Cyclisme: Quatre questions pour une nouvelle saison

Un Tour de France qui convient à Thibaut Pinot?
“Une blessure dans la tête, difficile à soigner” concédait Thibaut Pinot, de passage au micro du Super Moscato Show sur RMC, en octobre 2019. Le souvenir de l’abandon dramatique du Franc-Comtois, lors de la 19e étape du dernier Tour de France, est encore présent dans les esprits de certains. Dans une forme étincelante, le grimpeur de la Groupama-FDJ avait fait vaciller l’empire Ineos (ex-Sky) en montagne, là où la formation britannique règne depuis plus d’une décennie.Deux années de suite que le sort s’acharne sur le natif de Mélisey (Haute-Saône). En 2018, il abandonnait, déjà lors de la 19e étape, sur le Tour d’Italie.
Retrouvera-t-il ce pic de forme atteint en juillet dernier? Lui qui, se disait “prêt à gagner une course, tout simplement, sans [se] rendre compte qu’on parlait du Tour de France”, avait trouvé l’équilibre entre la gestion de ses efforts et accélérer quand la course le permettait. Pour cette édition 2020, l’objectif de Thibaut Pinot se situera en troisième semaine. Sur les pentes du Grand Colombier (15e étape, victorieux au sommet de ce même col l’année dernière sur le Tour de l’Ain), du col de la Loze (17e étape) un nouveau venu sur la route du Tour ou lors de la 20e étape sur la Planche des Belles-Filles. Un cadeau empoisonné des organisateurs de la course: un contre-la-montre de 36 km, tracé sur sur ses routes d’entraînement.
Italie pour Bardet, Flandres pour Alaphilippe: des choix judicieux?
Pour la première fois depuis 2012 (ses débuts dans le peloton avec AG2R), Romain Bardet ne sera pas aligné au départ de la Grande Boucle. La saison 2019 est à oublier pour l’Auvergnat: manque de résultats, panne de confiance, il cherchera à retrouver un podium sur un Grand Tour cette année. Une rédemption qui passe par l’Italie et le Giro.
Le leader d’AG2R-la-Mondiale a décidé de sortir de son schéma traditionnel de l’hiver, il avait besoin de “varier les plaisirs pour retrouver de la motivation”. Casser sa routine passe par une impasse obligatoire en Juillet. Le grimpeur a pour objectif un autre événement l’été: les JO. Il peut faire partie des cinq coureurs, emmenés par Thomas Voeckler le sélectionneur français, pour cette course olympique. Sur un parcours accidenté, qui plaît à un spécialiste des courses d’un jour.
Julian Alaphilippe aura fait vibrer les foules en juillet dernier. Durant deux semaines, le leader de la Deceuninck-Quick Step a caressé l’espoir d’une victoire finale sur le Tour. Pour 2020, pas de changements majeurs dans sa programmation. Un séjour en Argentine (sur le Tour de San José, 26 janvier au 2 février) afin de peaufiner sa préparation, Paris-Nice (avec un chrono autour de Saint-Amand-Montrond, sa ville natale) pour chercher ses premières victoires en World Tour cette saison.
Le Vélo d’or et sportif de l’année en France, désigné par le journal L’Equipe en décembre dernier, sillonnera ensuite les routes belges (et néerlandaises avec l’Amstel Gold Race le 19 avril) mais aussi françaises, et ce jusqu’aux JO. Avec une variante étonnante cette saison : le Tour des Flandres (4 avril). Sur les monts pavés flandriens, il tentera de succéder à Jacky Durand, le dernier vainqueur français sur ce monument.
L’année de la confirmation pour les jeunes talents?
Ces jeunes prodiges ont, pour la plupart, explosé au plus haut niveau la saison dernière, et les attentes autour de leurs performances grandissent. Certains ont montré plus de garanties pour s’imposer durablement, d’autres vont peut-être devoir redoubler d’efforts pour ne pas tomber dans l’oubli.
