RMC Sport

Dans l’Enfer du Nord avec Guimard

La Trouée d'Arenberg

La Trouée d'Arenberg - -

Septième de Paris-Roubaix en 1969 et directeur sportif de Bernard Hinault et Marc Madiot quand tous deux ont dompté l’Enfer du Nord, Cyrille Guimard a reconnu la Reine des classiques pour RMC Sport. Suivez le guide.

La douleur
L’Enfer du Nord, avec ses 257,5 km d’effort, de combat contre les pavés, la poussière et parfois les éléments, n'en finit plus d'user les organismes des coureurs. « Si c’est fatiguant ? Un peu, oui ! Mais c’est bien, sourit l’ancien directeur sportif de Bernard Hinault et Marc Madiot, qui a fait une trentaine de Paris-Roubaix dans la voiture après avoir lui-même fini 7e en 1969. On a l’impression d’avoir les bras, les poignets, endoloris. Mais ça n’a pas d’importance. C’est grisant. » Comment résister ? Comment repousser ses limites ? En oubliant la douleur. « On a mal aux paumes des mains et aux pouces, confie-t-il. Il faut toujours avoir les mains serrées fort sur le guidon tout en conservant les bras souples. Ils font office d’amortisseurs. »

Les pièges
Tenir le haut du pavé, pour se prémunir des chutes, des crevaisons. Au 24e des 27 secteurs pavés de Paris-Roubaix, le petit manuel du coureur de classiques est à respecter à la lettre. « Si vous êtes en tête, vous avez un gros avantage, explique Cyrille Guimard. Vous voyez les pièges avant les autres. Vous pouvez les éviter et le jeu consiste à amener vos adversaires vers ces pièges en passant au bord des trous. » Mais l’expérience ne suffit pas toujours. « C’est la faute qu’il ne faut pas faire, raconte-t-il après un écart. Je me suis laissé embarquer à gauche et je suis tombé sur un endroit où il y a énormément d’espace entre chaque pavé. » Perdre du temps à cet endroit, à ce moment de la course, est interdit.

La bagarre
Le Carrefour de l’Arbre, à 17 kilomètres du vélodrome de Roubaix, est le dernier écueil sur la route des héros de Paris-Roubaix. Sortir en tête de ces 2,1 km de pavés, c’est mettre une sérieuse option sur la victoire finale. Mais tout se joue à l’approche de ce secteur mythique, 70 km après la Trouée d’Arenberg. « Il faut être très bien placé, prévient Cyrille Guimard. Si vous êtes en 10e position à l’entrée, vous avez pratiquement perdu la course. C’est la partie la plus dangereuse. Il faut absolument se positionner. Plus le groupe est important, plus ce secteur est dangereux. Il faut se battre pour rentrer dans les deux ou trois premières positions. Après, pour doubler, c’est très difficile. Il y a des trous, des pavés qui manquent. Il faut vite remonter pleine route. »

Le restaurant, enfin
« On n’en voit pas le bout, souffle Cyrille Guimard sur le vélo. Mais en course, il y a des milliers de spectateurs qui vous crient dessus. Si vous êtes en tête, vous avez la chair de poule. Vous êtes porté par le public. Moi, ça me manque aujourd’hui ! Allez, pour le fun, je vais mettre des chevaux ! Et voilà le fameux restaurant (situé au Carrefour de l’arbre). » La délivrance, avec ce droite-gauche qui siffle la fin de la bataille. « Ça fait plaisir de retrouver ces sensations sur le pavé, même si mon niveau de performance est relativement bas, savoure l’actuel directeur sportif de la formation Roubaix-Lille Métropole. Je suis un petit peu nostalgique. On arrive à tout revivre en quelques instants. » Dimanche, pour Tom Boonen, Sylvain Chavanel et les autres, ce sera bien réel.