemple à Justine (Métraux) qui se classe première femme (8e). Nous, on a partagé ça sur les réseaux sociaux. Je fais des vidéos YouTube depuis que j'ai 14 ans. J'ai travaillé ça parce que déjà, j'aimais ça. Et ensuite, pour trouver des sponsors, parce qu'il fallait faire connaître le projet le plus possible pour trouver les financements. C’est en quelque sorte un peu tout le fruit de ce travail. Il est arrivé au moment du Vendée, pendant que j'étais en mer. Ce qui est très bien, c'est que j'étais un petit peu dans ma bulle et je n'avais pas les réseaux sociaux à bord du bateau. Et à l'arrivée, c'était la folie complète. Dans ma tête, j'ai eu l'impression d'avoir vécu une année en quelques semaines tellement il s'est passé des choses incroyables. C'était hyper intéressant. Et d'un autre côté, il faut aussi se protéger de tout ça. Et continuer d'avancer, ne pas prendre la grosse tête et se dire que là, ça m'a permis, je pense aussi, de pouvoir arriver sur ce projet avec Sam. Et ça, c'est une chance incroyable."

"Elle est toujours sur son téléphone!"

Si Violette Dorange a un peu mis un frein aux publications sur les réseaux sociaux elle continue à utiliser son téléphone même à bord ce qui a surpris sa partenaire lors des premiers entraînements. "Je me suis dit en fait elle est toujours sur son téléphone, c'est comme les jeunes. Et puis je me suis rendue compte qu’elle n’était pas du tout sur les réseaux mais sur l'appli 'note' du téléphone! Elle écrit les réglages, tous les réglages et elle est en train de construire la bible du bateau que moi je n'ai jamais eu le temps de faire parce qu'on est un peu à l'arrache. Donc ensemble on va construire cette bible de toutes les clés du bateau et on progresse comme ça."

Des informations très précieuses car pour la Transat Café l’Or en double avec Samantha Davies, Violette Dorange se retrouve pour la première fois à la barre d’un bateau nouvelle génération doté de foils. Un monocoque beaucoup plus difficile à dompter et plus rapide que celui qu’elle avait lors de son Vendée Globe. Un défi que la jeune femme prend avec le sourire consciente des progrès qu’elle doit aussi réaliser. "Pour être fière de ma course il faut qu’à l'arrivée je n’ai plus d'énergie et avoir tout donné sur ma course. On va se fixer un objectif après ce week-end quand on aura un peu le recul. Ce qui est important c'est qu'on soit fières de notre trajectoire, fières de comment on s'est préparé, comment on a navigué en mer. Est-ce qu'on a raté nos manœuvres ou pas? Avec tous ces éléments-là on pourra dire si on peut être fières de nous ou pas." Il reste encore cinq semaines au duo pour parfaire la copie.

Pierre-Yves Leroux