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11% de moyenne, un pavé abimé et une poussière étouffante: on a reconnu le terrible mur de Kigali, possible juge de paix des Championnats du monde de cyclisme

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Ce dimanche, les coureurs présents au Rwanda se frotteront au parcours le plus dur jamais emprunté par un championnat du monde en ligne. Parmi les difficultés: le redoutable mur de Kigali (400m à 11% avec des passages à 19%). RMC Sport est allé reconnaître le Koppenberg du Rwanda. 

Difficile d’imaginer, au moment où l'horloge affichait 14h30 ce vendredi 26 septembre, que ce lieu sera peut-être l’un des derniers juges de paix avant la victoire finale de la course élite hommes, dimanche lors des Mondiaux de cyclisme au Rwanda. À côté du mur de Kigali, les pavés de Paris-Roubaix perdent pourtant de leur splendeur... Face à nous, 400m à 11% de moyenne, et cette pente qui surgit de nulle part, à quelques pas d’une gare routière et perdue au milieu des innombrables commerces du quartier très vivant de Nyamirambo, l’une des principales zones musulmanes de la ville.

Difficile de se détacher des dizaines de motos-taxis qui viennent vous accoster l’air de dire: "Vous n’allez quand même pas monter ça à pied?" Eh bien si. Au moins pour avoir une idée de la difficulté.

Entre poussière et pollution

Giulio Ciccone et Lorenzo Fortunato, maillot de l’Italie sur le dos, viennent de passer devant nous pour une dernière reconnaissance avant la course. En bas, 31°C, pour un ressenti de 39°C avec les 70 à 80% de taux d’humidité. On comprend rapidement ce que racontaient les coureurs de l’équipe de France cette semaine: l’air est difficilement respirable. Entre les motos-taxis, les pots d’échappement des camions et surtout la poussière, après 100m de montée les poumons sont déjà très sollicités.

Un coureur amateur américain, qui n’a pas vraiment le physique nécessaire pour ce genre de côte, nous passe devant déjà épuisé. "What an idea ? (Quelle idée ?) Cobbles are awful ! (Les pavés sont horribles !)" Posé sur un chemin de terre, le pavé du mur de Kigali n’est pas toujours en bon état et plein de poussière. Un camion passe et c’est un nuage qui nous entoure, faisant tousser tous les Rwandais autour. "C’est une expérience, ça fait partie du folklore d’être ici", confiait Julian Alaphilippe après avoir reconnu le parcours. "Je suis content qu’on ne le passe qu’une fois parce qu’il est vraiment difficile. Le pavé rend très mal." Plus que la difficulté, Valentin Madouas a retenu l’ambiance. "Moi j’adore. Tu vois les gens autour de toi, ils sont heureux de voir des vélos, ça court autour de nous, on prend un réel plaisir à être là."

Une difficulté située à 90km de l’arrivée

L’atmosphère, c’est peut-être ce qu’on retient le plus après être passé par le mur de Kigali. L’impression d’avoir traversé un village avec supermarché, coiffeur, bar ou magasin de vêtements partout dans la rue. Après 300m de marche, plus longs qu’on ne pense quand on compte les pauses, un petit groupe de Rwandais est massé devant une télévision pour regarder la course U23, remportée par Lorenzo Finn.

Derrière, sur les pavés, se succèdent des vélos mais ceux-là transportent des marchandises. Cuves de lait, bonbonne de gaz… Impossible de monter à coups de pédale, c’est donc vélo à la main que les travailleurs grimpent les derniers mètres du mur de Kigali. Arrivés en haut, ils soufflent, nous aussi. La fin d’une montée… sans fin. "Bon nombre de coureurs vont poser pied à terre ici", prévient Prince, Franco-rwandais fan de cyclisme. Il ne devrait plus rester grand monde au passage du mur de Kigali, situé à 90km de l’arrivée ce dimanche. L’occasion rêvée pour un certain Tadej Pogacar, de mettre une accélération pour lâcher ses derniers adversaires.

Maria Azé, à kigali