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Volley, LAM: Tours meurtri, Chaumont consolidé, Paris sans complexe... les play-offs à la loupe

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Pour le Tours VB, leader incontestable et incontesté de saison régulière, il va falloir mettre très rapidement de côté le revers en finale de Coupe de France, sous peine de voir Chaumont lui ravir un nouveau trophée à l'issue des play-offs du championnat de France. Derrière, la meute des outsiders va tout tenter pour déjouer les pronostics. Zoom sur les play-offs qui débutent ce vendredi.

Tours et Chaumont, deux favoris qui s'imposent

À quoi ça tient parfois, une saison. Trois minutes. Trois minutes d’une longue attente qui a fait passer le Tours VB du rêve au cauchemar, ruinant plusieurs mois d'efforts et de sacrifices consentis. Pendant trois minutes, les joueurs de Pascal Foussard se sont imaginés soulever le trophée de la Coupe de France qui leur tendait les bras. Leandro Nascimento s’est même jeté dans ceux de ses supporters qui avaient fait le déplacement, pensant que l’attaque de Kevin Tillie avait fait mouche. C’était sans compter sur le surgissement d’un challenge vidéo interminable qui a retourné la première décision, et rendu le point à Chaumont qui égalisait, avant de l’emporter.

L’ascenseur émotionnel était trop grand pour revenir derrière. Songez que l'Argentin Luciano Palonsky a joué les deux derniers points en pleurant. Complètement effondré, à l’instar de ses coéquipiers, chacun à s’isoler dans le bout du couloir, au fond de la salle Charpy, à ressasser continuellement toutes ces choses qui sèment le doute et mettent en péril émotionnellement. Les regrets seront éternels. “Toutes les personnes qui ont vécu ce match-là resteront marquées à vie”, confie Pascal Foussard, le DG du TVB. Obligés de passer à autre chose, les Tourangeaux n’ont eu qu’un choix à déterminer: que faire du temps qui leur était imparti. Comment transformer toute cette rancœur en énergie positive?

Après tout, le TVB s’est qualifié pour toutes les finales des compétitions qu’il a disputées, écrasant la saison régulière qu’il aura terminé avec une confortable avance en tête du championnat. Le match livré face à Chaumont ne doit pas donner de regrets aux coéquipiers de Kevin Tillie, il était de très haute volée. Le Tours VB demeure en plus une machine de guerre collective. “Le risque c’est la démobilisation”, craint toutefois Pascal Foussard. Les premiers éléments de réponse seront fournis ce soir à l’occasion du match 1 de ces quarts de finale qui, rappelons-le, se déroulent cette année au meilleur des cinq manches.

Du côté de Chaumont, on peut dire que la vie est belle. Vainqueur de la Supercoupe, le club haut-marnais a décroché la première Coupe de France de son histoire et pourrait bien réaliser un triplé historique à l’issue de la saison. Les joueurs de Silvano Prandi ont vaincu le signe indien en triomphant du TVB qui lui avait barré la route plusieurs fois en finale ces dernières années, à la fois en championnat et en Coupe de France. Surtout, ce groupe, quasiment inchangé par rapport à la saison dernière, s’est prouvé à lui-même qu’il pouvait gagner.

Attention toutefois à ne pas tomber dans l’euphorie, ce dont on se méfie beaucoup au club. Jiri Cerha, ancien joueur et manager du CVB52 se méfie des play-offs, surtout contre une équipe de Nice qui a déjà rempli ses objectifs: "Ils vont jouer libérés, les rôles sont inversés par rapport à la Coupe de France”. Mais la formation chaumontaise a montré qu’elle avait des ressources mentales insoupçonnées pour faire face à l’adversité. Car tout ne fut pas rose cette saison. Le club a connu un moment de creux au mois de décembre et il a fallu remobiliser les troupes pour réaliser une deuxième partie de saison impressionnante.

