Historique ! Kevin Mayer recordman du monde du décathlon: l'itinéraire presque parfait du héros

Certains parleront de destin, d'autres de force divine venue d'ailleurs. D'autres encore avanceront qu'il ne s'agit que de travail. Peu importe les explications, une chose est sûre: Kevin Mayer donne le sentiment que c'était écrit. Des mois, des années que tout le monde lui parle de record du monde, le bassine même avec...
"Depuis que j’ai le potentiel, on me parle tout le temps de ce record"
"Depuis que j’ai le potentiel, on me parle tout le temps de ce record du monde, confiait-il sur RMC le 1er septembre. Mais je n’ai pas beaucoup de marge. Il faudrait que je fasse des performances très proches de tous mes records dans les dix épreuves. On ne peut pas envisager ça dès le début. Eventuellement après la perche."
Une prudence qui prend racine récemment, dans ces championnats d'Europe complètement manqués à Berlin: trois essais ratés à la longueur lui avaient fait abandonner ses ambitions de podium et l'avaient donc poussé à l'abandon. Mais les épreuves, plutôt que de vous enfoncer, révèlent souvent votre vraie nature. Et le Français a en lui ce sursaut d'orgueil qui le pousse à réagir et se dépasser sans cesse.
Déjà prodige chez les jeunes
Champion du monde cadet en 2009, champion du monde junior en 2010... Cela fait bien longtemps que la star de l'athlétisme tricolore est sur les tablettes des observateurs. Si bien que tous lui prédisaient déjà les sommets en 2012, au moment de ses débuts chez les grands.
Kevin Mayer a tout pour lui. Et sa plastique autant que l'attrait des sponsors auraient pu rapidement lui fait perdre raison, comme ce contrat de huit ans signé avec un équipementier américain... quand les contrats n'excèdent généralement pas les quatre ans. Mais tout était finalement contenu dans son choix de discipline. Dès le départ donc. Les épreuves combinées sont un monde à part au sein de l'athlétisme: pas d'autre adversaire que vous-même et votre compteur points, au sein d'un collectif qui se soutient au fil des différentes disciplines. De quoi vous faire garder les pieds sur terre... surtout pendant que les stars du 100m écument la piste en pleine lumière.
L'apprentissage chez les seniors
Passer chez les seniors vous fait entrer dans un nouveau monde. Il lui aura fallu quatre ans pour s'ériger en nouveau cador du décathlon. Le temps de disputer ses premiers Jeux olympiques à Londres et de terminer 15e, le temps de prendre l'argent européen en salle en 2013 à Göteborg, de digérer cette médaille en chocolat aux Mondiaux de Moscou... Vice-champion d'Europe à Zurich en 2014, il grimpe donc dans la hiérarchie... jusqu'à l'adoubement.
Il a lieu à Rio, au terme d'un décathlon fantastique qui aura entretenu le suspense jusqu'au bout du 1.500m final. Ashton Eaton, la légende, le recordman du monde de la discipline qui a établi sa marque à 9.045 points en 2015. En argent, Kevin Mayer reçoit un "I love you" mythique de son idole et désormais ami. Une façon de passer le témoin.
L'adoubement d'Eaton
La retraite d'Ashton Eaton a définitivement propulsé son fils spirituel dans la lumière. Bourreau de travail, il enchaîne les folles séances d'entraînement, choisit de délaisser un peu le demi-fond pour s'améliorer sur le sprint, continue à faire tomber un à un ses records personnels... Les médailles arrivent: champion d'Europe en salle à Belgrade, il devient surtout champion du monde à Londres l'an dernier. Un accomplissement... mais pas une fin en soi.
Ne manquait qu'une chose pour couronner sa domination: un record du monde. 9.126 points, nouvelle meilleure marque de tous les temps... alors que la barre des 9.100 points semblait infranchissable. "Quelle incroyable démonstration ! Je suis super heureux pour Kevin Mayer, et même encore plus pour l'avenir du décathlon, a tweeté ce dimanche Ashton Eaton, après ce 1.500m historique. Pour moi, le fait de repousser ses limites a toujours été important, autant que d'inspirer les autres à faire de même. Plus les 9.000 points deviendront un lieu commun, mieux ce sera !"
"Les nuages, je suis au-dessus, je vois le soleil"
"Je n'arrive pas du tout à réaliser ! Les nuages, je suis au-dessus, je vois le soleil. Et je prends même des coups de soleil ! Je me fiche d'être comparé à Usain Bolt ou qui que ce soit, explique Kevin Mayer sur RMC Sport après son couronnement ce dimanche. J'ai réussi à enchaîner un décathlon énorme mais Ashton Eaton reste mon exemple. J'ai hâte de l'appeler pour lui dire merci pour tout ce qu'il m'a amené. C'est vraiment un exemple." Un exemple... champion olympique. Le prochain objectif du décathlonien à part, désormais sur le toit du monde.