Un ovni français: comment le prodige Paul Seixas a écoeuré Ayuso et Scaroni pour monter sur le podium des championnats d'Europe avec Pogacar

Tout s’est joué dans le Val d’Enfer, cette ascension de 1,7km à 9,7% de moyenne qui a rythmé toute la journée et qui a servi de théâtre à la bataille finale. Après l’attaque foudroyante de Tadej Pogacar, qui a dynamité le peloton à 75km de l'arrivée, Paul Seixas a trouvé la ressource pour s’accrocher à la roue de Remco Evenepoel. Derrière eux, Juan Ayuso et Christian Scaroni complétaient le groupe de chasse. Mais l’entente n’était pas au rendez-vous: "Au début j’avais la consigne de ne pas passer de relais, mais après on m’a donné le feu vert", a expliqué Seixas au micro de L’Équipe. "Remco est parti, il était le plus fort, c’est comme ça."
Le Belge, irrité par l’attentisme, s’est envolé seul dans la poursuite de Pogacar, laissant le jeune Français à la lutte avec Ayuso et Scaroni. Alors que tout laissait craindre une issue au sprint, terrain défavorable à ses qualités, Paul Seixas a fait le choix du panache. Il a multiplié les offensives dans le dernier tour, au courage, jusqu’à faire céder l’Espagnol, puis finalement l’Italien, à trois kilomètres de l’arrivée.
Une maturité folle pour un coureur de 19 ans
Ce qui frappe, au-delà de la performance brute, c’est la maturité affichée par le Français. Sa gestion de course, son intelligence tactique et sa capacité à répéter les attaques après plus de 200 km font déjà penser à un coureur aguerri. "Quand j’ai essayé de suivre Remco et Tadej, je me suis dit dans le premier Val d’Enfer qu’il fallait tenter le tout pour le tout, raconte-t-il. J’avais peur de payer mes efforts, mais au final, tout au long de la journée, j’ai réussi à ne pas craquer."
Une lucidité rare, d’autant plus que le coureur de Decathlon AG2R La Mondiale savait qu’il n’avait pas la pointe de vitesse pour régler ses adversaires dans un sprint. Il a donc pris ses responsabilités, quitte à se mettre en danger. Un choix fort, qui a payé. "Je ne pouvais pas m’en aller sans me battre jusqu’au bout", confie-t-il avec un large sourire.
"Gravé dans ma mémoire toute ma vie"
Sur la ligne, le Français a levé les bras comme s’il avait gagné. Et d’une certaine manière, il a bien remporté quelque chose, sa place parmi les plus grands espoirs du cyclisme mondial. "Ça restera gravé dans ma mémoire toute ma vie. Je reste moi-même, je donne toujours tout sur le vélo. C’est tellement fou, ce matin, je n’avais même pas pris mon paquetage, je ne pensais pas être sur le podium", lâche-t-il encore, incrédule.
Ce podium européen derrière Pogacar et Evenepoel vaut presque une victoire. À 19 ans, Paul Seixas s’affirme déjà comme le visage de l’avenir du cyclisme français, capable d’oser face aux géants et de tenir tête là où peu de coureurs de son âge osent s’aventurer. Une entrée fracassante dans la cour des "ovnis" du peloton.