"Mais en fait, vous êtes en train de crever!", l'ultime appel à l'aide du boss d'Arkéa-B&B Hôtels, en passe de disparaître

Le temps n'a jamais été autant compté pour la formation Arkéa-B&B Hôtels. Pourtant meilleure équipe française du dernier Tour de France (septième du classement général avec Kévin Vauquelin et quatrième au classement par équipes), elle est en passe de disparaître. La faute à une absence de sponsors pour la saison prochaine, alors que sa collaboration avec ses deux partenaires principaux Arkéa et B&B Hôtels prendra fin à la fin de l'année 2025.
Une première échéance clé est passée: le 1er octobre, tous les budgets devaient être validés. Le manager de l'équipe, Emmanuel Hubert, n'a pas pu fournir ces garanties bancaires à l'UCI (Union cycliste internationale). La nouvelle date butoir est dans moins de 2 semaines, le 15 octobre, dernier délai pour déposer son dossier.
"Je vois le verre à moitié vide alors qu'auparavant je le voyais aux trois quarts plein"
"Je veux espérer qu’il y ait bien un mec qui, à un moment donné, va se lever et qui va me dire… 'Mais en fait, c’est vrai vous êtes en train de crever!', veut encore croire Emmanuel Hubert, comme il le confie dans un entretien à Ouest-France publié ce jeudi. "Après, je suis plus terre à terre. Je me dis que ça fait 10-12 mois que je cherche, pourquoi ça va se réveiller en quinze jours? Ça fait dix mois que je crie au feu et très peu de personnes ont pris le truc à bras-le-corps. Donc aujourd’hui, je vois quand même le verre à moitié vide alors qu’auparavant, je le voyais quand même aux trois quarts plein. Je suis aussi face à la réalité des choses, face à cette problématique aussi conjoncturelle."
Ce n'est pourtant pas faute d'avoir essayé. "L’équipe Arkéa-B&B Hotels a été informée par ses deux partenaires titres du non-renouvellement de leurs contrats respectifs arrivant à échéance à la fin de la saison, au 31 décembre 2025", avait annoncé la formation tricolore dans un communiqué fin juin. "Dans un contexte financier exigeant pour le cyclisme, Emmanuel Hubert et ses équipes sont pleinement engagés dans une démarche active de recherche de nouveaux partenaires."
Début août, ce dernier se montrait d'ailleurs optimiste. "J'ai des prospects, des gens qui ont envie, maintenant il faut signer en bas de la page mais aussi de trouver la bonne équation pour ces entreprises. Et trouver le bon rythme entre y aller tout seul, à deux ou à trois. (...) Je suis presque sûr que ça va se faire. La seule chose c'est le timing mais ce n'est pas forcément moi qui le tiens", avait confié Emmanuel Hubert dans l'Intégrale Sport sur RMC.
Six pistes proches d'aboutir
"Des pistes sérieuses, il y en a eues 25", détaille-t-il auprès de Ouest-France. "On a commencé à regarder le maillot, à regarder le format, etc. Au final, sur ces 25 pistes, j’y ai cru six fois. Sur les six où réellement cela a failli basculer dans le bon sens, tu en as la moitié hors de France. On sait que l’argent est au Moyen-Orient ou en Asie."
Pas question, pour autant, de sonner le glas dès maintenant. "Je serais même tenté de dire que jusqu’au 31 décembre, presque, on peut y croire", lance Emmanuel Hubert. "S’il y a un mec qui se lève le 15 décembre et qui dit qu’il va mettre 40 millions, on va se passer d’un mec qui peut apporter 40 millions à une équipe aujourd’hui?"
Et de concéder: "Il y a un peu ce déni de possible arrêt, c’est vrai. Personnellement, j’ai ce sentiment de culpabilité, d’échec, de ne pas avoir trouvé. Mais j’ai voulu être très clair par rapport à mes 150 salariés. Si vous avez la moindre peur, partez. Je l’ai dit le 30 avril, vous êtes libres de votre choix. Je n’ai jamais eu peur de perdre. Après, certains sont demandés ailleurs mais n’ont pas fait le saut, tant que je n’ai pas sonné la mort."
"On a une vraie valeur"
La dernière formation bretonne dans les pelotons professionnels, présente sur le circuit depuis 2005 et qui reste sur douze participations de suite au Tour de France, cherche à maintenir son budget autour de 15-20 millions d'euros, a minima. Elle compte plusieurs noms connus du cyclisme français comme Kévin Vauquelin, Ewen Costiou, Arnaud Démare, Florian Sénéchal ou encore Clément Venturin, même si certains d'entre eux sont annoncés sur le départ.
"On a eu de très grands champions en Bretagne, mais bougez-vous le cul! (...) Peut être que je ne serais pas très bankable la première année, mais le tout c’est de remettre une pièce dans le jukebox et qu’on continue. (...) Aujourd’hui on a une vraie valeur. J’ai des mecs qui savent créer de la valeur ajoutée à des coureurs", conclut Emmanuel Hubert.