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Un patron "ambassadeur auto-proclamé" mais "aucun lien" officiel: à quel point l'équipe Israel-Premier Tech est-elle proche du pouvoir israélien?

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Au cœur des tensions sur la Vuelta, avec des manifestations pro-Palestine quasi quotidiennes, la formation Israel-Premier Tech peut compter sur le soutien de Benjamin Netanyahu. Mais quels sont ses liens concrets avec le pouvoir israélien ?

Plus que trois étapes avant de refermer le livre d’une Vuelta pour le moins chaotique. Bien plus que le terrain sportif, articulé autour du duel pour la victoire finale entre Jonas Vingegaard et João Almeida, cette édition 2025 aura surtout été marquée par les manifestations pro-palestiniennes venues perturber quasi quotidiennement le bon déroulé de la course. Des manifestations appelant à l’exclusion (ou au retrait) de la formation Israel-Premier Tech, qui surviennent dans un contexte de grande tension entre Israël et l'Espagne, une des voix les plus critiques en Europe sur la situation à Gaza.

Le gouvernement de gauche de Pedro Sánchez a reconnu l'Etat de Palestine en mai 2024 et a récemment annoncé de nouvelles mesures destinées "à mettre un terme au génocide à Gaza". Cible des critiques, l’équipe Israel-Premier Tech, montée par le milliardaire israélo-canadien Sylvan Adams, a toujours maintenu qu'elle irait bien jusqu'à Madrid, dimanche. Et ce avec le soutien sans faille de Benjamin Netanyahu. "Bravo à Sylvan et à l'équipe cycliste d'Israël pour ne pas céder à la haine et à l'intimidation. Vous faites la fierté d'Israël", a ainsi écrit le Premier ministre israélien dans un message publié sur son compte X officiel, le 5 septembre.

Le patron d'Israel-Premier Tech se voit en "ambassadeur auto-proclamé d'Israël"

"Si on abandonne, ce sera la fin non seulement de notre équipe mais de toutes les autres aussi. Demain, ils vont protester contre les équipes de Bahrain, UAE et Astana. Il y aurait des boycotts sans fin", a de son côté déclaré Sylvan Adams, auprès du média israélien Sports Channel. Le mécène de 66 ans, qui se définit comme un "ambassadeur auto-proclamé d'Israël", a qualifié de "terroristes" les manifestants "parce que ce sont des gens violents", emplis de "haine". Mais alors quels sont les liens réels entre Israël et Israel-Premier Tech, qui reste une structure privée et non une équipe-Etat comme UAE Emirates par exemple ?

"Officiellement, il n'y a aucun lien entre Israël et l'équipe Israël-Premier Tech. C'est du moins ce que l'on nous dit. (...) Cette équipe a été créée pour promouvoir les cyclistes israéliens. Sylvan Adams nie catégoriquement travailler pour le compte du gouvernement, mais il souligne néanmoins qu'il tient à mettre en avant non seulement les cyclistes israéliens talentueux, mais aussi le meilleur d'Israël en général", précise dans un article de FranceInfo consacré au sujet, Simon Chadwick, spécialiste en géopolitique du sport. "Le sport est un outil très puissant de diplomatie, de projection du soft power, d'image de marque nationale, de gestion de l'image et de la réputation. À travers le cyclisme professionnel, Israël démontre très clairement que le pays s'engage également dans cette voie", dit-il.

"Sylvan Adams a contribué à financer l'équipe, un centre de formation et aussi un vélodrome. En 2017, il a d'ailleurs déclaré qu'il était là pour 'promouvoir la marque Israël'. On est vraiment dans du 'national branding', autrement dit comment valoriser un pays", ajoute auprès de FranceInfo Jean-Baptiste Guégan, également spécialiste en géopolitique du sport. Au cœur des tensions sur la Vuelta, Israel-Premier Tech a décidé de changer de nom pour ses prochaines courses. Elle courra sous le simple sigle d'IPT lors des Grands Prix de Québec vendredi et de Montréal dimanche afin de prévenir d'éventuels incidents comparables à ceux qui émaillent le Tour d’Espagne.

RR (avec AFP)