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MotoGP: Fabio Quartararo, seul contre tous

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L’heure de la reprise a sonné pour Fabio Quartararo, de retour au guidon de sa Yamaha à Portimao (Portugal) ce week-end. Le Français compte bien se battre pour récupérer sa couronne après sa deuxième place l’an passé. Mais il débute cette saison esseulé face à l’armada Ducati.

La saison n’a pas encore commencé, mais on pourrait déjà essayer d’en deviner le scénario. Fabio Quartararo, au guidon de sa Yamaha, se battant seul contre les Ducati. Lors des derniers essais à Portimao (Portugal), le Français a terminé troisième temps cumulé entouré... de sept motos du constructeur italien dans le Top 8. Parmi ces pilotes, il y a bien sûr Francesco Bagnaia (1er), champion du monde en titre et dominateur lors des tests d’avant saison.

L’année dernière, le transalpin a terminé devant le Français grâce son talent, mais surtout grâce à une moto beaucoup plus rapide dans les lignes droites. Un des gros défauts de la Yamaha, corrigé cet hiver. "Il y a de la vitesse de pointe et ça c’est très important, disait Fabio Quartararo après être monté pour la première fois sur sa machine mi-février. Yamaha a franchi un ‘step’, ils ont fait un très gros travail, notamment avec les nouveaux ingénieurs arrivés de F1. L’an passé, à la fin, c’était chiant de voir nos difficultés sur la moto et les Ducati devant. C’était difficile mentalement."

"Se faire doubler dans les lignes droites, c'est toujours compliqué pour un pilote, ça oblige à prendre plus de risques, abonde Mike Di Meglio, ancien pilote aux 35 Grand Prix disputés en Moto GP. On voit que souvent, ça fait surchauffer les pneus. Il faudra voir comment va évoluer ensuite la Yamaha sur la saison."

Des essais mitigés

Un bilan mitigé alors que le n°20 avait de grandes attentes. Frustré l’an passé après la dernière course à Valence, il n’a rien laissé au hasard. "Je me suis entraîné à moto aux Etats-Unis pendant trois semaines, j’ai fait énormément de vélo de montagne, de moto cross, détaille le Niçois, qui s’est aussi blessé au poignet durant l’intersaison. Je n’ai pas eu de vacances. J’ai pris un seul jour après la dernière course et je me suis remis à l’entraînement. J’étais vraiment motivé. J’ai vraiment passé un cap physiquement sur le cardio, je me sens beaucoup mieux."

Une évolution intéressante avec l’arrivée des "sprint races" le samedi à partir de ce week-end… et pour avoir plus de fraîcheur en course. "Je travaille avec lui depuis sept ans et la motivation n’a jamais été un problème, abonde Eric Mahé. Il est 100% engagé. Un pilote a besoin de se préparer mais aussi de se défouler l’hiver. Il a fait ce qu’il avait à faire."

Ducati, la force du nombre

Car cette année, Quartararo, largement au-dessus de son coéquipier Franco Morbidelli, sera plus que jamais isolé: Yamaha n’a pas d’équipe satellite. Ducati, de son côté, en a trois et présentera huit motos au départ… "Ducati a un peu changé sa stratégie en essayant d’avoir un maximum de bons pilotes pour mettre un peu de rivalité, analyse Mike Di Meglio. Leur moto est bonne, rapide… Mais le Team Factory (équipe d’usine, ndlr) reste le plus important. Je pense qu’ils pourront brider les autres équipes quand ils le souhaitent."

Au Français d’essayer de faire dérailler la machine italienne et pourquoi pas profiter de ces "rivalités" possibles au sein des écuries. Bagnaia s’entendra-t-il avec son nouveau coéquipier Enea Bastianini sous pression ? Autre avantage du nombre, les datas récoltées par les équipes. "Le fait qu’ils ne soient que deux Yamaha, ça va être plus compliqué car ils auront moins de données, ajoute Di Meglio. Ducati en aura plus et ça permet d’avoir une moto plus polyvalente." Eric Mahé nuance: "Si on avait eu deux pilotes forts dans l’équipe satellite Yamaha, ça aurait été un plus. L’année passée, ce n’était pas le cas, ça n'a rien apporté donc au fond, ça ne change rien. Les datas n’étaient pas exploitables."

Avec cette M1 plus performante, beaucoup voient le Français au moins sur le podium en fin de saison après une année 2022 où le scénario "était un peu écrit, ça aurait été un miracle de gagner un deuxième titre avec ce déficit de performance", selon Eric Mahé. Détendu jusqu’ici, le pilote aborde ce cru 2023 avec tranquillité: "L’année dernière déjà, je n’ai pas ressenti de pression spéciale, nuance-t-il. Je n’ai pas peur de dire que je veux le titre car c’est l’objectif clair. Je m’entraine pour une chose, c’est gagner. Il faut partir avec cette mentalité." Cela tombe bien, la saison débute à Portimao, où "El Diablo" est double vainqueur en titre.

Valentin Jamin