"L'impression d'avoir été décapité": Virenque estime avoir été victime d’un coup politique de la gauche lors de l'affaire Festina

Vingt-sept ans... et l’amertume est toujours profonde. Dans une interview à Ouest-France, Richard Virenque (55 ans) est longuement revenu sur son exclusion du Tour de France 1998 après l’arrestation du soigneur de l’équipe, Willy Voet, avec le coffre de sa voiture chargé de produits dopants, dont de l’EPO, quelques jours avant le grand départ. Exclu du Tour de France comme le reste de son équipe, le recordman de maillots à pois sur la Grande Boucle (7) estime avoir été pris en exemple dans cette affaire Festina.
"On m’a sali à vie"
"Tout a été mis en place pour m’anéantir à tous les niveaux", explique-t-il. "Quand est arrivée l’affaire Festina, quand on a vu ce qui s’est passé après, toutes les années d’après, c’était bien la preuve que c’était l’affaire du cyclisme en général qui était malade et malgré tout, ils m’ont tout mis sur le dos et il a fallu que je paye très cher tout ça. Moi, j’étais au fond du trou et pendant que le cyclisme continuait, on m’a mis deux Tours de France à l’écart (1998 et 2001) dans une carrière qui est courte. J’ai eu l’impression d’être décapité. Ils m’ont fracassé. On m’a choisi, moi, pour expliquer le mal-être du vélo. J’ai refusé automatiquement d’être ce porte-parole, et on me l’a fait payer, tout simplement. C’était injuste, quelque part, que je sois sanctionné autant. On m’a sali à vie."
Deuxième du Tour en 1997, Virenque abordait l’édition 1998 dans la posture du principal outsider de l’Allemand Jan Ullrich, tenant du titre. Mais le Varois, à l’énorme cote de popularité, estime avoir été la cible d’un coup politique orchestré par la gauche, alors au gouvernement sous la présidence de Jacques Chirac, de droite, dans un climat de cohabitation entre partis rivaux.
"En septembre 1997, la gauche arrive au pouvoir et moi, je suis considéré comme un pro-Chirac"
"On était populaire, on avait la cote, on existait", explique-t-il. "Et on a beaucoup gêné. Et je vous rappelle aussi politiquement ce qu’on représentait, ce que je représentais. En 1997, je fais deuxième du Tour. Bernadette et Jacques Chirac étaient fans de Richard Virenque. Jacques Chirac a demandé à ASO (l’organisateur du Tour), pour 1998, d’avoir une étape en Corrèze, parce que c’était l’année où j’allais gagner le Tour. Mais en septembre 1997, la gauche arrive au pouvoir et moi, je suis considéré comme un pro-Chirac. Et l’affaire Festina démarre. Politiquement, qu’est-ce qu’on fait? On va s’occuper du poulain de Chirac… Et ils sont venus nous arrêter où? En Corrèze… L’affaire Festina avait démarré deux jours avant le Tour de France mais ils ont attendu une semaine qu’on soit chez Chirac, dans son village, pour me sortir du Tour."
Près de trois décennies plus tard, Virenque reconnaître s’être dopé mais au sein un système de consommation généralisé et presque institutionnalisé. Il estime avoir été celui à payer le prix le plus le plus fort. Seul coureur poursuivi, Virenque avait avoué s’être dopé lors de son procès en 2000. "J’ai tenu bon jusque-là, mais j’ai dû me mettre à table parce qu’on m’a fait du chantage", explique-t-il. "Si je parlais, il (le président du tribunal, M. Delegove, NDLR) m’avait dit qu’il ne me mettrait pas de condamnation pénale. Mais si je ne parlais pas, il me mettait une condamnation pénale. Je me suis alors dit ‘Bon, je vais prendre une suspension, ils vont me mettre 3-4 mois, ça va aller…’" Relaxé par la justice, il avait écopé de onze mois de suspension sportive et avait manqué le Tour de France 2000.