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"C’est truqué": pourquoi la loterie de la draft NBA, avec le jackpot pour Dallas, réveille les théories du complot

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À l’issue de la traditionnelle loterie, les Dallas Mavericks ont hérité du premier choix de la prochaine draft NBA, avec la promesse d’accueillir le phénomène Cooper Flagg. Alors que la franchise texane n’avait que 1,8% de chances de remporter le jackpot, ce résultat réveille de nombreux fantasmes de triche.

Le vent tourne vite dans le Texas. Un peu plus de trois mois après le transfert retentissant de Luka Doncic vers les Los Angeles Lakers, qui avait provoqué une levée de bouclier sans précédent de la part des fans des Mavericks, Dallas a hérité du premier choix de la prochaine draft NBA (25-26 juin) lors de la traditionnelle "loterie", organisée dans la nuit de lundi à mardi.

Orphelins de leur superstar slovène, les amoureux de la franchise texane s’apprêtent à accueillir un nouveau phénomène en la personne de Cooper Flagg, présenté par la plupart des spécialistes comme un talent générationnel et promis à la première place de cette draft 2025.

Deuxième Quart-temps : Cooper Flagg aux Dallas Mavericks !
Deuxième Quart-temps : Cooper Flagg aux Dallas Mavericks !
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Avec la probable arrivée d’une superstar en devenir pour remplacer Doncic, et donc la possibilité de réchauffer le cœur meurtri des fans de Dallas, le dénouement de cette loterie a tout du scénario parfait. Voire un peu trop? À l’annonce du résultat, de très nombreuses voix se sont élevées, notamment sur les réseaux sociaux. "C’est truqué", lancent des utilisateurs sur X. "Le premier choix de la draft leur était promis, c’est sûr", s’indigne un autre internaute. Pour certains d'entre eux, Nico Harrison, le manager général des Mavericks, aurait passé un deal avec la NBA pour envoyer Doncic chez les très médiatiques Lakers en contrepartie de l'assurance d'avoir ce premier choix à la draft.

Seules trois franchises plus chanceuses que les Mavericks dans l’histoire

Si autant de personnes sont sceptiques, c’est parce que les Mavericks n’avaient que 1,8% de chances de remporter le gros lot. Dans toute l’histoire de la NBA, seules trois franchises ont été plus vernies: le Orlando Magic en 1993 (1,52%), les Cleveland Cavaliers en 2014 (1,7%) et les Chicago Bulls en 2008 (1,7%). Et à chaque fois, le hasard a plutôt bien fait les choses. En 1993, le Magic, intégré à la NBA seulement quatre ans plus tôt, a récupéré Penny Hardaway (en échangeant Chris Webber, numéro 1 de la draft)pour entourer Shaquille O’Neal. En 2008, les Bulls ont pu faire venir Derrick Rose, natif de Chicago. En 2014, date du grand retour de LeBron James, les Cavaliers ont eu l’opportunité d’échanger leur first pick (Andrew Wiggins) contre Kevin Love. Trois ans plus tôt, Cleveland avait déjà pu drafter Kyrie Irving en première position pour pallier le départ du "King" vers le Heat alors qu’ils avaient 2,8% de chances.

La part d’incertitude - et donc de surprises - n’a pas toujours été aussi importante. Entre 1966 et 1985, le premier choix de la draft était décidé avec un pile ou face entre les deux pires bilans de la saison écoulée. En 1985, ce système de loterie a été mis en place pour éviter que la saison ne soit tronquée par une course à la dernière place, le fameux tanking. Chaque année, les moins bonnes franchises se voyaient chacune attribuer une probabilité d’obtenir le premier choix de la draft en fonction de leur classement. En 2019, cette loterie a encore évolué avec un "lissage" des probabilités. Depuis six ans, les trois pires équipes de la saison régulière ont en effet chacune 14% de chance de remporter le jackpot. Avant cela, la dernière équipe de la saison régulière avait 25% de chance d’avoir le premier choix, l’avant-dernière 19,9% et l’antépénultième 15,6%. De sacrés écarts qui favorisaient le tanking.

Le principe de la loterie est le suivant: avant la cérémonie, les 14 franchises se voient attribuer un certain nombre de combinaisons de quatre chiffres, avec plus ou moins de combinaisons en fonction des chances d'avoir le first pick (140 combinaisons pour les trois premiers, 5 combinaisons pour le dernier). Ensuite, des balles de ping-pong, numérotées de 1 à 14, sont placées dans un tambour qui tourne pendant 20 secondes. Après ces 20 secondes, une balle sort du tambour. L’opération est répétée jusqu’à obtenir une combinaison de quatre chiffres. L’équipe qui possède cette fameuse combinaison remporte le jackpot.

Mis en place pour éviter une course à la dernière place, ce système a donc créé un autre problème en réveillant les théories du complot. Le fait que le tirage au sort des balles de ping-pong ne soit pas diffusé ouvre la porte à toutes les imaginations. Même si les doutes existaient déjà à l’époque où le tirage au sort était télévisé.

"L’enveloppe froide" de 1985

L’exemple le plus connu date de 1985, année de la draft du phénomène universitaire Patrick Ewing. À l’époque, les fameuses boules de ping-pong n’ont pas encore été mises en place. Les sept équipes les moins performantes de la saison régulière sont départagées avec un système d’enveloppe, une par franchise. Celles-ci sont placées dans une boule de plastique géante, mélangées puis tirées au sort une par une pour déterminer l’ordre de la draft. La dernière enveloppe tirée est celle des New York Knicks, qui ont donc la possibilité de faire venir Patrick Ewing.

Le dénouement de cette loterie provoque immédiatement un tollé. Certains fans et patrons de franchises estiment que New York a été avantagé pour les fortes retombées économiques qu'offre la présence d’une superstar à Big Apple. Pour les adeptes de cette théorie, l’enveloppe des Knicks aurait été réfrigérée et écornée pour permettre à David Stern, alors patron de la NBA, de la reconnaître. L’identité de l’homme qui a placé les enveloppes dans la boule géante, un expert-comptable du cabinet Ersnt & Whinney, qui gère l’audit du groupe propriétaire des Knicks, n’aide pas.

"C’était très tendu. J’ai assisté à des procès pour meurtre où la tension n’était pas aussi forte", se souvient Pat O’Brien, commentateur de CBS, dans des propos rapportés par Sport Illusttrated. Cette loterie 2025 n’a pas atteint de tels sommets de dramaturgie. Mais elle vient s’ajouter à la longue liste des exemples qui font de cette cérémonie un évènement à part. Et le théâtre de tous les fantasmes.

Felix Gabory Journaliste RMC Sport