"Deux joueurs très particuliers": Bitadze-Mamukelashvili, les stars de la Géorgie qui pourraient bousculer la France

Il fut l’un des seuls rayons de soleil d’un printemps bien trop morose dans le Texas. Une parenthèse irrationnelle au cœur d’une fin de saison sans relief. Le 19 mars dernier, alors que les fans des Spurs traînaient leur spleen à la suite de la thrombose veineuse à l’épaule de Victor Wembanyama, Sandro Mamukelashvili (26 ans) a fait basculer le Frost Bank Center de San Antonio dans la folie.
Ce soir-là, le Géorgien a fait plier New York à lui tout seul avec 34 points (à 7/7 à trois points) en seulement 19 minutes. Alors qu’aucun joueur n’avait mis autant de points en aussi peu de temps dans toute l’histoire de la NBA, l’intérieur avait alors été célébré comme une rock star, avec d’intenses chants à la gloire de "Mamu" descendus des tribunes.
Cinq mois et demi plus tard, il a troqué son costume d’improbable héros d’un soir contre celui de leader de toute une nation. Avec Goga Bitadze (26 ans), pivot du Orlando Magic et autre représentant de NBA de cette sélection géorgienne, Mamukelashvili forme un duo redoutable qui rêve de créer la surprise contre la France, ce dimanche en 8e de finale de l’EuroBasket (14h15 à Riga, en Lettonie).
"Ce sont deux joueurs très particuliers", a tranché le sélectionneur Frédéric Fauthoux samedi, à la veille de cette rencontre entre les Bleus et la Géorgie. "Ce qui est très intéressant, c’est qu’ils ont un rôle complètement différent entre la NBA et leur équipe nationale. On sent qu’ils arrivent à se transcender, à se surpasser, qu'ils sont presque habités par le fait de jouer pour leur équipe nationale. On sent qu’ils ont beaucoup plus de confiance dans le jeu par rapport à leur saison."
Risacher: "Être intelligents sur la manière de les défendre"
Simples joueurs de rotation en NBA, ils endossent le rôle de patrons au moment de retraverser l’Atlantique pour jouer avec l’équipe nationale. Pour le plus grand bonheur de la Georgie, 24e nation mondiale au classement FIBA. Tandis que Bitadze est le 12e meilleur marqueur de cet EuroBasket (18,3 points par match) et le 2e meilleur contreur (2 contres), Mamukelashvili a été l’un des grands artisans de la victoire surprise de la Géorgie face à l’Espagne - tenante du titre et finalement éliminée - lors de la première journée de la phase de groupes, avec un match ultra complet (19 points, 7 rebonds, 6 passes).
Leurs stats depuis le début de l’EuroBasket
- Goga Bitadze: 18,3 points, 6,8 rebonds, 2 contres
- Sandro Mamukelashvili: 14,2 points, 6,2 rebonds, 1,2 interception
"Ce sont deux joueurs de grande taille et qui sont plutôt mobiles", a détaillé Zaccharie Risacher. "Il va falloir être intelligents sur la manière de les défendre. Il va falloir être bon collectivement. Ce n’est pas à un joueur de se coltiner tout le taf. Il va falloir les restreindre offensivement. Après, si on peut les attaquer et faire tomber des fautes, c’est un bonus."
Grâce à sa taille et son profil, le jeune ailier tricolore (20 ans), qui dispute ce dimanche son premier match de phase finale avec l’équipe de France, fera partie de ceux qui seront envoyés en mission défensive sur Mamukelashvili. "Je vais être fidèle à moi-même: jouer physique, être intelligent, essayer de ne pas prendre trop de fautes rapidement, jouer avec mon envergure. Je suis prêt à ça."
Si les Bleus peuvent craindre ce duo, c’est également car ils sont grands (2,11 m pour Bitadze, 2,06 m pour Mamukelashvili, qui évolue au poste… d’ailier sur cette compétition) et particulièrement actifs dans la raquette (6,8 et 6,2 rebonds de moyenne), un secteur sinistré pour l’équipe de France. Avec le forfait d’Alexandre Sarr, le staff tricolore peut seulement s’appuyer sur trois intérieurs de métier (Mam Jaiteh, Guerschon Yabusele et Jaylen Hoard).
"Je ne vais pas livrer les plans (sourire), mais on va jouer avec beaucoup d’intensité, on va leur rendre la tâche difficile sur la mise en place de leur système, essayer de tout repousser loin (de la raquette, NDLR), faire en sorte qu’ils ne donnent pas la balle facilement à l’intérieur", a énuméré Elie Okobo au sujet de cette fameuse bataille de la raquette. Relancé sur une éventuelle faiblesse du fameux tandem, Frédéric Fauthoux, lui, n’a pas voulu dévoiler ses cartes. "La manière de les limiter? Ça, on verra (dimanche)", a coupé, taquin, le technicien tricolore.