Guerre en Ukraine: Museeuw raconte son dernier échange poignant avec Tchmil, parti se battre

Un appel inattendu peut parfois vous anéantir, et vous faire perdre pied, lorsque vous ressentez la sensation de vertige qui s’empare de votre être, et que le monde tel que vous le connaissiez s’écroule autour de vous. Quand il s’agit d’un ami, l’émotion s’ajoute à l’horreur. Le "Lion des Flandres" Johan Museeuw (56 ans) spécialiste des classiques du nord en son temps, a reçu un appel téléphonique d'Andrei Tchmil (59 ans), ancienne gloire du cyclisme, vainqueur de trois Paris-Roubaix, dimanche après-midi. Andrei Tchmil est né en Union soviétique. Il a auparavant détenu la nationalité russe, moldave et ukrainienne. À la fin des années 1990, il s'est fait naturaliser belge.
Museeuw savourait encore le grand week-end d’ouverture des classiques flamandes quand la beauté du sport a été éclipsée par la noirceur de la guerre en Ukraine. Dans une vidéo publiée sur Facebook, Museeuw raconte ce que Tchmil avait à lui dire. "Nous avions l'habitude de mener de nombreuses guerres à vélo, mais maintenant je suis au milieu d'une, m'a dit Andrei. Je vis dans la zone frontalière à 100 kilomètres de l'endroit où il y a des combats. Et ils avancent."
Tchmil révèle à son ami qu’il a envoyé sa femme et leur fils d'un an en Roumanie pour les protéger, mais que lui-même va rester là-bas. "Je vais me battre. Je vais le défendre", prévient-il. Museeuw ne dit pas si Tchmil entend défendre sa maison et ses biens ou s'engager activement dans le combat, mais en tout cas, Tchmil envisage le pire. "Johan, je voulais avoir de tes nouvelles. Je ne sais pas si je serai là demain ou après-demain. Je l'espère, mais je t'embrasse bien fort."
Un message glaçant à vous faire dresser les poils sur les bras. "Pour quelqu'un de mon âge, cela vous fait vous arrêter un instant, admet Johan Museeuw. J'ai été en contact avec Andrei ces dernières années et maintenant il vous appelle et vous dit Johan, je vais te donner trois baisers parce que je ne sais pas si je serai encore là demain. Ça fait dresser les poils sur les bras."