Ligue A: "Le volley professionnel revient dans le game", se réjouit Bouget, le président de la LNV

Avant d’évoquer la saison qui débute, est-ce que l’absence de l’équipe de Chine en Ligue A masculine est un regret, un échec ?
Aujourd’hui encore, j’ai du mal à comprendre comment une ligue professionnelle, qui ne reçoit aucun argent public, est interdite d’accéder à l’argent privé. C’est extrêmement choquant. Je constate toutefois que ça ne gêne personne que des joueurs français évoluent dans le championnat russe. J’aurais aimé qu’il y ait une cohérence. On a amené ce projet chinois pendant plusieurs mois, on a tenu informé le ministère des sports dès le départ, donc j’eus préféré qu’on me dise tout de suite de ne pas continuer. Ce qui n’a pas été le cas. J’ai tenu le ministère sans cesse informé, qui m’a d’abord encouragé dans cette voie. Donc oui, la pilule ne passe pas très bien. Comme certains me trouvent têtu, je peux dire qu’on travaille à une solution alternative. Je ne désespère pas de trouver une solution, à moyen terme. C’est un crève-coeur. On a été capable de recevoir cinq ans d’investissements pour faire grandir nos clubs. On n’est pas dans la rancoeur et on continue de travailler avec le ministère. S’il y a même une infime sortie de secours, je la prendrai.
Comment se portent les championnats professionnels français (Ligue A féminine, Ligue A masculine, Ligue B masculine) ?
Le volley professionnel revient dans le game. D’abord en termes d’exposition : le mardi soir la Ligue A féminine aura un match diffusé sur le live Twitch de RMC Sport et la Ligue A masculine aura une journée préservée le vendredi soir avec la retransmission d’un match sur beIN Sports. Cela nous donne une belle exposition. On essaie de répondre aux modes de communication des générations X, Y et Z. Ensuite, on a repensé lnvtv.com qui sera entièrement gratuite pour voir tous les autres matchs de championnats. Les caméras sont déjà montées dans toutes les salles de France
Les clubs devront aussi s’adapter ?
Oui. Avec les clubs, on rentre aussi dans une nouvelle ère avec la "Licence club". Pour jouer au plus haut niveau, les clubs professionnels français devront remplir des conditions économiques, structurelles et d’organisation pour que notre sport tutoie les sommets. Reste maintenant à proposer une saison sportivement captivante avec un final au plus haut de la dramaturgie : la finale du championnat de France se jouera en deux matchs avec un golden set, si besoin à la fin de la deuxième rencontre.
Où classez-vous la Ligue A masculine ? Derrière les championnats italiens et polonais, devant les ligues allemandes, grecques et turques ?
Si on classe les championnats en fonction des deux ou trois équipes de tête, la France est derrière l’Italie et la Pologne, sans discussion aucune. Et j’exclue la Russie. En revanche, si je regarde le niveau moyen du championnat, la LAM est devant la Pologne. Une fois que vous avez passé la 4e place de la Ligue polonaise, les équipes sont franchement très moyennes. Les équipes du dernier tiers ne resteraient pas dans l’élite masculine, c’est sûr.
En Ligue A féminine, pourquoi il y a peu de joueuses françaises dans les 6 de départ ?
On est face à une réalité économique. On peut imposer des joueuses locales, ce qu’ont fait les Italiennes et les Russes. Aujourd’hui, une joueuse française est obligatoire. C’est souvent la libéro. Si on en impose plus, on va avoir une surévaluation des joueuses françaises. La moindre joueuse, ou joueurs français c’est la même idée, coûtera plus cher qu’une bonne ou très bonne joueuse étrangère. Il faut accepter une certaine dévalorisation pendant 4-5 ans pour faire en sorte que le maximum de joueuses tricolores soient sur les terrains de LAF. Lorsqu’on le dit aux patrons de club, qui gère leur structure comme une entreprise, ils veulent proposer un spectacle attractif, donc un spectacle avec les meilleures joueuses. Ils veulent une certaine qualité. Et si on passe par l’obligation d’utiliser plus de joueurs/joueuses français(e)s, on risque de voir le niveau baisser. Ce que je ne peux nier. Et puis, la ligue n’est pas la fédération. La ligue n’imposera rien. On finance déjà toute la formation de haut niveau et on ne peut pas prendre ce problème en charge. Notre rôle est d’amener les gens dans les salles et de proposer un bon spectacle aux familles.
Le Paris Volley cherche un sponsor maillot, cet été Narbonne a frôlé la relégation après un feuilleton financier avec la DNACG : économiquement, les clubs pro se portent-ils bien ?
Je ne vais pas fuir la question. Pour moi, les clubs font beaucoup d’effort pour se structurer avec la "Licence club" et réalisent de gros investissements pour leur salle et leur ressources humaines (directeur financier, marketing, communication, kiné, etc.). Si les situations financières des clubs sont actuellement diverses, certains sont dans des situations relativement tendues, surtout en Ligue A féminine, mais aucun cas particulier ne m’inquiète fortement.
Où va le volley professionnel français ?
Je voudrais que ce soit un volley spectacle où les familles ont envie de venir car elles passent un très bon moment. C’est ça l’objectif final. Pour que les clubs fonctionnent bien, ils doivent faire venir des spectateurs. Cette prise de conscience doit arriver aux staffs et aux joueurs. Sans cette réussite publique, en termes de spectateurs, le volley restera un sport mineur. Ensuite, je souhaiterais qu’on se donne les moyens de lutter au plus haut niveau européen contre les 3-4 premiers clubs italiens, polonais et russes, s’ils reviennent un jour.
On peut y arriver avec 14 clubs en Ligue A masculine ?
Ce n’est pas un mauvais équilibre. Le projet "Licence club" est très exigeant mais c’est un formidable accélérateur. Aujourd’hui, deux à trois projets de salles sont en cours de construction. Mais on ne doit pas sanctionner ces clubs qui investissent aujourd’hui et qui ont fondé un projet sur trois à quatre ans. Il y a de vrais efforts et je me satisfait de cette situation.