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F1: "Ce n'est pas de la chair à canon", la colère du père de Jules Bianchi après la frayeur de Pierre Gasly avec la grue

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Le Français Pierre Gasly (AlphaTauri) s'est fait une énorme frayeur ce dimanche lors du Grand Prix du Japon, en passant tout proche d'une grue de levage déployée sur le circuit alors qu'il était toujours en piste, sous la pluie. Un incident qui énerve particulièrement Philippe Bianchi, le père de Jules Bianchi, pilote décédé après un drame similaire en 2014. Selon lui, les organisateurs n'ont pas appris de leurs erreurs passées, comme il l'a raconté ce dimanche soir dans Bartoli Time, sur RMC.

"J'aurais pu me tuer." Si le Grand Prix du Japon a permis ce dimanche à Max Verstappen (Red Bull) de décrocher un deuxième titre mondial, il a aussi été marqué par un sérieux incident dès le début de course, quand Pierre Gasly (AlphaTauri), qui roulait à vive allure sous une pluie battante, a frôlé une grue déployée en pleine piste pour aller récupérer la monoplace de Carlos Sainz (Ferrari). De quoi provoquer une énorme peur au pilote français, comme il l'a confié à chaud, de quoi aussi énerver Philippe Bianchi, père de Jules Bianchi.

Ce dernier avait perdu la vie après un drame similaire en 2014, déjà à Suzuka. Et selon son père, les organisateurs ont encore commis ce dimanche de graves erreurs. C'est ce qu'il a raconté dans Bartoli Time, sur RMC.

"On dit à Pierre qu’il allait trop vite, c’est rigolo, c’est ce qu’on avait dit de Jules aussi"

"En fait, moi je n’ai pas regardé ce Grand Prix. Je regarde normalement car je suis très proche de Charles (Leclerc) et de Pierre aussi, mais quand c’est celui du Japon, je ne peux pas regarder, a d'abord soufflé Philippe Bianchi. J’ai vu cet incident sur les réseaux sociaux. Effectivement j’ai beaucoup, beaucoup de colère. Quand vous mettez un drapeau rouge, vous savez qu’il y aura une interruption assez longue derrière. C’est incohérent (de faire entrer la grue sur la piste aussi rapidement, ndlr)."

Tout comme, d'après lui, la sanction infligée à Pierre Gasly après coup, pour avoir enfreint les règles sous drapeau rouge. "On dit à Pierre qu’il allait trop vite, c’est rigolo, c’est ce qu’on avait dit de Jules aussi, grince Philippe Bianchi. Mais ils conduisent une Formule 1, une voiture avec un appui aérodynamique important : plus vous roulez vite, plus vous êtes plaqué au sol. Les pilotes ne peuvent pas ralentir beaucoup sous la pluie, puisque plus vous allez ralentir, plus la voiture va perdre en adhérence. C’est débile de pénaliser Pierre pour ça."

"Je pense que je vais écrire un courrier à la FIA"

Et surtout, c'est une manière de rejeter la responsabilité sur le pilote, alors que le problème est ailleurs. "Ce qui me choque aujourd’hui c’est que dans un drame comme on a vécu (celui de 2014, ndlr), la seule chose de positif qu’on peut tirer, c’est de se dire ‘si ça a pu faire avancer les choses et que ça sauve des vies…’ Ce qui a été le cas avec le halo, je pense. Mais là, c’est hallucinant. Je me dis : mais où est le respect pour Jules, pour notre famille, ses supporters et les autres pilotes de F1 ? Ce n’est pas de la chair à canon. Rien ne justifie ça. Il y a quelqu’un qui donne un ordre à un moment donné… Mais on botte en touche. Je suis particulièrement contrarié. Je pense que je vais écrire un courrier à la FIA parce que je ne veux pas que ça continue. Je ne veux pas que demain il y ait un autre incident de ce genre. Si Jules est parti, il faut au moins que ça serve à cela."

Et de conclure: "Il faudrait qu’on arrive à nommer quelqu’un qui est responsable de ça. Ce que je ne comprends pas, c’est que moi j’ai géré des pistes de karting, et je faisais des briefings avec les gens de l’organisation. Tout le monde savait ce qu’il avait le droit de faire ou non. Sur un circuit aussi sensible que Suzuka, avec un Grand Prix qui se court en octobre parce qu’ils savent qu’il pleut souvent au Japon et que ça peut faire du spectacle, comment on peut ne pas traiter ce problème ? Comment on peut laisser des engins de chantier sur une piste de F1 ? On m’a dit un jour : ton fils connaissait les risques de son métier. Effectivement. Mais il me disait qu’il avait confiance en les organisateurs. (…) Mais là… Comme l’a dit Pierre, il peut perdre le contrôle de sa voiture et finir sous la grue."

C.C. avec Bartoli Time