"La France a toutes ses chances": l'EuroBasket, l'Euroligue, sa relation avec le public français.. Les confessions de Rudy Fernandez

Rudy, il y a pas mal de scepticisme sur le choix d'Abu Dhabi pour recevoir ce Final Four... Comment ça se présente?
Très bien! C’est une très belle ville. Je suis prêt à profiter du meilleur du basket européen. Tous les gens présents dans la ville ont hâte de profiter du Final Four. C'est une situation différente pour nous, il n'y a pas de fans espagnols avec l’élimination du Real Madrid, mais je suis sûr que les supporters grecs vont faire du bruit comme ceux de Monaco et Fenerbahçe.
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Vous avez joué beaucoup de Final Four dans des salles complètement folles, vous avez joué à Belgrade, à Istanbul, à Kaunas... Vous pensez que ça va être la même atmosphère ce week-end?
Je pense que oui. Je pense que tous les fans des équipes grecques (Olympiacos et Panathinaïkos, ndlr) sont très excités par ce Final Four. Ceux de Monaco et le Fenerbahçe ont probablement moins de public qu'eux, mais je pense que les fans sont prêts. C’est une situation différente pour sûr, mais Abu Dhabi a de la chance de pouvoir s'amuser avec ce Final Four.
Il y a quatre équipes et peut-être un épouvantail avec l'Olympiacos. Quel est votre favori?
Je ne sais pas. Honnêtement, j'aime Monaco et le Fenerbahçe, ils jouent tellement bien. Évidemment, l'Olympiacos a dominé la saison régulière. Le Panathinaïkos a aussi beaucoup d'expérience dans ce genre de tournois. Ils nous ont battus au Final Four de l'année dernière, ça va être difficile de deviner qui va gagner cette année. Je pense que les quatre meilleures équipes de la saison régulière sont à Abu Dhabi pour jouer ce Final Four. L'Olympiacos est probablement l'une des meilleures équipes de l'année, mais on ne sait jamais au Final Four, parfois les résultats sont surprenants. Je pense qu’une surprise va arriver.
C'est votre première saison de retraité, que faites-vous de beau? Avez-vous des plans pour rester autour du basket?
La vie est géniale (rires). La retraite, c'est génial, c'est une bonne décision. J'aime avoir du temps avec ma famille, j'essaie d'améliorer mon golf. Maintenant, j’ai plus de temps pour y jouer. Et évidemment, c'est différent d’être de l’autre côté. C'est plus difficile de regarder les matchs. Quand tu es à l'intérieur, c'est différent. Mais c'est une bonne décision. J’ai plus de temps avec ma famille, et ça me permet de faire quelque chose de différent du basket, j’adore ça.
Peut-être que le Real Madrid trouve ça moins sympa que vous ayez arrêté, puisque la saison n'est pas aussi bonne que les précédentes. Le Real n'est pas au Final Four. Est-ce que l'équipe vous a un peu déçu cette année? Comment vous expliquez ces difficultés?
Je ne sais pas, je pense que c'est difficile d'être au Final Four. Je ne pense pas que ce soit inquiétant. Je pense que Guerschon Yabusele a plus manqué que Sergio Rodríguez et moi-même.
Sans les Français, vous ne pouvez pas gagner... (rires)
Exactement, c'est pour ça que je dis ça. Fabien Causeur nous manque aussi. Je pense que nous avions une très bonne équipe l'année dernière, mais vous connaissez le basket. Parfois, tu te qualifies pour le Final Four mais cette année, c'était probablement une saison difficile parce qu'ils ont perdu beaucoup de joueurs. Ils sont une bonne équipe, mais vu le nombre d'équipes qu'il y a en Euroligue, le niveau est incroyable. C'est merveilleux de voir d’autres équipes européennes réussir, mais c'est vrai que le Real Madrid se doit d'être toujours compétitif. Ils ont perdu contre Paris, après ça, ils ont joué contre l'Olympiacos, l'une des meilleures équipes. C'est difficile, l’Euroligue est difficile, mais ils reviendront l'année prochaine pour se battre pour le titre et essayer d’avoir une autre chance au Final Four.
