Volley: les coulisses de l’élection coup de tonnerre de Jean Azéma à la Ligue

"En avant les clubs!". C’est par ces mots que Jean Azéma conclut son mail de candidature, que RMC Sport s'est procuré, envoyé quelques jours avant l’élection du 26 septembre à la quarantaine de votants des clubs professionnels de la LNV. L’ancien président du club de Toulouse (2008-2022) et membre du comité directeur sortant, n’est pas un inconnu pour le microcosme. Ce professeur d’université toulousain s’était élevé lors du dernier comité directeur de la Ligue, en juin dernier, contre les méthodes du président Bouget. Un échange orageux qui a fait date pour les frondeurs.
La présidence Bouget a crispé
Durant l’été olympique, l’opposition s’est organisée pour présenter un projet porté par cet homme affable. En trois axes principaux et sept pages, Azéma exprime sa vision du changement: attirer plus de spectateurs, calendrier élargi, plus de clubs pro et plus de matchs pour améliorer les finances, une ligue plurielle et inclusive, développer le volley féminin, travailler sur les centres de formation, adapter la Licence Club aux spécificités géographiques et économiques des équipes, etc. Un programme "en rupture avec les méthodes de gouvernance actuelle (…) plus participatives, respectueuses et collaboratives". Voilà pour les grandes idées d’un programme aujourd'hui encore à parfaire. La volonté de changement d’une armada de jeunes patrons de clubs et le ras le bol d’une présidence jupitérienne, verticale et "parfois blessante" ont fait le reste.
Jeudi matin, les membres de l’Assemblée Générale sont arrivés de toute la France dans la grisaille parisienne. Pour la plupart, partis de Province, la journée a commencé dès potron-minet par un voyage en avion ou en train. Le rendez-vous était fixé à 9h30 dans le grand bâtiment blanc de l’hôtel Best Western, entre Orly et Rugis. Dans un premier temps, les 35 présidents de clubs professionnels ainsi que les six représentants des entraîneurs et du syndicat des joueuses et joueurs devaient élire en assemblée générale leurs représentants au comité directeur. L’élection s'est jouée en trois actes.
Acte 1, les premiers résultats sortis des isoloirs (le vote n’est pas électronique) ont rapidement et clairement établi une hiérarchie. "Dès les premiers suffrages chez le collège des indépendants, on sent bien que le courant favorable à Jean Azéma récolte le plus de voix", raconte un votant à RMC Sport. Concrètement, les soutiens à l’universitaire toulousain oscillaient à 22-23 voix quand les pro-Bouget obtiennent difficilement 20 voix. "Et là, surprise! Yves Bouget, le président sortant, issu de ce collège des indépendants, n’est pas élu au comité directeur", confie un votant. Un coup de tonnerre. Un de plus dans le volley français, après la signature de la star des Bleus Earvin Ngapeth, double champion olympique, à Poitiers.
Vers 12h30, une chose est déjà sure: la LNV aura un nouveau président. Après ses quatre années de mandature durant laquelle l'opposition à ses méthodes fût croissante, Yves Bouget a été "swipé" du nouveau comité directeur. Trop dur, trop rigide et pas assez à l'écoute pour les frondeurs.
Acte 2, le nouveau comité directeur devait voter pour un président. Il ne faisait plus de doute que Jean Azéma, candidat déclaré devenu grand favori, allait se présenter. Il avait face à lui Philippe Peters, le président des Mariannes 92 (Levallois Paris Saint-Cloud). Élu de justesse dans cette instance, le patron des championnes de France en titre s'est davantage présenté pour porter la voix de l’ancienne majorité que pour briguer la victoire. En début d’après-midi, le chemin était tracé pour Jean Azéma qui a recueilli 20 voix, contre une abstention et une voix pour M.Peters. Acte 3, de retour devant l’assemblée générale, Jean Azéma est élu vers 15h30 président de la LNV avec deux tiers des voix.
À la sortie de la représentation, la joie des vainqueurs contraste avec les regrets du camp Bouget. "Ce sont des guerres de clochers plutôt que des explications sur le fond", regrette l’un tandis qu’un autre applaudit "le gros travail réalisé ces quatre dernières années. La Licence Club a été un grand virage pour les clubs en les poussant à se structurer". Si l’inquiétude autour de la nouvelle gestion de cette Licence Club règne dans un camp, les frondeurs insistent pour que "le développement du volley ne se fasse plus à marche forcée. Il y aura maintenant des échanges et du respect pour développer le volley de demain, chacun à son rythme, selon ses moyens".
Dans son premier discours de président, Jean Azéma a expliqué qu’il serait le président de tous les clubs, "respectueux des gens, de la professionnalisation différenciée des clubs (…) pour éviter la casse". Jean Azéma devra entraîner tous les clubs professionnels avec lui. C’est sa gageure. Et elle est vitale.