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"Blanchir un génocide par le sport est une position politique", la réponse cinglante du gouvernement à l'UCI après les manifestations pro-Palestine sur la Vuelta

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Critiqué par l'UCI pour avoir salué et apporté son soutien aux manifestations pro-Palestine, le gouvernement espagnol a publié un communiqué acerbe en direction de l'instance cycliste internationale.

La Vuelta 2025 continue d'alimenter de vifs débats, deux jours après son arrivée chaotique à Madrid. Le gouvernement espagnol, par l'intermédiaire du Conseil supérieur des sports (CSD), s'en est pris sèchement à l'Union cycliste internationale (UCI), lundi, après son communiqué très offensif condamnant le soutien du Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, aux manifestants pro-palestiniens qui ont perturbé l'épreuve. L'instance suprême du cyclisme a même remis en cause la capacité de l'Espagne à organiser des épreuves sur ses terres.

"Votre déclaration ne formule à aucun moment de demande expresse au gouvernement Netanyahou de mettre fin aux massacres et à la barbarie dont souffre le peuple palestinien"

"Cette position est en contradiction totale avec les valeurs olympiques de rassemblement, de respect mutuel et de paix", indiquait notamment le texte. "Elle est en outre de nature à remettre en cause la capacité de l'Espagne à accueillir de grands événements sportifs internationaux en assurant leur déroulement dans de bonnes conditions de sécurité et conformément aux principes de la Charte olympique."

Des accusations que le gouvernement espagnol condamne. "Cher Monsieur David Lappartient (président de l'UCI), nous avons pris connaissance, avec une profonde gêne et surprise, de votre déclaration concernant la Vuelta d'Espagne 2025. En Espagne, comme dans toutes les sociétés démocratiques, le droit de manifester librement et pacifiquement est un droit fondamental, inscrit dans notre Constitution de 1978. Si la cause défendue est également juste et noble, celle des droits humains, cette expression libre et pacifique acquiert le statut d'obligation morale. C'est pourquoi, comme l'a déclaré hier le Président du Gouvernement, le Conseil supérieur des sports (CSD) est très fier de la grandeur du peuple espagnol et de sa sensibilité face à des situations profondément inacceptables et intolérables."

"Avec la plus profonde admiration et le plus grand respect pour nos athlètes et, comme nous l'avons toujours fait, en exprimant notre rejet de toute forme de violence, nous pensons que le sport ne peut rester indifférent à ce qui se passe dans le monde, et encore moins ignorer les graves violations des droits humains."

L'Espagne défend sa "formidable capacité d'organisation, reconnue dans toute l'Europe et dans le monde"

"Il n'y a pas de paix sans justice, et "blanchir" à travers le sport un génocide comme celui qui est commis à Gaza, avec des milliers de morts, des enfants innocents et une famine déjà déclarée par les Nations Unies, est une position politique contraire à la Charte olympique et aux valeurs les plus fondamentales du sport."

Le CSD embraie en déplorant des sanctions à deux vitesses de l'instance international qui a banni les cyclistes russes de ses courses depuis 2022 et la guerre menée par leur pays en Ukraine. "À cet égard, il est surprenant de constater que votre déclaration ne formule à aucun moment de demande expresse au gouvernement Netanyahou de mettre fin aux massacres et à la barbarie dont souffre le peuple palestinien. Une réalité qui devrait nous inciter à agir avec la même fermeté qu'en 2022 face à l'invasion russe de l'Ukraine."

L'Espagne défend enfin sa capacité à accueillir de grands évènements sportifs. "J'ai lu dans votre déclaration publique que vous remettez même en question notre capacité d'organisation en tant que pays, alors que vous savez pertinemment qu'en Espagne, nous faisons les choses bien, avec succès et en toute sécurité. Les nombreux événements internationaux que nous avons déjà accueillis et que nous continuerons d'organiser témoignent amplement du bon travail du peuple espagnol. Le récent championnat d'Europe de descente cycliste à La Molina, la Copa Libertadores 2018, le Grand Prix de sport automobile et de moto, et les qualifications pour la Copa del Rey. La Coupe Davis d'hier entre l'Espagne et le Danemark ou la prochaine Coupe du monde 2030 avec le Portugal et le Maroc, ainsi que tant d'autres exemples de travail sérieux, efficace et de qualité, témoignent de notre formidable capacité d'organisation, reconnue dans toute l'Europe et dans le monde."

"Le dialogue et la compréhension, le sport comme passerelle de communication entre les nations, favorisant l'unité plutôt que la division, sont sans aucun doute un objectif que nous partageons. Mais n'oublions pas que, comme le disait Kant, 'la paix sans justice est la paix des cimetières'."

NC