Giro: que faut-il attendre de la deuxième semaine?

Après une première vraie explication entre les favoris du Tour d'Italie ce dimanche, sur les pentes du Blockhaus où Jai Hindley s'est imposé devant Romain Bardet, il faudra attendre encore un peu pour retrouver la bataille des chefs. La deuxième semaine de course s'annonce surtout favorable aux sprinteurs et aux baroudeurs, même si la montagne sera au menu dimanche dans la région du val d'Aoste.
Si les coureurs vivent leur deuxième journée de repos ce lundi à Pescara, ils repartiront ce mardi le long de l'Adriatique. La 10e étape, longue de 196 kilomètres entre Pescara et Jesi, s'annonce indécise avec une montée pour puncheurs à l'entrée des 10 derniers kilomètres et un final en faux-plat montant. Sur le papier, le profil semble correspondre parfaitement aux qualités de Mathieu van der Poel et Biniam Girmay. Avec son équipe Intermarché-Wanty Gobert, l'Erythréen, qui dispute son premier Grand Tour, voudra sans doute distancer Arnaud Démare avant le sprint.
Car avec deux succès d'étape en première semaine, Arnaud Démare fait la course en tête au classement par points. Porteur du maillot cyclamen, le sprinteur français dispose de 27 points d'avance sur Girmay. Troisième de ce classement, Mark Cavendish a déjà 69 unités de retard mais ne semble pas en mesure de lutter pour ce maillot. Le Britannique de la Quick-Step visera sans aucun doute l'étape de mercredi, entre Santarcangelo di Romagna et Reggio Emilia.
Des nouvelles opportunités pour Démare
Le profil de cette onzième étape sera totalement plat, permettant en principe un nouveau sprint massif. Pas encore vainqueur, Caleb Ewan aura l'ambition de se reprendre alors qu'il a perdu un membre de son train (Rüdiger Selig) tout comme Mark Cavendish, qui va devoir composer sans Michael Morkov, le meilleur poisson-pilote du monde. L'Australien devrait en tout cas abandonner avant ce week-end, lui qui participera ensuite au Tour de France.
Jeudi, de Parme à Gênes, la route de la plus longue étape du Giro (204 km) franchira la chaîne des Apennins et comportera plusieurs montées et descentes qui pourraient s'avérer piégeuses en cas de relâchement. Pour les candidats à l'échappée, ce sera le jour idéal malgré les 30 derniers kilomètres relativement plats et un court passage sur l'autoroute à l'entrée de Gênes. En cas de sprint, un coureur comme Biniam Girmay pourrait encore profiter de l'absence de certains sprinteurs.
Le lendemain, la 13e étape, sensiblement plus courte (150 km) et moins accidentée, rendra hommage à Sanremo, cité du cyclisme et ville-départ cette fois. L'arrivée sera jugée au pied des Alpes piémontaises, à Cuneo, où l'hypothèse d'un sprint est crédible. Le sommet du Colle di Nava, principale difficulté de la journée, semble un peu loin de l'arrivée pour faire sauter quelques sprinteurs.
Un week-end musclé
Les organisateurs ont prévu un week-end musclé à défaut des cols historiques du Giro. Samedi, l'étape se voudra intense (147 km) et comportera deux montées des deux difficultés jouxtant Turin, le colle della Maddalena (3,5 km à 8,1 %) et surtout la colline de Superga (5 km à 8,6 %), avant l'arrivée jugée en ville. Les candidats actuels au classement de la montagne devraient se retrouver à l'avant. Actuel porteur du maillot bleu distinctif, Diego Rosa devra se méfier de coureurs comme Koen Bouwman et Lennard Kämna, qui ont déjà remporté chacun une étape.
Le terrain de jeu de la 14e étape pourrait se prêter à une bataille entre favoris si ceux-ci le décident mais ils auront certainement les yeux déjà rivés sur la 15e étape, dimanche. Les leaders auront rendez-vous dans le val d'Aoste pour rejoindre Cogne. Deux ascensions classées en première catégorie (Pila-Les Fleurs, puis Verrogne) précèderont la montée finale, très longue (22,4 km) mais roulante (4,3 % de pente moyenne) et peu propice sur le papier à une sélection entre les meilleurs du classement général.
Bardet se "méfie des jours à venir"
Dans le Blockhaus, trois hommes se sont montrés les plus costauds: Romain Bardet, Richard Carapaz et Mikel Landa. Mais bien aidé par la montée au train de Joao Almeida, Jai Hindley avait réglé un groupe de six coureurs où se trouvait aussi le vétéran Domenico Pozzovivo. Néanmoins, lors de la dernière incursion au Blockhaus en 2017, déjà à l'occasion de la neuvième étape, Nairo Quintana avait triomphé en solitaire mais il avait perdu le maillot rose le dernier jour au profit de Tom Dumoulin.
La première semaine a déjà permis d'y voir plus clair avec l'abandon de Miguel Angel Lopez ou la défaillance de Simon Yates. Vincenzo Nibali a perdu du temps et Tom Dumoulin est déjà hors du coup. Actuellement troisième du classement général, Romain Bardet assure que "tout va bien" mais se méfie des jours à venir. "Les quatre prochaines étapes peuvent comporter des pièges, il faudra rester attentif", a dit le Français en conférence de presse lundi en privilégiant l'étape de samedi (Turin), "plus dure que l'étape de montagne du lendemain". Il sera temps ensuite de penser à la dernière semaine, la plus exigeante et importante en vue du classement final, où d'ici là les états de forme de chacun évolueront sans doute.