Je me souviens très bien des discussions que nous avons eues avec l’entraîneur, sur ce qu’on pouvait faire pour inverser la tendance: Sa réponse était: travail, travail, travail…” L’expérience d’un club habitué à disputer des finales (10 depuis 2017) devrait permettre aux hommes de Silvano Prandi d'éviter les écueils qui se dresseront sur la route du CVB52. Le capitaine et passeur du CVB52 Raphaël Corre racontait samedi qu’il s’était appuyé sur le souvenir des efforts qu’il avait fallu produire pour arriver jusqu’en finale, expliquant à quel point cela l’avait aidé mentalement. Et dans le sport de haut niveau, la tête, c’est primordial.

Les outsiders languedociens

Derrière ces deux favoris, les outsiders sont plutôt à trouver sur les bords de la Méditerranée. Avec Montpellier, Narbonne et Sète, le Languedoc dispose d’un trio solide dans la course au titre.

Troisième de la saison régulière, Montpellier est l’outsider numéro 1. La position est logique quand on voit la régularité de l’équipe d’Olivier Lecat, toujours sur le podium du championnat depuis 3 ans. C'est plutôt une “belle performance malgré de nombreuses mésaventures après notre élimination en coupe d’Europe contre l’Olympiacos, analyse Lecat.” Après une coupe de France harassante pour la tête et les corps, malgré une élimination en quart de finale à Tours, le technicien héraultais a donné trois jours de repos à ses joueurs. Une régénération salutaire avant de passer l’écueil parisien : "On s’est rafraîchi, on a récupéré tous les joueurs et intégré notre joker médical Luka Basic. On est concentré sur nos forces et notre fraîcheur avant tout", conclut Lecat qui ne veut pas trop se projeter avant les deux réceptions du Paris Volley dans son Palais des Sports de Castelnau.

Les ressources physiques et surtout mentales sont aussi au centre des préoccupations de Guillermo Falasca, le coach de Narbonne. Quatrièmes de la première partie de la saison, les Centurions ont déjà réussi leur saison avec leur victoire inattendue en CEV Challenge Cup. Narbonne pourra-t-il surfer sur ce titre européen contre l’Arago de Sète ? “L’équipe a décompressé, et même explosé physiquement et mentalement après notre victoire en Coupe d’Europe, reconnait le coach audois. Au niveau émotionnel, c’était énorme et à un moment donné on a flanché. C’est naturel.” Après des jours de repos complets, le technicien argentin a retrouvé son groupe “prêt pour gagner ce quart de finale contre Sète”. Mais encore incertain de l’état physique et mental de son groupe, coach Falasca s’est focalisé sur ses Centurions pour préparer les deux premières confrontations à domicile, vendredi et dimanche : “On doit d’abord penser à nous et on va prendre match après match contre l’Arago. On ne peut pas penser autrement. Ce serait bien de commencer vendredi fort dans notre Arena. Il ne faut pas trop réfléchir car, comme on l’a montré en Challenge Cup, ce n’est pas toujours l’équipe la plus forte qui gagne.

Coach Falasca sait qu’il devra annihiler les attaques de Karlitzek et Sclater les deux gros bras qui ont porté l’Arago de Sète en tête du championnat au coeur de l’hiver. Finalement cinquièmes, les hommes de Patrick Duflos (qui quittera Sète à la fin des playoffs mais restera dans la région) ont les armes pour éliminer la valeur montante du volley languedocien. Ils l’ont prouvé en gagnant à Narbonne en quart de finale de la coupe de France. “On est très satisfait de notre saison régulière, avoue le coach sétois Patrick Duflos. C’est bien mais ce n’est pas une finalité. L’ambition est là face à un champion d’Europe bien équilibré, sans trop de faiblesses.” Et quand Karlitzek va, tout va pour l’Arago qui va compter sur son joueur décisif pour monter son exigence d’un cran et gagner au moins un match à Narbonne : “C’est l’objectif avant de revenir au Barrou. Les Centurions auraient alors plus de pression et nous serions en pleine confiance avant deux matchs à domicile.”

