Athlétisme: "Quand je me sens inférieur, j'ai envie de tout péter", Mayer ambitieux avant le meeting de Bercy

Kevin Mayer avec un bandage à la cheville droite, c’est inquiétant ou c’est de la prévention?
J’ai fait des gros entraînements donc je suis assez fatigué. Cette semaine c’était plus light donc je commence à revivre un peu. Mais ce n’est pas encore totalement bon et c’est toujours pareil la saison hivernale, c’est pour me préparer à l’été. Il y a toujours des petites douleurs à droit à gauche. Ça fait trois fois de suite que je suis forfait ici, j’espère que ce ne sera pas le cas cette fois. J’ai des petites tensions au tendon d’Achille mais trois fois moins que l’année dernière et j’ai fait des très bons départs en starts tout à l’heure (ce vendredi après-midi), donc ça devrait aller.
Avec du lourd en face de vous sur 60m haies (PML, Manga, Martinez…), vous pouvez viser quoi?
J’ai souvent battu mon record en étant contre des gens plus forts que moi. Et là ce sera blindé que de gens plus forts. Je vais profiter de leur adversité pour aller les bouffer. Je sais que ce sera très compliqué. A chaque fois que je me sers de cette petite ambiance, de se savoir inférieur, j’ai envie de tout péter. Ça donne souvent des belles choses. Mais aucune pression sur le fait de gagner ou pas. Mais cette adrénaline que ça me procure, c’est une préparation aussi pour les grands championnats.
Pour les championnats d'Europe en salle d'Istanbul par exemple?
J'ai déjà été deux fois champion d'Europe et il y a moins de niveau qu'aux Mondiaux. Ce n'est vraiment pas la priorité. C'est un très bon réglage pour Budapest donc si tout est au vert, j'irai. Mais si par exemple, j'ai encore des tensions au tendon d'Achille, je me préserverai.
La pression du public aussi, plus de 8.000 spectateurs attendus à Bercy. Ça peut vous aider à réaliser de grosses performances?
Je ne sais pas. En termes de probabilités, ça se ressent par contre. Aux JO de Tokyo dans un stade vide, j’étais moins forts dans les épreuves. Plein de choses ont montré que le public aidait à faire des performances. Pour le plaisir et la perf, c’est beau d’avoir un public toujours plus nombreux pour l’athlétisme. Paris, c’est un meeting international, c’est le show en plus on est en France. Ça fait des frissons. Faut parfois arrêter de penser chrono ou résultat, il faut aussi savoir profiter de ces moments-là.
Est-ce que ton statut de double champion du monde désormais t’apaise, ou te motive encore plus ?
Ce qui est fait n’est plus à faire. Mais je ne vis pas pour me contenter de mes médailles. Je veux surtout vivre mes médailles. Plus j’en vis, plus j’ai envie d’en revivre. J’ai toujours la même envie avec peut-être un peu plus de sagesse. Donc un peu plus de recul et de confiance.
Votre objectif de 2023, c’est cet été avec les championnats du monde de Budapest où vous viserez un troisième titre mondial. Vous arrivez donc à faire abstraction des Jeux olympiques qui vont arriver très vite?
Un troisième titre de champion du monde c’est quelque chose quand même… Cela n’a jamais été fait par un athlète en France. On peut marquer l’histoire. J’ai dû mal à me dire en plus qu’un championnat du monde, ce n’est pas grand-chose. Même s’il y a les JO après, un an c’est très long. Si je commence déjà à y penser, cela veut dire que je vais subir, que je vais être dans le futur. Même si l’été c’est le plus important, je vis ma best life, Bercy c’est un meeting de dingue. Je suis absent ici depuis 2018, j’ai vraiment hâte d’être avec les hurdlers, ce sera vraiment cool.
Un petit mot sur votre collaboration avec votre ami d’enfance et entraîneur depuis deux ans Alexandre Bonacorsi. Quel bilan tirez-vous?
Ça roule super bien. C’est avec lui que j’ai découvert l’athlétisme, il a deux de plus que moi et était plus fort que moi en athlé quand j’étais petit. On a un bon équilibre, on se comprend. Il prend beaucoup de recul, je lui ai demandé, je veux être maître de mon projet. Je gère ma préparation physique, pareil pour les intentions techniques. Alexandre est là pour m’aiguiller. Le projet est beaucoup plus entre mes mains qu’avant. Franchement, ça me plait bien même si on a plus d’attentes sur les résultats parce qu’on ne peut pas rejeter la faute sur un autre si on y arrive pas (rires).