F1: et si le GP de Monaco disparaissait du calendrier?

Les yachts dans le port à proximité immédiate avec le circuit, les spectateurs aux fenêtres surplombant la ligne d'arrivée, les célébrités dans le paddock, les monoplaces qui frôlent les barrières de la piste, les imperfections de l'asphalte qui rappellent que le trafic automobile est ouvert sur le tracé le reste de l'année... Le Grand Prix de Monaco, prévu ce dimanche, est toujours un rendez-vous spécial en Formule 1. Contrairement à la tradition, le week-end de course cette année (73e édition) ne débute pas le jeudi, mais le vendredi (comme partout ailleurs finalement). Faut-il y voir un mauvais présage? Car cette édition 2022 marque la fin du contrat qui lie la Principauté à la F1.
Selon L'Équipe, un nouveau contrat de trois ou cinq ans est discuté dans des négociations qui sont en cours. "Nous avons jusqu'à la fin de l'année pour conclure. (...) Je pense que l'on va aboutir. J'en suis même sûr", a commenté le prince Albert II de Monaco dans les colonnes du quotidien.
Dépassements quasi impossibles
Si le GP de Monaco est sans doute le plus connu et le plus prestigieux de l'année, il s'avère aussi que c'est bien souvent le GP le moins divertissant de la saison pour les téléspectateurs. Avec les barrières rapprochées et les virages très serrés, son tracé si particulier font que les dépassements sont quasi impossibles en course (hors passages aux stands). D'autant que les monoplaces deviennent constamment de plus en plus larges et de plus en plus longues.
La performance de pilotage est, certes, exceptionnelle. Le défi procure beaucoup de plaisir aux pilotes, qui aiment repousser leurs limites, en particulier lors des qualifications. Les caméras embarquées d'Ayrton Senna, en 1988 et 1990, sont un régal pour n'importe quel amateur de la discipline. Mais à l'heure où les décideurs de la F1 ne cessent de chercher des solutions (changements dans le règlement technique) pour rendre les courses plus palpitantes, le spectacle du dimanche s'avère terriblement insuffisant. Pour ne rien arranger, la réalisation TV, qui est gérée exclusivement par l'Automobile club de Monaco, fait l'objet de critiques récurrentes.
Monaco a de la concurrence
Les défauts du GP posent d'autant plus problème pour ceux qui estiment qu'il y a désormais beaucoup de trop de courses au programme. Cette année, le paddock va se déplacer sur 22 circuits (23 étaient prévus initialement, avant l'annulation du GP de Russie en raison de la guerre en Ukraine). Il y a 20 ans, le calendrier se limitait à 17 manches.
Aussi, les particularités qui ont longtemps été propres à Monaco sont aujourd'hui disputées par d'autres circuits. Pour le tracé urbain et serré, Singapour, Bakou et Djeddah sont des alternatives crédibles. Pour les strass et paillettes, il y a désormais Miami et bientôt Las Vegas. Pour le côté historique, Monza, Spa-Francorchamps et Silverstone existent toujours.
"Monaco est extrêmement spécial, il y a une histoire derrière"
C'est en fait sans doute grâce à ce dernier point que le GP de Monaco, inscrit au calendrier depuis la création de la F1 en 1950, semble encore protégé aujourd'hui. "Je ne pense pas que vous puissiez remplacer Monaco", a récemment commenté le champion du monde Max Verstappen. "Monaco a une telle histoire, et bien sûr, cela demande du temps pour l'écrire. (...) C'est une autre culture également, ce qui est bon à avoir, car ce serait très ennuyeux de piloter tout le temps dans des lieux avec la même culture", a-t-il dit comme rapporté par Motorsport. Le son de cloche est identique chez Esteban Ocon: "Monaco est extrêmement spécial, il y a une histoire derrière, et il s'agit d'une manière de piloter que vous ne retrouvez nulle part ailleurs". Idem pour Pierre Gasly: "Ce serait un peu un choc si Monaco était supprimé du calendrier. (...) Spa et Monaco, ce sont mes deux circuits préférés. Je pense qu'ils font partie de l'Histoire et de l'ADN de la Formule 1 et qu'ils devraient figurer au calendrier chaque année".
Pour que le GP de Monaco soit organisé en 2023, le prince a reconnu que l'accord avec le promoteur américain Liberty Media ne pourrait se faire "aux conditions du passé". "Il va falloir travailler avec Liberty et la F1, voir comment on peut continuellement s'adapter, améliorer le circuit et les infrastructures pour être toujours performant et pouvoir toujours accueillir au mieux la F1 et les autres épreuves annexes dans de bonnes conditions", a-t-il précisé.
Toute la réflexion concernant le Rocher est aussi une affaire de gros sous. D'après la presse britannique, Monaco paie environ 14 millions d'euros par an pour accueillir la F1. Pendant ce temps, l'Arabie saoudite doit en débourser 50. Il est fort probable que la facture grimpe avec le nouveau contrat. Le prix à payer pour rester la course la plus prestigieuse de la discipline reine du sport automobile?