Paris Volley, une bonne tête de trouble-fête

Qualifié pour les play-offs, l’objectif fixé en début de saison, grâce à une sixième place un peu inespérée, le Paris Volley s’apprête à défier Montpellier, une équipe “construite pour jouer le titre” avec, pour commencer, deux déplacements périlleux en terre héraultaise. Le contexte est loin d’être idéal sur le papier, d’autant que le Paris Volley n’a pas la profondeur de banc du MHSC. Il a suffisamment payé cette saison pour le savoir. Reste que le club de la capitale a fini la saison en trombe par trois victoires d’affilée, dont une très sèche (3-0) face à Montpellier, lors de la dernière journée. “Je m’attends à retrouver une équipe plus agressive, plus concernée, prévient cependant Dorian Rougeyron, le coach parisien. Les joueurs se transcendent naturellement pour les playoffs, je pense qu’ils auront mis ça de côté.”

Pour déjouer les pronostics, le Paris Volley entend donc s’appuyer sur les récents progrès effectués: “Ce que j’ai souligné récemment, c’est le fait qu’on a une équipe qui est construite pour être plutôt solide sur son side out, avec un premier contact assez stable. On savait qu’on avait des qualités dans ce secteur, explique Rougeyron. En revanche, on n’a pas forcément un énorme impact au service, ni des contreurs sur les bouts de filet avec une dimension morphologique et athlétique folle. Ce qui me plait depuis quelque temps, c’est qu’on a quand même un minimum de qualité de service. On apporte de la variation, des intentions, un sens tactique. Même chose au bloc. On est plutôt organisés avec des intentions, ça nous permet d’exploiter nos qualités défensives, et à la défense d’exister. On a passé un petit cap à ce niveau- là, sur les phases de jeu où on détient le service. La défense est l’ADN de l’équipe, mais la relation service block est beaucoup plus cohérente en ce moment.

Nice et Tourcoing, en quête d'exploit

Après le trublion Paris Volley, Tourcoing et Nice ont l’inconvénient d’affronter les deux favoris, respectivement Tours et Chaumont. Désavantage ? Pas si sûr. Opposé à la meilleure équipe de la saison régulière, le Nice Volley-Ball ne part pas en victime expiatoire des confrontations au meilleur des 5 matchs. Ce serait méconnaître les aspirations du coach Rafael Redwitz. “Augmenter le degré d’exigence et avoir une culture de haut niveau a été l’objectif de la saison", rembobine le technicien du NVB. Redwitz veut valider les progrès de son groupe dans cet esprit de performance, qu’il réponde présent dans l’engagement, la motivation, pour "jouer un match comme si c’était le dernier": "On a toujours quelque chose à perdre et à gagner. La victoire ou la défaite est une conséquence de notre engagement. C’est notre histoire qui m’intéresse, nos limites qu’on doit dépasser. Il faut qu’on se mette la pression pour démontrer qu’on est au niveau de cette qualification en playoffs.”

Après avoir travaillé 10 jours sur une opposition prévue contre Tours, le changement d'adversaire, la veille du départ de l'équipe en Touraine, a changé les plans du coach de Tourcoing, Mauricio Paes. Boosté par son succès in extremis en Coupe de France, Chaumont ne va pas opposer les mêmes arguments. Une fois la pilule avalée, le madré technicien du TLM, ancien adjoint de Bernardinho en équipe de France, reconnaît qu’il devra avant tout résoudre l’irrégularité chronique de son groupe. “Il faut être capable de poser des problèmes aux Chaumontais, pour les pousser à la faute, mais notre faiblesse est qu’on a montré qu’on est capable de réaliser des choses aussi exceptionnelles que médiocres, analyse coach Paes. Je suis focalisé sur mon groupe, sur nos capacités à imposer notre jeu, notre aptitude à faire mal à Chaumont.” Si Chaumont est le favori logique de la confrontation, Tourcoing avec son passeur au jeu atypique a quelques atouts à faire valoir.

QM et MB