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Giro: parcours, favoris, chances françaises... Ce qu'il faut savoir sur le Tour d'Italie 2022

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C'est en Hongrie que s'élance ce vendredi la 105e édition du Tour d'Italie, pour trois semaines de course et un parcours global taillé pour les grimpeurs. En l'absence de Tadej Pogacar, Primoz Roglic et Egan Bernal, la course au maillot rose s'annonce particulièrement indécise, avec un vrai coup à jouer pour Romain Bardet ou Guillaume Martin.

La Hongrie comme point de départ

C’est la course des audacieux. Et des rêveurs. Celle des étapes de montagnes marathons, des scénarios chamboulés et des paysages à rendre jaloux les plus beaux endroits du monde. Avec une météo imprévisible, un public déchaîné et une certaine théâtralité qui séduit le peloton, loin de la pression étouffante propre au Tour de France. Un an après le sacre du Colombien Egan Bernal, absent cette année, le Giro est de retour ce vendredi pour une 105e édition répartie en 21 étapes jusqu'à l'arrivée à Vérone le 29 mai. Au menu : 3445,6 kilomètres à digérer, six arrivées au sommet ou en côte (1e, 4e, 9e, 15e, 19e et 20e étapes) et 115.000 euros à la clé pour le vainqueur final. Après être parti de Jérusalem en 2018, le Giro innove encore en choisissant Budapest comme point de départ. La Hongrie accueille les trois premières étapes : une première pour sprinteur-puncheur, puis un contre-la-montre de 9 km dans la capitale, et enfin un parcours pour sprinteurs.

Des grands rendez-vous à venir

Ce Giro propose trois étapes de montagne (Blockhaus, Aprica, Marmolada) classées au top des difficultés par les organisateurs et à ne surtout pas manquer. Rendez-vous d'abord le 15 mai, à la fin de la première semaine de course, avec une arrivée au sommet du Blockhaus (13,6 kilomètres à 8,4%), entré dans la légende en 1967 quand Eddy Merckx, alors âgé de 21 ans, l’avait emporté. Le 24 mai, c'est l'emblématique Mortirolo qui sera escaladé. Un obstacle majeur, compliqué par une descente très technique. Il devrait offrir une belle bataille avant le final ce jour-là prévu à Aprica. Quatre jours plus tard, les mythiques cols des Dolomites se dresseront sur la route des coureurs : le San Pellegrino, le Pordoi et le Fedaia. Un savoureux programme en perspective. "Le Giro offre parfois plus d'opportunités pour les attaquants, avec une course plus débridée, a justement rappelé Romain Bardet cette semaine en conférence de presse. Je pense qu'il y a aussi une forme d'amour pour cette course."

Une course au maillot rose indécise

En l’absence des cannibales slovènes Tadej Pogacar et Primoz Roglic, focalisés sur le Tour de France, la course au maillot rose s’annonce ouverte. Même si un favori se dégage : Richard Carapaz. Vainqueur ici en 2019 alors qu’il portait les couleurs de Movistar, devenu depuis champion olympique à Tokyo, l’Equatorien est en forme et sera très bien entouré par ses lieutenants chez Ineos, Richie Porte et Pavel Sivakov en tête. Sur un tracé taillé pour les grimpeurs, avec seulement 26,6 km de chrono, il faudra aussi compter sur João Almeida (UAE-Emirates), l'insaisissable basque Mikel Landa (Bahrain-Victorious), le Colombien de poche Miguel Angel Lopez (Astana) et l’énigme néerlandaise Tom Dumoulin (Jumbo-Visma), qui l’avait emporté en 2017 mais qui arrive cette année sans la moindre certitude. D’autres misent plutôt sur le Britannique Simon Yates (BikeExchange), capable de renverser un Grand Tour comme de le perdre à deux jours de l’arrivée. Deux Français peuvent aussi nourrir des ambitions au général.

Bardet et Martin ambitieux

Ancien candidat à la victoire sur le Tour de France (2e en 2016, 3e en 2017), septième l’an dernier pour ses grands débuts sur le Giro, Romain Bardet compte bien devenir cette année le premier Français à monter sur le podium du Tour d’Italie depuis un certain John Gadret, qui avait pris la troisième place en 2011 (après le déclassement d’Alberto Contador). Gagner le mois dernier sur le Tour des Alpes a pu booster la confiance de l’Auvergnat. La formation allemande DSM, dans laquelle il évolue depuis l’an dernier, sera entièrement à son service, et cela fait longtemps qu’un coureur tricolore n’a pas abordé un grand Tour avec de si belles ambitions. Le parfum de romantisme du Giro, la passion qui l’entoure et ses sommets vertigineux pourraient aussi permettre à Guillaume Martin de se sublimer pour sa toute première participation. "C’est l’un des grands Tours avec le plus de dénivelé sur les vingt dernières années et moi je suis un pur grimpeur. Je ne m’interdis rien. Ce serait un peu idiot de se fixer des limites", a confié le grimpeur normand de la Cofidis jeudi sur RMC.

Démare, l'autre chance française

Lui ne visera pas le général mais une victoire d’étape. Au moins une. Arnaud Démare, qui n’a toujours pas levé les bras cette saison, compte bien débloquer son compteur là où il avait fait une razzia il y a deux ans en remportant quatre étapes et le maillot cyclamen du classement par points. "Il y a des bons souvenirs. Maintenant, c'est aussi presque du stress en plus. Disons que refaire ce que j'ai pu faire en 2020... tout le monde sait que c'était quelque chose d'exceptionnel. Physiquement je me sens bien, c'est vrai. Depuis le début de l'année, j'ai de bonnes jambes", a promis le sprinteur de la Groupama-FDJ. La première étape avec une arrivée en côte à Visegrad (3,8 km à 5% de pente moyenne) devrait donner de bonnes indications sur les sensations du Picard. Comme Romain Bardet, le baroudeur d'AG2R Citroën Lilian Calmejane peut lui réussir une sacrée performance : entrer dans le cercle fermé des vainqueurs d’étapes sur trois grands Tours. Il s'est déjà imposé sur la Vuelta en 2016 et sur le Tour l'année suivante. Bardet compte de son côté trois succès d'étapes sur le Tour (2015, 2016 et 2017), sans oublier son triomphe au Pico Villuercas l'an dernier sur la Vuelta.

https://twitter.com/rodolpheryo Rodolphe Ryo Journaliste RMC Sport