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EuroBasket - France-Turquie: six choses à savoir sur l’adversaire des Bleus

La France affronte la Turquie samedi à Lille (21h) en 8e de finale de l’EuroBasket. Un adversaire à ne pas prendre à la légère malgré trois absents de marque, mais avec une grande promesse, un meneur américain et un petit goût de scandale.

Un meneur américain que Vincent Collet a entraîné

A 32 ans, Bobby Dixon a donné un nouveau virage à sa carrière. Le meneur américain a pris la nationalité turque tout en changeant d’identité. C’est donc sous le nom d’Ali Muhammed, en hommage au boxeur, qu’il dirige le jeu avec brio le jeu de la Turquie. Malgré son changement d’identité, il n’est pas inconnu pour les habitués de la Pro A et notamment pour Vincent Collet. Le sélectionneur de l’équipe de France l’a eu sous ses ordres à Villeurbanne entre 2009 et février 2010. Saint-Etienne (2006), Gravelines-Dunkerque (2007), Le Mans (2008-2009) et Dijon (2011-2012) ont été ses autres destinations en France. Il a, depuis 2012, rejoint la Turquie et le Pinar Karsıyaka. Avant de signer cet été pour Fenerbahçe.

Trois absents de marque

La Turquie a réussi l’exploit de sortir du groupe de la mort (Serbie, Espagne, Italie, Allemagne) sans trois de ses joueurs majeurs, dont deux qui évoluent en NBA : Omer Asik et Enes Kanter. Asik, pivot des New Orleans Pelicans, a renoncé à cause d’une blessure au dos. Kanter, lui, n’a pas été retenu par le sélectionneur Ergin Ataman (voir ci-dessous). Enfin, Emir Preldzic, ailier à la triple nationalité (Bosnie, Slovénie, Turquie), est le dernier taulier à manquer à l’appel. Pour schématiser, les absences d’Asik, Kanter et Preldzic pourraient équivaloir, pour la France, à celles de Rudy Gobert, Joakim Noah (absent lors de cet Euro) et Nicolas Batum.

Kanter, une éviction politique ?

Des trois absences de marque, Enes Kanter est la plus surprenante. Auteur d’une grosse saison avec Oklahoma (15,9 points, 8,9 rebonds de moyenne), le pivot n’a pas été retenu par Ataman pour ne pas casser « l’alchimie de l’équipe ». Kanter avait pourtant fait part de sa volonté de disputer cet Euro, après avoir zappé les dernières échéances internationales avec sa sélection. Un boycott qui a convaincu Ataman de ne pas chambouler ses plans. Mais selon le joueur, sa non-sélection serait avant tout politique. Ce dernier explique avoir été évincé en raison de son soutien au mouvement Gülen, opposant au gouvernement de Recep Tayyip Erdogan, le président turc. « Les raisons évoquées ne reflètent pas la vérité, avait-il tweeté. La raison pour laquelle je n’ai pas été retenu s’explique par les valeurs auxquelles je crois et à ma position politique. »

La promesse Osman

A 20 ans, Cedi Osman est déjà un élément incontournable de la sélection turque après avoir brillé avec les jeunes. Sacré champion d’Europe des moins de 18 ans en 2013, il a récidivé avec les moins de 20 ans en 2014 lors d’un Euro où il a été élu meilleur joueur. Il a depuis été drafté en 31e position par les Minnesota Timberwolves. Ses prestations convaincantes pourraient même convaincre les Cleveland Cavaliers, qui disposent des droits sur le joueur de l’Anadolu Efes Istanbul après un échange avec les Wolves, de le rapatrier plus tôt que prévu dans l’Ohio. En attendant d’en savoir plus sur son avenir en NBA, Osman affiche une moyenne de 14,2 points par match à l’Euro, dont un pic à 22 jeudi face à l’Islande (victoire 111-102).

La double identité d’Ilyasova

Ersan Ilyasova est le joueur à tout faire de cette équipe turque mais aussi de Milwaukee, où il évolue depuis 2006 (avec une parenthèse à Barcelone entre 2007 et 2009). S’il fait l’unanimité, l’ailier fort a alimenté une grosse polémique à ses débuts. En 2003, la Fédération ouzbèke de basketball avait envoyé une lettre de protestation à la FIBA en accusant le joueur d’évoluer sous une fausse identité. Selon la Fédération, Ersan Ilyasova s’appellerait en fait Arsen Ilyasov et serait né en 1984 en Ouzbékistan et non le 15 mai 1987 à Eskisehir, comme le prétendent ces papiers d’identité, qui seraient donc des faux. Une suspicion alimentée par l’enregistrement de la naissance par son père à Eskisehir… 15 ans après les faits. Ce dernier avait expliqué qu’il avait omis de le faire le moment venu. Après investigation de la FIBA, Ilyasova a gardé sa nationalité turque et son âge. Il a donc 28 ans.

Un début de conflit provoqué par le duel Galatasaray-Fenerbahce

Depuis 2014 et sa prise de fonction à la tête de la sélection turque, Ergin Ataman cumule deux casquettes puisqu’il est également l’entraîneur de Galatasaray. Jusqu’ici rien d’étonnant puisque Vincent Collet court aussi deux lièvres à la fois depuis 2009 entre la France et ses clubs (l’ASVEL de 2008 à 2010, Strasbourg depuis 2011). Si cela ne lui a jamais posé de problème, ce cumul a engendré un début de conflit en Turquie. Le duel bouillant entre les deux clubs stambouliotes Galatasaray et Fenerbahçe, s’est propagé jusqu’à la sélection quand le sulfureux président du Fener, Aziz Yildirim, a menacé de retirer ses joueurs. Il avait demandé la démission d’Ataman de l’un de ses deux postes. Ce dernier a finalement gardé toutes ses prérogatives. Et les joueurs du Fener, Ali Muhammed, Oguz Savas et Melih Mahmutoglu, disputent bien l’Euro.

NC avec LP