Le Real a perdu un play-in à domicile contre Paris. Qu'avez-vous pensé de cette équipe? C'était vraiment l'équipe inattendue de la saison...
Pour moi, Paris fait du très beau basketball. Tiago Splitter et le propriétaire ont fait quelque chose de magnifique dans cette Ligue. Personne ne les attendait, et c'est génial de faire briller Paris en Euroligue. Je me souviens du play-in, j'ai regardé le match à la télé. Paris a joué sans pression, et dans cette situation, tout peut se passer. Tiago a fait un très bon travail dans cette équipe. Il a réussi à impliquer tous les joueurs. Pour moi, c'est l'une des meilleures équipes de la Ligue parce que personne ne les attendait à ce niveau-là.
Iil y a des rumeurs autour d'un départ de TJ Shorts aux États-Unis. Pensez-vous qu'un joueur comme lui a sa place en NBA, puisqu'il est courtisé a priori par les Memphis Grizzlies?
Oh vraiment? Je ne savais pas. Je ne connais pas assez la NBA (rires), j’y ai joué seulement quatre ans… Vous devriez demander ça à Tony Parker ou Nicolas Batum, ils ont plus joué en NBA que moi. Je ne le connais pas personnellement, mais en Euroligue il a les moyens d'être l'un des meilleurs de l’histoire de cette compétition. En NBA, il y a trop de joueurs comme lui. Mais il faut lui demander, quel est son rêve? Je pense que c’est génial pour lui de pouvoir jouer dans l'une des meilleures équipes d’Euroligue comme Paris. La décision qu’il va prendre sera difficile, mais ce sera forcément la meilleure pour lui et sa famille.
Vous avez fait partie peut-être de la plus belle génération du basket espagnol, avec Pau Gasol, Marc Gasol, Chacho Rodríguez, Sergio Llull, Ricky Rubio... Vous avez tout gagné, quatre fois l'EuroBasket, deux fois la Coupe du Monde, et souvent aux dépens de l'équipe de France, ça a créé une espèce de rivalité. Vous êtes même devenu l'ennemi public numéro un du basket français. Mais ça n'avait pas l'air de vous déranger d'être sifflé...
J'ai un certain respect pour l'équipe de France. On a fait de beaux matchs, des grosses batailles, mais vous savez, j'ai beaucoup de respect. J’ai joué avec des joueurs français. J'ai une bonne relation avec eux, comme par exemple avec Vincent Poirier, Guershon Yabusele ou Fabien Causeur. Ce sont de très bons joueurs. Mais les gens qui me connaissent personnellement savent que quand je suis sur le parquet, je n’ai pas d'amis. J'ai juste essayé de me battre et de représenter mon pays. J'ai essayé de montrer aux fans qui je suis vraiment. Je ne suis pas le même Rudy sur et en dehors du parquet. Je comprends le fait de me faire huer et j'ai un certain respect pour les fans et les joueurs français.
Un mot de l'EuroBasket qui va se disputer au mois de septembre. Est-ce qu'il y a une équipe qui se dégage? Qui va remporter l'EuroBasket selon vous?
Il y a beaucoup de possibilités, honnêtement. Je ne sais pas si Victor Wembanyama va jouer. Cet EuroBasket va être difficile. La Serbie joue très bien, l’Allemagne aussi... Personne n'attendra probablement l'Espagne parce que c'est une équipe jeune sans beaucoup d'expérience. Mais personne ne nous attendait en 2022 et on a battu la France en finale.
Oui, mais vous devez donner un passeport à un meneur pour nous battre...
Je ne sais pas (rires). Ça va être difficile de citer une équipe, mais la France a absolument toutes ses chances de gagner l'EuroBasket.
Au fond, il ne faut pas oublier que vous avez joué quatre ans en NBA où vous étiez "Flying Rudy Fernandez" qui prenait des alley-oops, qui a même fait le concours de dunk. Vous ne faisiez pas que tirer à trois points et flopper tout le temps...
J'adore flopper (rires).