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Équipe de France: "L'objectif est le Final 8 de la Nations League", ambitionne Giani, le coach des Bleus

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Andrea Giani, le coach de l'équipe de France masculine de volley a accordé une interview à RMC Sport avant l'annonce du forfait de la Chine pour le premier match, ce mercredi, de la deuxième phase de la Volleyball Nations League (VNL). Nommé fin mars, le technicien italien a dirigé pour la première fois les Bleus dans une grande compétition. Giani revient sur ses premiers pas avec le groupe France, sa méthode et ses objectifs pour cette VNL. 

Avec trois victoires et une défaite, pour la première phase de la Volley Nations League au Canada, quel est votre bilan ?

C’est un bilan très positif. La chose la plus importante était que connaisse mieux les joueurs et qu’ils connaissent mieux mon staff. Nous avons passé beaucoup de temps ensemble pour bien comprendre les choses que nous voulions mettre en place. Sur le terrain, nous avons réalisé de bons matchs et de bonnes performances. On a perdu contre la Pologne, lors du dernier match, durant lequel on n’a pas réussi à trouver un bon rythme de jeu. Mais j’ai beaucoup aimé l'engagement des joueurs du groupe, leur désir de jouer et leur disponibilté pour créer le meilleur niveau de performance.

Vous découvrez toujours et encore cette sélection ?

Oui. Trois nouveaux joueurs sont arrivés. Benjamin Toniutti avait besoin de récupérer et Trévor Clévenot avait un problème physique. Nicolas Le Goff a beaucoup joué avec les Bleus et son club de Montpellier et avait aussi besoin d’une période de repos. Ils sont rentrés dans le groupe et nous avons encore et toujours besoin de se connaître. Nous utilisons ces jours avant et pendant la deuxième phase de la VNL, et ensuite au Japon, pour créer cette bonne communication entre nous. C’est très important mais je ne m’en fais pas car ce sont des garçons très positifs, splendides. Ce n’est pas difficile de comprendre ce qu’ils préfèrent car mon rôle, dans cette équipe, est de l’aider tout simplement. Je ne suis pas obligé de changer beaucoup de choses mais je dois plutôt les aider à trouver la meilleure condition physique et technique. Les résultats suivront avec le jeu qu’on veut mettre en place.

La défaite contre la Pologne est due à la fatigue ?

Non, nous n’étions pas fatigués. C’est le rythme de jeu, on a joué à un petit rythme. On a bien commencé la partie en remportant le premier set. Ensuite, la Pologne a changé de joueurs et de tactique avec de gros frappeurs. Les Polonais ont réorganisé et stabilisé leur réception, ont grandi leur attaque et le match est devenu une guerre de point à point. Selon moi, on a manqué de lucidité et nous n’avons pas été capable de déstabiliser leur réception-attaque. Nous avons subi. Dans le dernier set, on n’a pas réussi à exprimer notre jeu pour inverser la tendance.

Earvin Ngapeth a joué tous les matchs. Vous êtes son entraîneur à Modena. Quel est son rôle auprès de vous et dans le groupe ?

Il a beaucoup joué en effet. C’est important que chacun trouve sa place dans le groupe entre les plus jeunes joueurs, ceux qui ont peu ou moins joué en équipe de France. Je crois que nous voulons avoir une équipe très équilibrée avec des joueurs très motivés qui doivent aussi jouer et pas seulement s’entraîner. S’entra^piner et jouer. Dans cette VNL, il est important de gagner mais je veux tous les faire jouer. Et je suis très content de la façon dont tous les joueurs ont pris possession de ce groupe. J’aime beaucoup cela, oui.

Vous entraînez de grands joueurs tant à Modena (Bruno, Nimir, Ngapeth) qu’en équipe de France. C’est un danger, car avec de tels joueurs vous avez l’obligation de gagner, ou c’est un avantage ?

Des joueurs qui ont ce talent et cette qualité sont importants pour atteindre vos objectifs, pour gagner. Je crois toutefois que la gestion humaine et sportive de ces joueurs n’est pas une gestion … (il réfléchit) normale. Nous devons apprendre d’abord à nous connaître et à parler dans toutes les situations. Je crois que la communication est là-aussi vitale avec ces joueurs talentueux, qui ont aussi de la pression. L’attente est très forte sur la prestation sur ces joueurs et sur l’équipe dans l’appréciation de la victoire. Communiquer signifie qu’il faut trouver un mode de fonctionnement pour s’améliorer. Mais si un tel joueur n’est pas au top de sa forme, la communication sert à comprendre quand le joueur a besoin de plus de repos, par exemple, ou a besoin de moins jouer durant un match. Je leur dit toujours que tu peux être très fort techniquement et physiquement mais on doit tellement mettre d’énergie dans un match que si on ne peut pas la mettre, justement, on ne peut les exprimer, on ne peut pas être performant et ce n’est pas la peine de jouer. Il faut connaître ses limites physiques, eux comme les autres.

Quels sont vos objectifs pour cette nouvelle phase de VNL ?

On peut penser que lors de cette deuxième phase aux Philippines, le niveau du groupe est plus bas qu’au Canada. Mais c’est justement un danger car la concentration, sur chaque match, doit être plus forte. Cela dépend de nous. Cela dépendra de notre qualité de jeu, de l’énergie que nous mettrons. Les matches peuvent êtres simples si nous exprimons nos qualités. Si nous ne les exprimons pas, ces matchs seront donc plus difficiles car quand on joue contre la France, contre les champions olympiques, les adversaires évoluent au maximum de leur énergie. C’est un match important de jouer contre les Bleus, contre des joueurs comme Ngapeth ou Toniutti. On doit le savoir et se préparer à cela. Je crois que la préparation mentale est importante pour nos joueurs. Ces matchs seront durs si nous ne faisons pas la bonne approche. La concentration est très importante car nous devons gagner nos 4 matchs. Notre objectif est de se qualifier pour le Final 8 en Italie. C’est pourquoi nous devons gagner ces 4 prochains matchs aux Philippines. Pour gagner, vous devez d’abord jouer. Pas l’inverse. On est peut-être plus fort mais sur le terrain nous sommes tous égaux.

Justement, le Final 8 est un rêve ou c’est une obligation ?

C’est l’objectif. C’est loin mais on connaît notre force. Nous savons que nous avons un objectif minimal que nous devons atteindre avec ce groupe, tout simplement pour grandir. Je vois jouer cette équipe depuis 10 ans et elle oscille entre des matchs incroyables et des jeux moins bons. En tant qu’entraîneur, notre but est que ce groupe gagne en régularité dans la performance. Selon moi, c’est très important. Nous avons la force d’être dans le top 3 dans tous les tournois. Mais pour y arriver, on doit être là, toujours.

Propos recueillis par Morgan Besa