RMC Sport

Volley: doigt d’honneur, insultes, échauffourée… comment la rencontre Chaumont-Nantes a dégénéré

placeholder video
Une grande frustration, nourrie par un arbitrage confus et quelques excès de zèle, a provoqué des scènes peu habituelles sur un terrain de volley, un sport en mal de visibilité qui n'avait pas vraiment besoin de ça.

Le match Chaumont-Nantes (25-20, 23-25, 26-28, 25-23, 15-13), ô combien important dans la course au playoffs pour le NRMV (Nantes Rezé Métropole Volley), s’est achevé dans la confusion générale mardi soir, l’après-match donnant lieu à une énorme mêlée où les joueurs des deux équipes se sont agrippés. Si des maillots ont été arrachés, aucun coup n'a été porté.

"En 30 ans de volley, je n’ai jamais vu ça", confie à RMC Sport un intime du club de Chaumont. Ce genre de scène - "la plus détestable que je connaisse", peste Bruno Soirfeck, le président chaumontais - est rarissime dans le volley professionnel. Mais pas si surprenante finalement, dans la mesure où cette rencontre à fort enjeu a été parcourue de tensions, exacerbées par un arbitrage pas toujours très inspiré.

Après un premier set sans histoire remporté 25-20, Chaumont est bien parti pour empocher la seconde manche sur un score à peu près identique, mais la rencontre va subitement prendre une autre tournure. Et mettre en scène un acteur qui va entrer dans la lumière pour assombrir l'atmosphère générale. Chaumont écope de quatre cartons, dont deux rouges, l’un pour retard de jeu et l’autre pour contestation, alors que Chaumont mène 21-19. Stupeur générale.

"J’avoue que je n’ai pas bien compris", reconnaît ce mercredi l’entraîneur de Nantes, Hubert Henno, interrogé par RMC Sport. Son équipe a pourtant bénéficié de cette décision controversée, revenant à 21-21. De l’autre côté du terrain, Silvano Prandi s’efforce de maîtriser ses nerfs dans sa zone technique, tandis que Nantes reste mobilisé sur le plan psychologique, concentré sur son jeu. La rencontre bascule avec le gain de la manche par les visiteurs dans un contexte hautement inflammable. Les répercussions seront dramatiques.

Une erreur d'arbitrage à un moment crucial

"Il fallait s’attendre à ce que l’arbitre soit beaucoup plus clément avec Chaumont, et donc plus sévère avec nous, et c'est ce qu’il s’est passé", déplore Henno, au lendemain de cette défaite frustrante. Une faute est en effet sifflée contre Nantes à un moment crucial du tie-break, à 12-12, L’arbitre reprochant au n°14 Tomas Lopez d’avoir trop accompagné le ballon de la main pour tromper la vigilance du bloc. Ce qu'on appelle un ballon "porté" ou "collé". Une fois encore, la décision paraît au mieux très sévère. De l’avis de l’ensemble des acteurs, l’arbitre s’est englué dans des compensations qui n’avaient pas forcément lieu d’être.

La décision a en tout cas achevé de ternir la fin de match, complètement houleuse. "C’est parti avec des doigts d'honneur à mon encontre", rapporte Hubert Henno. Le geste en question n’est pas visible sur les images du match diffusé sur le site de la Ligue nationale de volley, mais celles-ci montrent bien le technicien nantais échanger des mots sans doute peu amènes avec le Chaumontais Maxime Laumon au filet, alors que le match est déjà terminé. Le protocole MVP a quelque peu apaisé les esprits échaudés par les différents événements liés à l’arbitrage, mais un petit peu seulement.

Car au moment de regagner les vestiaires, le chef de plateau du CVB52 a agrippé le bras du Nantais Thomas Lopez, auquel il reprochait de s’être passé les nerfs sur le matériel. Au contact des deux hommes, Hubert Henno choisit d’intervenir, la réplique est immédiate. C’est alors que les choses dégénèrent une nouvelle fois, en un éclair.

Le chef de plateau du CVB52 agrippe Tomas Lopez par le bras
Le chef de plateau du CVB52 agrippe Tomas Lopez par le bras © @Capture LNVTV
Les Chaumontais comprennent ce qui est en train de se passer
Les Chaumontais comprennent ce qui est en train de se passer © @Capture LNVTV
Joueurs, supporters, staff... tout le monde se lance dans la mêlée
Joueurs, supporters, staff... tout le monde se lance dans la mêlée © @Capture LNVTV

Bruno Soirfeck: "Les images que j'ai vues sont à l'encontre des valeurs que je défends"

"Une personne du public me prend par le sac et me tire par derrière, tous les spectateurs sont descendus. C’est parti en provocations et insultes. Ils étaient en train de nous interpeller physiquement." Bientôt rejoints par une cohorte de joueurs du CVB52, notamment les Cubains Osniel Melgarejo et Jesus Herrera, en première ligne pour défendre le bénévole de leur club. "J'en ai tiré les conséquences d’un point de vue de la sécurité, je vais prendre d’autres dispositions", prévient Bruno Soirfeck.

"Je n’excuse aucun geste mais la provocation n’est pas venue de chez nous", tient cependant à préciser le président chaumontais, sans pour autant excuser les comportements de ses joueurs, désastreux pour l'image du club. "Hier, les valeurs de mon club n’étaient pas au rendez-vous. Je sais ce que mon club représente, mais les images vues et perçues sont à l’encontre des valeurs que je défends", déplore-t-il.

Des valeurs auxquelles il tient. C'est pourquoi des échanges en interne, préalable à d'éventuelles sanctions vont avoir lieu, prévient le patron du CVB52. La commission de discipline devrait être également saisie. "Il faut que chacun tire les enseignements", estime Bruno Soirfeck. Selon nos informations, le corps arbitral a longuement débriefé une prestation à oublier très vite. Mais dans cette affaire, les responsabilités sont très largement partagées.

Quentin Migliarini