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RC Cannes (volley): LNV, lettre de Pesce, redressements fiscaux... les explications d'Anny Courtade

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L’ancienne président du RC Cannes de 1996 à 2016, Anny Cortade, s’explique, dans un entretien accordé à RMC Sport, sur les redressements fiscaux du club, les largesses de la Ligue et sur le management de son successeur Agostino Pesce.

Avec cette lettre de menace du président Pesce, existe-t-il, selon vous Anny Courtade, un problème de management au RC Cannes?  

Je n’en croyais pas mes yeux. Je n’aurais pas fait la même chose. C’est un acte tellement débile car ce n’est pas légalement applicable. C’est hors la loi. Je l’ai d’ailleurs appelé et lui disant ce que j’en pensais. Le code du Travail et la loi s’y opposent. Quand je devais, rarement, remotiver ou recadrer mes filles (les volleyeuses du RC Cannes ndlr), je me déplaçais dans les vestiaires et je leur remontais les bretelles. Ce que j’ai fait avec les footballeurs cannois, dont je m’occupe aujourd’hui. Là, c’est un anti-management. Je n’arrive pas à comprendre. Il a dû l’écrire sur un moment de colère. 

Les volleyeuses, à Cannes comme ailleurs, mènent un combat contre ces mauvaises pratiques salariales qu’elles ne tolèrent plus aujourd’hui. Les soutenez-vous?  

Le combat pour la parité, la justesse des salaires et la justice sociale, je le soutiens, bien sûr. En 25 ans de présidence cannoise, j’ai investi de ma poche l’équivalent de 10 millions d’euros et pas une joueuse ne peut dire qu’elle n’a pas été payée dans les temps. C’était inenvisageable car les volleyeuses ont une vie comme tout le monde avec des crédits et des locations à payer. Je me suis engagée à parler avec les joueuses pour les 100 ans du club dans des tables rondes.  

Des problèmes existent vu qu’il y a un procès aux Prud’hommes contre le RCC, début mars...

Je n’ai jamais eu de procès devant les Prud’hommes. Je sais qu’il y a un problème avec une joueuse pour des justificatifs à fournir. Je sais que Victoria Ravva reproche à Agostino Pesce de ne pas être Anny Courtade, de ne pas se comporter comme moi. Ces problèmes me crèvent le cœur. De voir ce club, que j’ai porté sur le toit de l’Europe, aujourd’hui traîné dans la boue et loin de nos résultats me chagrine. J’espère que tout va se régulariser et que le RCC va retrouver sa sérénité.  

Avez-vous laissé des déficits et des redressements fiscaux au RC Cannes quand vous avez quitté le club?  

J’ai été prise d’une rage incommensurable qui ne m’a pas quitté en lisant que j’avais laissé des déficits. Je n’ai pas laissé d’ardoises au Racing. Au contraire, j’ai laissé des comptes sains. 

Vous n’avez pas subi des redressements fiscaux?  

J’ai assumé tous les contrôles. Comme les entreprises, les clubs subissent des contrôles Urssaf, sur les avantages en nature et les indemnités kilométriques ainsi que des contrôles fiscaux sur la TVA ou différentes commissions. Ces contrôles sont notifiés par des sommes à payer. Sous ma présidence, j’ai contesté un redressement Urssaf pour les années 2012-2014. Quand on m’a notifiée la somme à payer, j’ai ouvert un compte spécifique à la banque avec mon propre argent du montant du redressement. Lors de mon départ, la somme était disponible et le redressement a définitivement été minimisé. J’ai aussi subi un contrôle fiscal sur le paiement de l’impôt à la source des commissions des agents. J’ai contesté devant l’administration l’obligation de payer cet impôt. J’ai alors signé une convention avec le club stipulant que le RCC s’engageait à payer toutes les sommes qui seraient dûes pour tout contentieux. S’il y a eu des déficits après mon départ, on ne peut pas me l’imputer. Non ce n’est la faute de la gestion d’Anny Courtade.  

Sur le plan financier, le club est-il en danger?

Non le dernier bilan montrait un bénéfice de plus de 200.000 euros. Le commissaire aux comptes me l’a confirmé.

La LNV a-t-elle dérogé à ses règlements en ne reléguant pas le RC Cannes à cause de ses redressements fiscaux?  

Je ne peux pas juger les propos que tient aujourd’hui la LNV sur la présidence d’Agostino Pesce car je ne m’occupe plus des comptes du club. Si la ligue n’a pas relégué le club, c’est que cela ne se justifiait pas, il n’y avait de risques de dépôt de bilan. Mais je vous parle des 25 ans de ma présidence. Les exercices comptables étaient équilibrés. Au contraire, en début de semaine j’ai envoyé une lettre au président de la Ligue qui n’a pas dû lui faire très plaisir - pas du tout même - en le stigmatisant sur ses manquements. Je me suis battue pour la parité, parité médiatique, parité financière, parité du price-money en coupes d’Europe. Ce sont de vrais combats que n’ont jamais menés nos instances.

Morgan Besa