F1: après l'euphorie, des tuiles et des doutes chez Ferrari

C’est une image forte, une image qui a dû faire mal aux amoureux de l’écurie au cheval cabré. Et c’est aussi un aveu de faiblesse. Ce dimanche en Azerbaïdjan, alors que les monoplaces concurrentes avalaient les derniers tours du circuit urbain de Bakou et que Red Bull se dirigeait vers un joli doublé Verstappen-Pérez, le personnel de Ferrari s’employait lui à enlever les ultimes traces de vie du muret des stands, à vider les garages, et charger les camions. Le huitième Grand Prix de la saison 2022 n’était pas encore terminé que le week-end de course de la firme italienne avait déjà tourné au cauchemar. Comme un peu trop souvent ces dernières semaines…
Quatre pole de suite pour Leclerc... et un seul podium
Retour à la mi-mars. Avant la grande rentrée à Bahreïn, Ferrari aborde le nouvel exercice avec appétit. La dernière monoplace semble bien née, et la pré-saison a laissé entrevoir les grosses difficultés à venir de Mercedes. Le résultat des premières batailles ne fait que renforcer l’enthousiasme du côté de Maranello : non seulement Ferrari est à la bagarre avec Red Bull, mais il est même plus performant. Charles Leclerc s’impose à Bahreïn devant Carlos Sainz pour le premier doublé Ferrari depuis trois ans, il prend la deuxième place en Arabie saoudite (où Sainz termine troisième), et s’impose de nouveau en Australie lors de la troisième manche, même si le tableau est un peu terni par la sortie de piste de son équipier espagnol dès le deuxième tour. Reste qu’à ce moment-là, Leclerc est en tête du classement pilotes, et Ferrari de celui des constructeurs.
Deux mois plus tard, la donne a bien changé. Non seulement Leclerc n’est plus leader du général ce dimanche soir, mais il est même tombé au troisième rang, à 34 longueurs de Max Verstappen, et 13 de Sergio Pérez. Sainz n’est lui que cinquième derrière George Russell, régulier avec une Mercedes limitée, et Ferrari accuse désormais 80 points de retard sur Red Bull au classement par équipes.
Entre-temps, la firme italienne a collectionné les tuiles et les boulettes. Surtout lors des trois derniers week-ends de course, au grand désespoir de Charles Leclerc. Poleman en Espagne (22 mai), le Monégasque abandonne sur panne moteur alors qu’il est en tête avec 12 secondes d’avance sur son poursuivant. Encore poleman à Monaco (29 mai), chez lui, il est piégé par la stratégie des Red Bull et plombé par celle de son équipe, qui le bloque maladroitement derrière Sainz aux stands. Résultat: une quatrième place pour Leclerc, une deuxième pour Sainz. Avant le naufrage ce dimanche en Azerbaïdjan, donc, et ce double abandon, sur problème hydraulique pour Sainz, et nouvelle panne moteur pour Leclerc. Le pompon pour les tifosi, l’incident de trop pour le pilote numéro 1.
"Ça fait mal"
"Les mots sont difficiles à trouver, là... Ça fait mal, a lâché le Monégasque à chaud, au micro de Canal+. Ça fait trois week-ends d'affilée, donc ça fait mal. Je ne sais pas ce qui est arrivé. (…) A partir de demain, je vais essayer d'effacer ce qui s'est passé mais bon, là ça fait trois coups durs." Et de répéter: "La motivation est toujours là, mais ça fait mal."
Et ça inquiète, forcément. Car si les Ferrari sont rapides, en témoignent les résultats brillants de Leclerc en qualifications, elles ne sont pas, ou plus fiables. Un souci pour Mattia Binotto. "La fiabilité est toujours un facteur clé dans la bataille, comme la performance, a reconnu le directeur de la Scuderia Ferrari auprès de Sky Sports. En tant qu'équipe, nous avons beaucoup poussé l'hiver dernier pour développer la voiture, mais nous avons prouvé que nous ne sommes pas encore totalement fiables. Il y a encore du travail à faire."
Trop pour espérer inverser la tendance, et bousculer de nouveau les Red Bull? "On ne s’était pas trop excité au début de saison, on ne va pas dramatiser non plus aujourd’hui, a tempéré Binotto pour Canal. (…) Il faut de la patience parfois, il y a un début de saison qui était positif, actuellement c’est un peu plus difficile mais ça peut tourner." Dès le prochain Grand Prix? Réponse dimanche prochain, à Montréal.