"Beaucoup de choses s'effondrent": le désarroi de ces fans français qui ont dépensé plusieurs milliers d’euros pour voir Wembanyama et les Spurs à San Antonio

Tous les écrans de téléphone se sont soudainement allumés. Et la nouvelle, aussi brutale qu’un contre de Victor Wembanyama, a fait l’effet d’un coup de massue. "J’ai vu un premier message sur notre groupe WhatsApp, une capture d’écran. Je me suis dit: 'Mais c’est une fake news ou quoi?' Je suis donc allé sur les réseaux sociaux pour voir s’il y avait d’autres sources concordantes et malheureusement oui. En premier lieu, j'étais inquiet pour lui, car ce n'est pas un problème anodin. Et puis j'ai pensé à notre voyage. On est dégoûtés…", confie Jean-Patrick Nourricier, président de la Spurs Nation France.
À la tête de l’association des fans français de la franchise texane, Jean-Patrick est en pleine préparation du voyage vers San Antonio, où une trentaine d’adhérents vont s’envoler le 11 mars prochain pour assister à plusieurs rencontres des Spurs. Alors forcément, l’annonce de la fin de saison de Victor Wembanyama à cause d’une thrombose veineuse profonde à l’épaule droite bouleverse un peu les plans. "Beaucoup de choses s'effondrent", insiste-t-il. "Beaucoup de gens allaient à San Antonio pour le voir jouer. Ils ont économisé toute l’année, ont pris des vacances exprès pour le voir jouer… C’est pour eux une énorme déception de le louper."

"On t’apprend que tu vas aller voir Wemby… mais sans Wemby"
Sur 32 personnes inscrites pour ce voyage, deux ont d’ores et déjà fait part de leur volonté d’annuler. Vincent en fait partie. "J’ai été abasourdi, j’ai pris une énorme claque. On t’apprend que tu vas aller voir Wemby… mais sans Wemby", résume ce supporter de 46 ans qui est déjà allé trois fois à San Antonio. "C’est une expérience de fou à la base, mais je l’ai déjà vécue. J’y allais en tant que fan compétiteur, en mode: 'On y va et je veux qu’on gagne'. Il n’y a plus le côté découverte. La ville en elle-même ne fait pas rêver. C’est pas comme si tu vas à Miami, New York ou à Los Angeles… San Antonio est une ville moins touristique où l'on va surtout pour le basket. On était un peu catastrophés et atterrés."
Ami proche de Vincent, Fabien, grand fan de basket mais pas spécialement des Spurs, s’était laissé convaincre de faire ce voyage pour être plongé dans la folie Wembanyama. Comme Vincent, il envisage d’annuler. "Je l’avais convaincu de venir voir San Antonio et toute la hype. Mais là… Il m’a directement appelé pour savoir si on pouvait se faire rembourser", indique Vincent.
"On est la Spurs Nation France, pas la Wemby Nation France"
Du côté de la Spurs Nation France, on met tout de même en avant le charme de la ville et toutes les activités possibles (voir plus bas). "Après 10 voyages là-bas, je prends toujours du plaisir à y aller et j'ai encore plein de choses à découvrir", indique Jean-Patrick. Le président de l'association insiste sur une donnée essentielle: "On est la Spurs Nation France, pas la Wemby Nation France."
En fonction de la formule choisie (trois à cinq matchs), de la durée du voyage (du 11 au 23 mars pour le séjour le plus long) et du nombre de personnes par chambre d’hôtel, les fans des Spurs ont payé entre 1.775 euros et 3.690 euros, billets d’avion, hébergement et places pour les matchs compris. "Pour d’éventuelles modalités de remboursement, on est en train de voir car il y a des choses qui ont déjà été payées et on ne peut pas se faire rembourser", détaille Jean-Patrick. "Une partie pourra être remboursée, mais pas la totalité. Les billets d’avion ont déjà été payés, pour les billets de match on est en train de voir, mais ce n’est pas garantie à 100% car le fait qu’il manque un joueur ne fait pas partie des conditions de remboursement. Pour l'hôtellerie, on est en train de négocier. On est en train de voir toutes les possibilités."
Le spectre du tanking
Au-delà de la déception de ne pas voir jouer Wembanyama, les participants à ce voyage ont peur d’assister à des matchs sans enjeu. Privés de leur meilleur joueur, les Spurs, actuels 12es de la Conférence Ouest à quatre victoires du play-in (barrages d’accession aux playoffs), pourraient être tentés de lâcher la fin de saison pour perdre des matchs et ainsi avoir plus de chances d’être mieux placés à la prochaine draft. C’est le fameux tanking.
"On sera dans les 15-20 derniers de la saison, là où on peut 'tanker' fort. On n’est pas à l’abri de voir un Jeremy Sochan qui a mal au dos, Devin Vassell qui a une élongation à la cuisse ou un De'Aaron Fox qu’on pousse à se faire opérer de son petit bobo à la main…", énumère Clément, 29 ans, qui s’apprête à faire son cinquième voyage à San Antonio. "Ça serait vraiment dommage pour l’enjeu des matchs. Les matchs sont très longs quand il y a des blow out, une fin de match absolument pas serrée."
"Je pense que ça peut avoir une influence sur l’ambiance, il y aura potentiellement beaucoup moins de personnes présentes dans les tribunes à cause d’un niveau moins bon de l’équipe et d’un Wemby absent", approuve Jean-Patrick. "Ça peut avoir une réelle incidence, même si San Antonio est une ville qui vit pour le basket et pour ses Spurs."
"Victor sera peut-être plus disponible pour venir à notre rencontre"
Malgré tout, la très grande majorité des personnes inscrites au voyage ne remettent pas en question leur venue, motivés par les nombreuses activités proposées sur place par la Spurs Nation France. "C’est une expérience avec package global. Il y a les matchs mais aussi beaucoup de sorties, de visites et d’activités qui sont mises en place. On va par exemple jouer une heure sur le parquet des Spurs", détaille Clément.
L’hypothèse de voir Gregg Popovich de retour sur le banc après plusieurs mois de repos à cause d’un AVC en début de saison permet également de redonner le sourire aux fans. "Et Victor sera peut-être potentiellement plus disponible pour venir à notre rencontre pour faire une photo", enchaîne Clément pour tenter de positiver. "Sinon, ça aurait été très compliqué d’arriver à le voir de près. Donc on se rassure comme on peut."