F1: "Melbourne, ce sera le début de l'histoire" pour Sauber selon Frédéric Vasseur

- - -
Quels sont les objectifs de l'écurie Alfa-Romeo Sauber pour cette saison 2018? Après quelques années difficiles…
On sort d’une période compliquée, d’une saison 2017 qui a été dure en termes de performances (dernière place au classement des constructeurs pour l'écurie suisse avec cinq points). Maintenant, on a un projet clair avec Alfa-Romeo, qui est un projet à moyen et long terme. Cette première saison de collaboration va déjà nous permettre de recoller au peloton, mais également et surtout de bâtir un projet, de recruter, de structurer l’écurie pour être en ordre de marche pour le futur. Je n’aime pas le terme "année de transition" parce que cela fait penser à de mauvaises périodes, mais je pense que le plus important pour nous est de recoller au peloton. D’avoir des résultats, sans ambition particulière, mais de travailler surtout sur la structuration de l’écurie.
En quoi le nouveau partenariat avec Alfa-Romeo va vous permettre de recoller au peloton?
Déjà, parce qu’on fait un petit bond en avant en performance avec le moteur Ferrari 2018, qui va nous permettre de recoller. Mais je pense aussi que pour l'attractivité de Sauber, c’est un énorme pas en avant. Sur le sponsoring par exemple, on a beaucoup de nouveaux partenaires qui arrivent et qui sont séduits par le projet. Et puis aussi dans le recrutement. On n’a jamais reçu autant de CV qu’aujourd’hui, d’ingénieurs qui veulent faire partie de l’aventure.
Le fait d'avoir eu de mauvaises conditions météo la première semaine d’essais à Barcelone, est-ce que ça vous pénalise plus que les autres équipes? Car pour vous, plus que pour les autres écuries, ces essais étaient très importants.
Je ne sais pas si ça nous pénalise plus. C’est sûr que ce n’est pas idéal pour nous, pas idéal pour Charles (Leclerc) qui débute en F1. Mais je pense qu’il ne faut pas se lamenter, c’est pareil pour tout le monde. Il faut être concentrés sur notre travail. L’objectif, ce n’est pas uniquement de faire un résultat, ou pas, à Melbourne (pour le premier Grand Prix de la saison, en Australie, le 25 mars), c’est d’être capable de progresser, de développer course après course. Donc il faut qu’on sorte de cet état d’esprit, qu’on ait une vision à moyen terme.
Les écuries jouent un peu à cache-cache pendant les essais. Malgré tout, arrivez-vous à vous situer par rapport à la concurrence?
Non, c’est très dur. On ne sait pas quel mode moteur est utilisé… Aujourd’hui, on a un panel de pneus tellement large qu’en trois jours on a du mal à savoir où l’on en est. Il y a la quantité d’essence aussi... Bref, il y a tellement de paramètres qui jouent, c’est très compliqué de répondre à cette question. Après, je pense que comparé à nos concurrents directs, on a sûrement fait un pas en avant. De toute façon, on aura le résultat uniquement à Melbourne. Et encore, Melbourne ce sera le début de l’histoire.
Quand pensez-vous pouvoir tirer le maximum de la voiture? Au moment du retour en Europe (pour le Grand Prix d'Espagne, à Barcelone, le 13 mai)?
Honnêtement, j’espère ne jamais l’atteindre! Car le but de mon projet, c’est de progresser course après course. Donc si je vous disais que l’objectif, c’est d’avoir tout en place en Espagne, je manquerais d’ambition ! Je veux qu’entre Barcelone et Monaco, on continue à progresser. Puis encore les courses d’après. Ce que je veux, c’est qu’au quotidien, dans la vie de l’équipe, dans le fonctionnement de l’entreprise, dans chaque département, on progresse, jour après jour. Et qu’on crée cet entrain qui est nécessaire à la réussite d’un projet de course automobile.
L’un de vos deux pilotes est le Monégasque Charles Leclerc, néophyte en F1 mais champion du monde de Formule 2 en 2017. Comment se comporte-t-il?
C’est sûr que la marche entre la F2 et la F1 est certainement la plus haute. Il a une diversité incroyable de types de pneus à gérer. Il doit économiser son énergie sur les courses, il a une centaine de personnes sur la piste avec lui, il a la pression de la presse, il doit apprendre les premiers circuits de l’année... Donc, effectivement, la marche est haute et elle n’est pas facile à gérer, tout talentueux que l’on soit, tout vainqueur de tous les championnats que l’on a fait avant. Mais il est calme, posé, il appréhende bien la situation. Cela se fera étape par étape mais ça se fera.
Quand on lui a demandé ce qu’on pouvait lui souhaiter pour cette saison, il a dit: "Des points sur une ou deux courses". Partagez-vous cette opinion?
Oui. Mais quand on est à notre niveau, pour marquer des points, il faut aussi que les écuries devant aient des problèmes. Donc, il faut être très opportuniste. Charles le sait. Ce que l’on peut lui souhaiter, c’est de progresser course après course et d’être capable de tirer les enseignements de tous ces kilomètres parcourus, de tous ces départs, de tous ces pit-stops… Et je pense qu’il a l'ouverture d’esprit et l’intelligence pour le faire.
Pour résumer, on ne peut vous souhaiter qu'une chose pour 2018: une progression constante...
Oui, je pense. Et d’être capable de motiver des gens, dans l’équipe, en dehors de l’équipe, les partenaires... De bâtir un vrai esprit de projet autour du Team. Parce qu’on sait très bien que Mercedes a mis cinq ans pour être champion du monde (l'écurie allemande est revenue à la Formule 1 en 2010), que Red Bull a mis sept ans (six ans en réalité). Voilà, c’est la vie et puis ce sont de grosses entreprises avec de l’inertie. Et on ne fera rien demain matin. Mais il faut attaquer dès demain matin justement, ou même hier!