Parmi les plus attendus, Mathieu Van der Poel, Wout Van Aert (de retour en cyclo-cross récemment, après sa lourde chute sur la 13e étape du Tour de France), Remco Evenepoel (victoire sur la Clasica San Sebastian en 2019 notamment) , Tadej Pogacar (3e de la Vuelta) et Kasper Asgreen (2e du Tour des Flandres) vont être très suivis. Au même titre que les résultats de Mads Pedersen, le champion du monde surprise (dans des conditions météo extrêmes à Harrogate, en Angleterre) a bouclé une saison 2019 décevante.
Le polyvalent Van der Poel a fait des classiques pavés (son équipe, Alpecin-Fenix, est invitée sur Paris-Roubaix) et ardennaises ses priorités sur la première partie de saison. Après cela, il se concentrera sur son objectif majeur : devenir champion olympique de VTT.
Pour Pogacar et Evenepoel, ce sera bien différent Le premier a choisi de courir en juillet sur les routes du Tour, le second espère jouer les premiers rôles pour les Jeux olympiques. Après une fin de saison exceptionnelle (champion d’Europe en juillet, 2e du contre-la-montre des Mondiaux), on attend de voir comment “le petit cannibale” se comportera cette saison.
Quelle stratégie pour Ineos sur le Tour?
Geraint Thomas (vainqueur en 2018), Egan Bernal (en 2019), Richard Carapaz (vainqueur sur le Giro 2019) et enfin Christopher Froome (4 fois victorieux en France). La cohabitation au sein de l’équipe britannique risque d’être au cœur de l’actualité pour les prochains mois. Au début du mois de janvier, Dave Brailsford le patron de l’équipe a dû démentir les rumeurs concernant une rechute de son leader Chris Froome, alors en stage à Majorque depuis décembre.
Le Britannique de 34 ans s’est lancé le pari de remporter une cinquième fois le Tour. Son patron mettant même en garde ses rivaux, “personne ne doit sous-estimer Chris Froome”. Après une terrible chute, sur le Dauphiné Libéré en juin 2019, qui l’avait contraint à ne pas s’aligner au départ de la Grande Boucle, il espère revenir à son meilleur niveau.
Ineos a d’ores et déjà annoncé que Geraint Thomas et Egan Bernal devraient également participer à la grande messe estivale. Une marque de confiance certes, mais un pari risqué pour les deux parties tant les deux autres leaders semblent en mesure de l’emporter également.
Très rare dans les médias, Froome avait exprimé sa volonté de revenir et se ”battre pour la victoire” dans une interview accordée au service communication de son employeur. “Les prochains mois vont être difficiles. Il n’y a aucune garantie que je serai de retour au niveau pour gagner mais je donnerai tout pour ça.”
Tout semble indiquer que l’on devrait assister à une belle lutte pour le pouvoir. Et ce n’est pas les déclarations faites à France Télévisions, en octobre 2019, qui vont éclaircir la situation interne. Il avait confié qu’Egan Bernal occuperait le rôle d’équipier sur les routes du Tour. Egan Bernal avait répondu, dans les colonnes du Monde, qu’il l’aiderait “seulement s’il montre qu’il est le plus fort.”
Principaux transferts:
Richard Carapaz (Equ) de Movistar à Ineos
Rohan Dennis (Aus) de Bahreïn-Merida à Ineos
Vincenzo Nibali (Ita) de Bahreïn-Merida à Trek-Segafredo
Matteo Trentin (Ita) de Mitchelton-Scott à CCC
Sam Bennett (Irl) de Bora-Hansgrohe à Deceuninck-Quick Step
Philippe Gilbert (Bel) de Deceuninck-Quick Step à Lotto-Soudal
Daniel Martin (Irl) de UAE à Israël Start-up Nation
Mikel Landa (Esp) de Movistar à Bahreïn-Merida
Wout Poels (P-B) de Ineos à Bahreïn-Merida
Tom Dumoulin (P-B) de Sunweb à Jumbo-Visma
Enric Mas (Esp) de Deceuninck-Quick Step à Movistar
Chez les équipes françaises :
Elia Viviani (Ita) de Deceuninck-Quick Step à Cofidis
Guillaume Martin (Fra) de Wanty-Gobert à Cofidis
Nairo Quintana (Col) de Movistar à Arkea-Samsic
Nacer Bouhanni (Fra) de Cofidis à Arkea-Samsic
Jens Debusschere (Bel) de Katusha à Vital Concept - B & B Hôtels