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F1: Le Grand Prix de Singapour, cet enfer pour les pilotes

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Ce dimanche (14h10), les pilotes braveront les 61 tours du Grand Prix de Singapour. Avec son tracé urbain et sa chaleur étouffante en plus d'un départ en nocturne, la course s'apparente à un enfer physique pour les pilotes.

Si l’enfer avait un nom, Singapour lui siérait si bien. Cité-état au climat propice à maintes activités, pourvu qu’elles ne soient pas sportives, ni liées à quelconque moteur pouvant contribuer à réchauffer l’atmosphère déjà étouffante.

Une température qui avoisine les 60 degrés 

Et pourtant, si aucun tracé permanent n’existe dans ce confins de l’Asie du Sud-Est, il y aura bien ce dimanche une course. Longue. Très longue même. 61 tours. Soit un peu plus de 300 kilomètres. Comme d’habitude, c’est vrai. Mais finalement, non. Parce que cette course de nuit est le paroxysme du défi physique. Celui qui rappelle que les pilotes de Formule 1 sont des athlètes de haut niveau. Au menu de ce dimanche pour le moins copieux, 1 403 virages à avaler. Pas dans une chaise confortablement assis comme il est de coutume lors du repas dominical. Mais dans le baquet d’une monoplace, où la température avoisine les 60 degrés. En petite tenue, difficile de résister. En combinaison, ganté, cagoulé et casqué, on vous laisse imaginer...

L’an passé, Charles Leclerc avait perdu deux kilos entre les essais libres et le départ du Grand Prix. Auxquels vous pouvez ajouter deux ou trois autres kilos laissés sur l’asphalte durant la course. Deux heures de sport pour trois kilos perdus, voilà bien une technique qui intéresserait nombre de vendeurs de régimes. Sauf que les pilotes, eux, n’ont pas grand-chose à perdre si ce n’est de l’eau. Liquide qu’ils oublient d’ailleurs de boire durant la course. Par manque de temps, ou d’envie. Et on les comprend... L’eau à 60 degrés, on a connu plus agréable. Mais nombreux sont ceux, surtout, qui n’y pensent pas. Perdus dans une concentration extrême, celle de tous les instants, celle qui permet d’aller vite tout en évitant les murs qui vous attirent de plus en plus à mesure que la course avance.

La voiture de sécurité y a toujours fait son apparition 

Ne pas commettre de faute relève de l’exploit. Commettre une faute sans heurter un mur relève d’un double exploit. Souvent, ce tracé tortueux a le dernier mot. D'ailleurs, si la voiture de sécurité a toujours fait son apparition en 11 éditions, cela veut tout dire. Il n’est pas question que Bernd Mayländer – le pilote de la Safety Car - n’aille pas défier au moins du regard les murs de la cité. Lui aussi doit mouiller le maillot, ou plutôt la combinaison. Comme l’ensemble des pilotes du plateau, qui finissent pour la plupart exténués. Vidés. Ce qui n’est d’ailleurs pas sans rappeler certaines vieilles images des années 80.

A l’arrivée, les visages sont fatigués. Les pupilles dilatées. La peau rougie par l’effort. Les combinaisons, elles, ont changé de couleur. Les pilotes s’apparentent à de grands jerricanes d’eau qui fuient tant ils dégoulinent. Certains sont déçus, d’autres heureux. Les interviews parfois un peu lunaires du fait du manque de lucidité. Mais finalement, venir à bout de cet espèce de serpent lumineux prend des allures de petite victoire, semblable au bonheur de celui qui termine son premier marathon. Singapour, c’est l’enfer. Et pourtant, il n’y a pas ou peu de prestige à en tirer. Alors qu’à Monza, c’est tout droit. Il fait bon. Et en cas de victoire, vous pouvez entrer au Panthéon …

GL avec Lucas Vinois à Singapour