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Tour de France 2025: comment Van der Poel a failli réussir un immense exploit… inspiré par Vercher et Burgaudeau

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Parti de Chinon au kilomètre zéro avec son lieutenant Jonas Rickaert, Mathieu Van der Poel est passé tout près de la victoire sur la 9e étape du Tour de France, ce dimanche. Le Néerlandais et son équipe Alpecin-Deceuninck avaient imaginé ce plan la veille en s'inspirant de... Mathieu Burgaudeau et Mattéo Vercher.

Mathieu Van der Poel est décidément un personnage singulier. Un champion total capable de collectionner les classiques et les Monuments, un obstiné aux 55 victoires en carrière à même de sacrifier ses ambitions personnelles pour se muer en poisson-pilote de luxe sur la course la plus prestigieuse du monde, mais aussi un génie assez fou pour monter des scénarios brindezingues sous un soleil de plomb. Qui aurait pu l'imaginer se lancer dans une chevauchée de 174 bornes, ce dimanche, sur une 9e étape du Tour de France annoncée terriblement ennuyante ?

Parti de Chinon au kilomètre zéro avec son bras droit et ange-gardien Jonas Rickaert, l'astre néerlandais n'a été avalé qu'à 700 mètres de la ligne par une meute d'affamés. Un numéro d'un autre temps à une époque où plus personne ou presque n'ose se porter à l'avant sur des tracés promis aux sprinteurs. Van der Poel, lui, n'a pas hésité. "On a proposé un beau spectacle. Il y de la déception, oui, un peu, mais pas de regrets. Rickaert rêvait d'aller sur le podium pour le prix du meilleur combatif et moi je voulais l'aider. C'était une belle journée à deux", racontait à l'arrivée le petit-fils de Raymond Poulidor.

Van der Poel inspiré par Burgaudeau et Vercher

C'est samedi soir que les Alpecin-Deceuninck se sont mis à tête de monter ce plan dément. Avec comme inspiration… Mathieu Burgaudeau et Mattéo Vercher. Car oui, c'est la longue échappée menée lors de la 8e étape par les deux copains de TotalEnergies qui a convaincu Van der Poel et Rickaert qu'il y avait un petit truc à tester pour renverser la table. "Mathieu m'a dit : 'On y va tous les deux ?'. Je lui ai demandé s'il était sérieux et il semblait l'être. Au final on a presque réussi !", s'amusait le Belge. En voyant les deux fuyards dégainer d'entrée, on a d'abord pensé qu'ils visaient le sprint intermédiaire au km 24 en vue du maillot vert.

Mais le duo a poursuivi son effort pour s'engouffrer dans un long raid et l'écart est dangereusement monté jusqu'à 5'35'' avant que les formations de sprinters ne se décident à durcir le rythme à l'approche de Châteauroux. "C'était l'objectif de l'équipe d'être dans l'échappée. On s'attendait à ce que d'autres équipes tentent aussi. Il n'a pas manqué grand-chose à Jonas et Mathieu. Tout d'un coup, quasiment tout le peloton s'est mis à les chasser, ça m'a un peu surpris, alors qu'il n'y a peut-être que deux coureurs capables de gagner un sprint massif ici", regrettait le rouleur suisse Silvan Dillier, passablement déçu pour ses deux amis.

"Il a des nouvelles idées tous les jours"

Lâché à six kilomètres du but par un Rickaert assommé par la chaleur et totalement occis, Van der Poel a tenu bon jusqu'à la flamme rouge. "On voulait faire quelque chose de spécial", rejouait Christoph Roodhooft, manager général d'Alpecin-Deceuninck. "Quand tu n'essaies pas, tu ne sais jamais. On a essayé à bloc. Demain, il n'y aura rien à faire pour nous. Donc il fallait tenter aujourd'hui. C'est quand même le Tour de France. Oui, sur le papier, c'était une étape pour les sprinteurs. Mais c'est toujours possible de faire autre chose. Hier, on a vu les deux gars de Total essayer. Et aujourd'hui, c'était incroyable à voir." Un peu moins pour les sprinteurs qui ont bien cru se retrouver fanny.

"Bien sûr qu'ils auraient pu aller au bout. Avec Van der Poel et Rickaert, tu ne sais jamais. Sur des routes étroites comme ça, avec des risques de bordure, la chaleur… On l'a vu, Van der Poel n'a été repris que dans le dernier kilomètre", confirmait Tom Steels, directeur sportif de Soudal Quick-Step, sauvé in extremis par la deuxième victoire sur ce Tour de Tim Merlier. Vainqueur à Boulogne-sur-Mer, porteur quatre jours du maillot jaune, dynamiteur en chef ce dimanche, Van der Poel semble lui sur un nuage depuis le grand départ de Lille, un élément de plus à ajouter à sa drôle d'histoire avec le Tour.

"C'est la première fois qu'il s'amuse autant", constate Jérôme Coppel, ancien coureur et consultant pour RMC. "Il est ultra concerné, il joue tous les coups à fond. Il a une totale liberté et c'est bien sûr lié à l'abandon de Jasper Philipsen (lors de la 3e étape). On a l'impression qu'il a des nouvelles idées tous les jours, il se régale. Aujourd'hui, il a bien failli réussir l'un des exploits les plus énormes de ces dernières années." Que tout le monde soit rassuré : avec Van der Poel, ce n'est a priori que partie remise.

Rodolphe Ryo, à Châteauroux