"C’est historique ce qu’on est en train de vivre!", Monaco exulte après la qualification en quarts d’Euroleague

Les voisins de Yakuba Ouattara ont certainement sursauté peu après 21h, alors que Berlin venait d’être battu sur le parquet de l’Efes Pilsen à Istanbul offrant un ticket pour les play-offs à l’AS Monaco. "J’étais devant ma télé pour vivre le match avec pas mal d’émotions, de stress puis… Explosion de joie dans mon salon à crier (rires). On s’est qualifié pour le Top8 ce n’est pas rien."
Le début de match, Léo Westermann l’a, lui, vécu dans le vestiaire de la salle Gaston-Médecin. "Efes avait très mal commencé le match donc on était un peu grognon" puis il est revenu chez lui auprès de sa compagne afin de suivre la seconde période "stressante puis le soulagement à la fin. Enfin un gros objectif atteint, je suis très content".
"On ne veut pas s’arrêter là"
Six victoires sur les sept derniers matchs et parmi les victimes, des cadors habitués aux joutes de la plus prestigieuse des compétitions européennes: Milan, la référence italienne, Efes Pilsen, le tenant du titre ou encore le monstre grec de l’Olympiacos, tous sont tombés face au club de la Principauté.
Même si lors des quarts de finale la Roca Team n’aura pas l’avantage du terrain, elle a de sacrés atouts à faire valoir. "Un adversaire à prendre? Je ne pense à personne mais je pense que beaucoup d’équipes doivent nous craindre, sourit Yakuba Ouattara. "Je suis assez confiant, si on continue sur notre lancée on peut jouer les yeux dans les yeux contre n’importe quelle équipe. On est qualifiés pour le Top 8 mais ce n’est pas une fin en soi, on ne veut pas s’arrêter là."
En bon capitaine, Léo Westermann tempère. "C’est déjà extrêmement compliqué de se qualifier pour les play-offs donc le Final Four je n’en parle même pas et alors le titre c’est complètement démesuré. Les play-offs c’est un autre monde, une nouvelle compétition. On va tout donner, préparer chaque match et on verra. On est conscient qu’on a un très bon potentiel mais tout ça, ça ne suffit pas."
Et pourtant largués à mi-parcours
La performance monégasque est d’autant plus retentissante quand on se souvient qu’à la moitié de la compétition, après 17 journées, avant que les clubs russes soient disqualifiés et que les résultats soient annulés (ce qui a, en plus, pénalisé l’ASM qui avait un bilan positif face aux écuries de l’Est), Monaco faisait partie des mauvais élèves (6-11). Les cinq défaites de rang en Euroleague à la fin de l’année 2021 ont entraîné le limogeage de Zvezdan Mitrovic, remplacé par son prédécesseur Sasa Obradovic. Un électrochoc.
"En décembre on était dans le dur, reconnaît Ouattara. Personne n’aurait donné cher de notre peau mais on n’a pas lâché, on savait qu’on était capable de le faire. On perdait de peu, on était conscient de notre potentiel mais il y avait pas mal de choses qui n’étaient pas au point collectivement. On ne va pas se cacher, c’est depuis l’arrivée de Sasa Obradovic, qu’il a instauré sa philosophie de jeu que l’équipe a commencé à se transformer, tout le monde à trouver son rôle."
"Ce n’est jamais agréable de voir un coach partir surtout après tout ce qu’il a fait à l’AS Monaco", souligne Westermann rendant hommage au coach Z. "L’équipe n’était pas facile à gérer et Sasa a tout de suite compris ça. L’électrochoc c’est ce qu’on attend quand on change de coach." Et au fil des matchs, l’équipe a pris en expérience. "On avait beaucoup de jeunes joueurs qui découvraient la compétition, on n’avait pas encore trouvé nos marques lors de la phase aller."
Une page de l’histoire du basket français
Avant même de jouer son dernier match face à Berlin, Monaco a donc déjà réalisé un exploit. Si Yakuba Ouattara n’a pas en tête la dernière présence française à ce stade de la compétition, il est utile de le lui rappeler pour mesurer la portée de la performance. Cela faisait 21 ans qu’un club tricolore n’avait pas eu son rond de serviette à la table des quarts de finalistes de l’Euroleague, depuis Villeurbanne en 2001 (troisième en 1997 tout comme l’Elan Béarnais en 1987).
"C’est vraiment historique ce qu’on est en train de vivre, c’est exceptionnel pour le basket français", se réjouit le trentenaire formé à Chalon. Contacté à l’issue la victoire d’Istanbul face à Berlin, match qu’il a lui aussi vécu devant la télévision avec beaucoup de crispations, Oleksiy Yefimov était aux anges. "J’ai dit aux joueurs ces derniers jours que les semaines à venir allaient être les plus importantes pour l’histoire du club, raconte le directeur sportif. On est nouveau dans cette compétition et on mérite vraiment cette qualification, les gars ont eu une sacrée attitude, se sont sacrifiés pour l’équipe."
Et maintenant ? "Allons-y step by step", assure prudemment l’Ukrainien. "Le plus important est d’avoir assurée notre place en Euroleague pour la saison prochaine. Je ne crois pas être le seul fier ce soir. Je pense que toute la Principauté est fière de ses hommes. On est un jeune projet mais chaque année on travaillera de plus en plus dur. Pour le moment on doit remercier tout le monde, le staff médical, les joueurs, chaque personne qui fait partie de notre club et bien sûr les supporteurs à l’image des fans qui se sont déplacés à Milan jeudi soir." Ils seront plus encore nombreux vendredi soir pour saluer leurs héros salle Gaston Médecin.