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"L’Euroligue, c’est l’Europe": pourquoi le Final Four a été délocalisé à Abu Dhabi… malgré le scepticisme et beaucoup de contraintes

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Le titre d’Euroligue se joue entre ce vendredi et ce dimanche lors d’un Final 4 organisé à Abu Dhabi, capitale des Émirats Arabes Unis. Un choix avant tout financier, malgré un Evan Fournier "mitigé" à l’idée de délocaliser la reine des compétitions européennes et certaines contraintes soulignées par d’autres joueurs.

Lors de son passage dans le championnat turc en 2020-2021, Mouhammadou Jaiteh a pourtant connu la chaleur de Gaziantep, l’une des villes les plus au sud de l’Europe, non loin de la frontière avec la Syrie. Mais l’international français de Monaco ne semble pas plus armé que les autres face aux températures suffocantes d’Abu Dhabi.

“Wow... la chaleur!", lâche l’intérieur de la Roca Team devant les caméras du club lors d’une déambulation dans les rues de la capitale des Émirats Arabes Unis, théâtre du Final Four de l'Euroligue de ce vendredi (demi-finales) à dimanche (finale). "Quelques pas dehors et ça y est, t’es en sueur, t’es au bout de ta vie", insiste Jaiteh. "Clairement, ça fait partie des raisons pour lesquelles on est arrivé un peu plus tôt, pour s’adapter. C’est très humide, on passe la majeure partie de notre temps en intérieur. Il y a un choc thermique entre la grosse clim' à l'intérieur et l’extérieur."

Le programme du Final Four de l’Euroligue à Abu Dhabi

Vendredi 23 mai (demi-finales)

  • 17h (heure française): Fenerbahçe-Panathinaïkos
  • 20h: Monaco-Olympiacos

Dimanche 25 mai

  • 16h (heure française): match pour la troisième place
  • 19h: finale

Fournier "un peu mitigé"

Les températures extrêmes d’Abu Dhabi, où le thermomètre dépasse les 40 degrés au plus fort de la journée avec un taux d’humidité écrasant, est l’une des contraintes d’avoir délocalisé le Final 4 d’Euroligue au Moyen-Orient. Voir les quatre meilleures équipes d’Europe se battre pour le titre suprême sans la ferveur d’une ville qui vit pour le basket en est une autre. Surtout après avoir enchaîné Belgrade en 2022, Kaunas en 2023 et Berlin en 2024.

"Je suis un peu mitigé", a tranché Evan Fournier, arrière de l’Olympiacos, ce jeudi à la veille de la demi-finale contre Monaco. "Faire une Coupe du monde comme dans deux ans (au Qatar en 2027, NDLR), ça a du sens, car c’est international. L'Euroligue, c'est l'Europe, donc je suis un peu mitigé. L'Euroligue essaye de grandir et de se développer, j'imagine que ça a du sens en termes de business. Abu Dhabi est une ville qui accueille beaucoup d'événements, je pense qu’ils vont faire un truc super. Mais j'aurais kiffé jouer à Belgrade ou chez nous", conclut l’ancien joueur NBA.

Chèque de 50 millions d’euros à la clef

L’Euroligue aurait pu installer son grand barnum du côté de Belgrade pour la deuxième fois en quatre éditions. La capitale de la Serbie était même en "finale" avec Abu Dhabi pour organiser l’évènement cette année. Mais les dirigeants de la compétition européenne ont finalement choisi l’option émiratie, qui accueille déjà un GP de Formule 1, des matchs de pré-saison de NBA ou des soirées UFC. C’est la toute première fois que l'événement est organisé en dehors des frontières du Vieux Continent si l’on excepte Israël (Final 4 en 20O4), habitué à voir ses clubs et ses sélections prendre part aux compétitions européennes. Le Maccabi Tel-Aviv est d’ailleurs l’un des 13 clubs actionnaires de l’Euroligue.

L’Euroligue a récupéré un chèque estimé à 50 millions d’euros dans cet accord. Cette somme, un record pour l’organisation du Final Four, assure à la ligue des ressources importantes pour son développement. Elle est surtout la bienvenue dans un contexte économique délicat, les clubs engagés dans cette ligue semi-fermée n’étant pas rentable. La pression mise par le projet de NBA Europe n’a fait que renforcer l’idée d’un tel deal avec Abu Dhabi.

Conquérir de nouveaux marchés… avant l’arrivée du Dubaï BC en Euroligue?

Pour l’Euroligue, venir dans cette partie du monde est aussi le moyen de conquérir de nouveaux marchés. Cette volonté s’est notamment accompagnée de la création d’une équipe professionnelle à Dubaï. La formation émiratie dispute la ligue adriatique (championnat qui regroupe les clubs de l’ex-Yougoslavie) depuis l’été dernier. Pour sa première saison dans ce championnat, le Dubaï BC est d’ailleurs en course pour le titre. Et l’obtention d’une licence en Euroligue ne semble qu’une question de temps.

Pour ce Final 4 d'Abu Dhabi, il faudra attendre les demi-finales de ce vendredi pour savoir si les supporters - que nous n’avons jusqu’ici pas encore croisés - sont au rendez-vous. Mais en attendant de prendre le pouls en termes d’ambiance et de voir si le scepticisme d’une partie des observateurs se vérifie, certains voient d’un très bon œil cette délocalisation.

"Je pense que c’est une idée géniale. Tous les sports deviennent globaux. Ce n’est pas bon de se restreindre à une zone géographique. Il y a tellement de grands athlètes en foot, en Formule 1 qui viennent ici. C’est un endroit génial. Je ne vois pas le problème pour le basket à venir ici", assure Toni Kukoc, triple champion d’Europe avec Split et vainqueur de trois titres NBA sous le maillot des Chicago Bulls de Michael Jordan, dans un entretien à découvrir en intégralité ce dimanche dans l’émission Stephen Brunch sur RMC. "Je pense que c'est une bonne idée", appuie Vlade Divac, légende du basket européen et de la NBA, dans le podcast Basket Time. "Le basket-ball est un sport mondial, donc c'est un bon endroit pour avoir les quatre meilleures équipes d'Europe et jouer le Final Four ici à Abu Dhabi. Je pense que c'est très important de diffuser le basketball dans le monde." Et ça, l'Euroligue l'a visiblement bien saisi.

Felix Gabory, à Abu Dhabi (Emirats Arabes Unis)