Seixas choque la planète cyclisme à 19 ans: le Français est-il plus fort que Pogacar sur sa première année professionnelle?

Comment ne pas s'enflammer? D'autant plus si le principal intéressé assure que ses performances sont "au-delà de tous [s]es espoirs". Paul Seixas a enflammé les routes de la Drôme-Ardèche ce dimanche en allant chercher une impressionnante médaille de bronze sur la course en ligne des Championnats d'Europe. À seulement 19 ans, le prodige du cyclisme français répond aux attentes placées en lui dès sa première année professionnelle.
"Honnêtement je n'imaginais pas ma première saison pro ainsi", a-t-il confié à l'arrivée. "Je pensais plus prendre de l'expérience, prendre quelques coups durs aussi. Finalement, j'ai commencé fort et j'ai progressé tout au long. C'est au-delà de tous les espoirs que j'avais. Être ici aujourd'hui, c'est un rêve. Et pouvoir encore progresser jusqu'à la fin de la saison, c'est incroyable."
Un sans-faute dès 18 ans
Suivi à la loupe par les mordus de cyclisme depuis son adolescence, le Lyonnais a fait ses grands débuts en professionel en 2025, sautant le traditionnel passage par la catégorie Espoirs. Si sa belle cinquième place à 18 ans sur sa première course pro (le GP de La Marseillaise) début février a provoqué les premiers frémissements des suiveurs, ce n'est rien comparé à ce qui suivra.
Car l'année du crack de Decathlon-AG2R La Mondiale a été découpée en trois blocs. Discret lors de sa première course World Tour par étapes (l'UAE Tour, où il ne prendra pas le départ au matin de la 6e étape), Paul Seixas s'est présenté sur trois courses d'un jour françaises: le Cholet Agglo Tour, Paris-Camembert et la Route Adélie de Vitré. C'est sur la deuxième qu'il s'est le plus distingué. Intenable loin de l'arrivée, il n'a été battu que par le Belge Lander Loockx dans un sprint à cinq. Sur le Tour des Alpes fin avril, le jeune Français a pris en expérience, et fait état de sa grande maturité pour son âge. Bien classé sur les trois premières étapes avant de perdre 10 minutes sur la 4e, il a offert la 6e à son coéquipier Nicolas Prodhomme contre la volonté de sa direction sportive.
Le deuxième bloc s'est composé de deux rendez-vous en juin: le Critérium du Dauphiné et les Championnats de France. Le grand public l'a réellement découvert sur la petite soeur du Tour de France, où il a terminé à la 8e place d'un classement général dominé par tous les cadors de la Grande Boucle. Dix jours plus tard aux Herbiers, Paul Seixas a décroché la médaille de bronze du contre-la-montre avant de pointer à la 9e place de la course en ligne.
Ce n'est que deux mois plus tard que le prodige s'est aligné sur son unique course chez les Espoirs: le Tour de l'Avenir. Bien challengé par d'autres espoirs du cyclisme comme le Belge Jarno Widar ou l'Italien Lorenzo Finn, il a écrasé le contre-la-montre final dans la montée de La Rosière. La suite, on la connaît: un jour sans sur le chrono des Mondiaux, une médaille d'argent sur le relais mixte, une impressionnante 13e place sur la course en ligne puis la médaille de bronze à domicile sur les Europe. Ce samedi, il pourra conclure sa saison en beauté en s'alignant sur le premier Monument de sa carrière: le Tour de Lombardie. Un parcours très accidenté qui pourrait lui permettre de bien figurer à l'arrivée au vu de son niveau sur les courses de plus de 200 kilomètres.
Une première saison "pogacaresque"?
En Lombardie, Paul Seixas retrouvera celui qui écrase tout depuis plusieurs saisons, en quête de son cinquième bouquet sur l'épreuve: Tadej Pogacar. Quadruple vainqueur du Tour de France, double champion du monde, maillot rose à Rome sur le Giro... À 27 ans, le Slovène affole toutes les statistiques. Mais où en était-il au même âge que Paul Seixas?
Pour faciliter toute comparaison, les deux hommes célèbrent leur anniversaire à trois jours d'intervalle (Pogacar le 21 et Seixas le 24 septembre), le coureur UAE étant né huit ans avant le futur pensionnaire de Decathlon-CMA CGM. À ce petit jeu-là, Paul Seixas a deux belles années d'avance puisque Tadej Pogacar n'a fait ses débuts en pro chez UAE qu'en 2019, à 20 ans (il était encore en juniors dans une équipe slovène à 18 ans).
Lors de sa première saison chez les grands, "Pogi" n'a, lui non plus, pas fait dans la dentelle. Si Paul Seixas aura couru 37 jours en 2025, le Slovène a empilé 62 jours de course en 2019. Et pas n'importe lesquels. Courses par étapes World Tour, premier Grand Tour, Mondiaux... Il s'est d'entrée frotté aux plus grands. Et certains s'y sont piqués.
Le coureur, encore plus fluet à l'époque, a par exemple remporté le Tour d'Algarve et le Tour de Californie ou encore terminé 4e et 6e du général des Tours de Slovénie et du Pays Basque. Mais son principal fait d'armes restant sa prestation sur le Tour d'Espagne, l'épreuve sur laquelle il s'est révélé avec trois victoires d'étapes, le maillot blanc de meilleur jeune et une place sur le podium du général.
Avantage Pogacar donc sur les courses par étapes, mais peut-être pas sur les longues courses d'un jour. Contrairement à Paul Seixas qui a su répondre présent dès ses premières journées à plus de 200 kilomètres, le Slovène a moins brillé sur sa première saison pro: 30e des Strade Bianche, abandon sur l'Amstel Gold Race, 18e sur Liège-Bastogne-Liège, 18e lors des Mondiaux en Grande-Bretagne...
Une anomalie qui sera corrigée la saison suivante (fortement perturbée par le Covid) durant laquelle il décrochera son premier podium sur un Monument (3e de Liège-Bastogne-Liège). Mais aussi son premier Tour de France, au nez et à la barbe de son compatriote Primoz Roglic. Gagner la Grande Boucle dès sa deuxième saison pro, c'est tout le mal qu'on souhaite à Paul Seixas. Encore faudra-t-il qu'il y participe, son programme pour 2026 n'ayant pas encore été révélé.