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Cyclisme: "C'est le retour de la psychose", le peloton inquiet face à la hausse des cas de Covid

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Une vingtaine de coureurs, dont le leader Aleksandr Vlasov, ont dû abandonner ce vendredi le Tour de Suisse avant le départ de la sixième étape à cause de nombreux cas de Covid-19. Une situation qui ne rassure pas à deux semaines du Tour de France, comme l'explique le directeur sportif de la Groupama-FDJ, Philippe Mauduit.

"Il faut resserrer la vis, remettre la bulle sanitaire en place et tous les protocoles qu’on utilisait avant de rouvrir." Dans la voiture Groupama-FDJ au cœur de la sixième étape du Tour de Suisse, le directeur sportif Philippe Mauduit lance l’alerte à quinze jours du départ du Tour de France à Copenhague. Alors que les organisateurs de l’épreuve ont constaté ce vendredi matin à Locarno une pluie d’abandons (cas positifs, cas contact…), on peut s’interroger sur le respect du protocole Covid mis en place par l'Union cycliste internationale depuis le début de l’épidémie.

Cascade d'abandons sur le Tour de Suisse

A l’image de ce qui se passe dans la population où les gestes barrières sont de plus en plus oubliés, les organisateurs et les équipes ne sont plus aussi scrupuleux sur les règles sanitaires. Pendant le Giro, les fans avaient retrouvé leurs places auprès des bus avant le départ des étapes, côtoyant au plus près les coureurs tandis que la presse était tenue à distance. Dans les hôtels en Suisse, les coureurs sont à nouveau au contact des autres clients. "Tout le monde au bout de deux ans en avait marre de toutes ces contraintes, poursuit Philippe Mauduit, et quand la porte s’est un peu entrouverte tout le monde en a un peu profité. C’est bien naturel, c’est humain."

Mais le pari de l’immunité n’est pas compatible avec le sport de haut niveau qui contraint les coureurs à manquer des épreuves. Une cascade d’abandons qui provoque de l’inquiétude au sein des équipes. "On n’est pas sereins par rapport à la bulle sanitaire mise en place par ASO car ils ont confirmé la semaine dernière qu’ils allaient alléger le dispositif par rapport au dernier Tour de France. On se rend compte qu’il faut faire un petit coup de rétropédalage. Avec ce qui se passe sur le Tour de Suisse où on perd une vingtaine de coureurs dans la journée, au bout de trois semaines il n’y aura plus personne. On se rend compte que ce sont les gestes barrières qui protègent le mieux et qu’on n’a pas trop le choix."

"C’est incontrôlable"

Hasard ou coïncidence, seules trois équipes n’ont pas eu d’abandon depuis le départ : trois équipes françaises. Mais à la Groupama-FDJ on ne veut pas crier victoire. "On n’est pas meilleur que les autres et peut-être que ce soir on aura deux cas positifs comme tout le monde. C’est incontrôlable mais on avait des messages réguliers du staff médical qui nous disait attention, ne vous relâchez pas. Si on veut que l’équipe continue à fonctionner il faut la protéger. La bulle sanitaire c’est le seul moyen." L’équipe de Thibaut Pinot était ce matin au petit-déjeuner avec celle d’Israël-Premier tech qui est arrivée dans la salle pour la première fois équipée de masques FFP2 mais sans deux de ses coureurs.

Avec l’abandon quelques minutes plus tard du leader de la course Aleksandr Vlasov (Bora-Hansgrohe), Jakob Fuglsang (Israël-Premier tech) apprenait qu’il porterait le maillot jaune. Mais pour combien de temps ? "Après on se dit à qui j’ai serré la main, sourit Philippe Mauduit. On retourne dans la psychose de mars et des mois précédents." A quinze jours du départ du Tour à Copenhague le Covid signe son grand retour dans le peloton.

Pierre-Yves Leroux